Surfacturation. Opacité dans l’information conduisant à une absence de rapport. Marchés signés mais non exécutés. A bien des égards, l’environnement autour des marchés publics au Gabon reste un magma illisible. Engloutissant des milliards de FCFA pour des résultats peu visibles, ces marchés publics attirent de plus en plus l’attention des partenaires techniques et financiers, qui entendent bien y faire la lumière.
Selon les mots de Patrice Inguila, Secrétaire général du ministère du Budget et des Comptes publics, « plus de 200 marchés ont été signés, mais aucune exécution à deux mois de la clôture de l’année budgétaire 2021 ». En d’autres termes, pour la seule année 2021, en plein audit des dettes intérieures et extérieures, le gouvernement a engagé de nouveaux fonds pour un ensemble de marchés publics, le tout sans qu’aucun rapport ni aucune information sur lesdits marchés, n’ait été rendu public.
En effet, alors qu’il s’était engagé à publier un ensemble d’informations financières notamment à travers la banque de projets d’investissements annoncée il y a deux ans, le gouvernement semble une nouvelle fois se recroqueviller dans une opacité dans laquelle il est passé maître. Toute chose ayant conduit les partenaires techniques et financiers dont le Fonds monétaire international (FMI), à vouloir faire la lumière sur ces passations de marchés publics sous fond de nouveaux « dérapages budgétaires substantiels ».
Mêlant surfacturations, à l’image de l’axe pk5-pk12 en 2×2 voies qui aurait coûté 10 milliards de FCFA le kilomètre alors même que le prix moyen d’un kilomètre à Libreville varie entre 800 000 millions et 1 milliard de FCFA (ce qui est déjà énorme), et autres manoeuvres visant au final à spolier des populations de plus en plus précarisées, ces marchés publics devraient donc être scrutés par les partenaires techniques et financiers. Ces derniers attendant que le gouvernement publie la liste complète des entreprises adjudicataires ainsi que la dénomination et la nationalité de leurs responsables.
A l’heure où le pays, deuxième plus endetté de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), peine à se remettre de la gestion peu optimale de ses gouvernements successifs, ces nouvelles exigences du Fonds qui devraient fort logiquement aboutir à des restrictions dans le décaissement du nouvel appui budgétaire conclu en juillet dernier, devraient rendre un peu plus difficile la vie des Gabonais. Notamment celle des Gabonais Économiquement Faibles (GEF), laissés pour compte dans une économie de plus en plus capitaliste.