Le Parlement européen a donné le 14 décembre son feu vert pour la mise en œuvre du nouveau protocole à l’Accord de partenariat de pêche durable (APPD) d’une durée de cinq et d’une valeur globale d’environ 17 milliards de francs CFA, signé entre le Gabon et l’Union européenne le 10 février dernier.
Six semaines après l’approbation de la commission de la pêche du Parlement européen pour le nouveau protocole à l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l’UE et le Gabon, le tour est revenu le 14 décembre au Parlement européen tout entier de donner son feu vert à cet accord de pêche, qualifié de partenariat de nouvelle génération dans le domaine de la pêche durable avec le Gabon jusqu’en 2026.
Selon les confrères de Cinktank, l’accord a abouti avec 478 voix pour, 148 contre et 71 abstentions et garantit des possibilités de pêche dans les eaux gabonaises à 33 navires européens, à savoir 27 thoniers senneurs, six thoniers et quatre chalutiers français et espagnols, qui pêcheront le thon dans les eaux gabonaises pour les 5 prochaines années, en l’échange d’une contribution financière totale de l’UE de 13 millions d’euros, soit 2,6 millions par an au Gabon, en soutien technique et économique pour promouvoir une politique de pêche durable dans le pays. «L’accord offre de meilleures incitations pour lutter contre la pêche illégale et renforce la coopération dans l’exploitation responsable des ressources halieutiques », a déclaré le député européen du Parti nationaliste basque (PNV), Izaskun Bilbao.
Un accord préoccupant pour les écosystèmes marins et les communautés côtières
Si la Commission européenne prétend que l’accord garantira le respect des valeurs fondamentales de sa politique commune de la pêche, pour le groupe des Verts-ALE au Parlement européen et les membres de Brexit Watch, le Gabon fait une énorme erreur en signant ce nouvel accord de pêche avec l’UE. «Ce que l’UE veut dire, c’est qu’ils ont l’intention de pêcher les eaux asséchées du Gabon. Ils emmèneront au Gabon leurs bateaux de pêche de taille industrielle et détruiront leur environnement local», a déclaré l’ancien député européen et président de Brexit Watch, Ben Habib chez nos confrères de l’Express.co.uk.
Ce dernier a lancé à l’endroit du gouvernement gabonais un avertissement ferme, insistant sur le fait que cela finirait mal pour le Gabon. « Ne faites pas ça. Retirez l’UE de vos eaux où ils enlèveront votre poisson. Tous. Les Gabonais sont sur le point de le découvrir à leurs dépens. Le tout pour un dérisoire 2,6 millions d’euros par an ».
L’eurodéputée du groupe Europe Ecology, Caroline Roose, a fait part de ses inquiétudes quant à l’impact que quatre chalutiers de l’UE, ainsi que d’autres navires, auront sur les écosystèmes gabonais. «Cet accord constitue une menace pour les populations de poissons et les écosystèmes marins. Bien que la plupart des populations de poissons sont surexploitées ou non évaluées dans la région du Gabon, l’accord permet à 4 chalutiers de fonds de mener des (pêches exploratoires ). Les études scientifiques sont pourtant très claires : ces engins de pêche ont des impacts dévastateurs sur les fonds marins et les captures accidentelles d’espèces non ciblées », a-t-elle indiqué.
Elle estime que cet accord ne profite pas aux populations locales. «Du fait du manque d’infrastructures pour le débarquement et les activités de transformation du poisson, les thons pêchés ne seront pas débarqués au Gabon. La valeur ajoutée pour les Gabonais est donc très faible et l’accord profite surtout aux industriels européens ». Le tonnage de référence convenu à 32 000 tonnes annuelles entre les deux parties fait du Gabon, le deuxième partenaire de l’UE en matière de pêche thonière.