Ce samedi 13 novembre courant, les congressistes seront appelés à choisir entre deux listes : celle conduite par Paulette Missambo et, l’autre, cornaqué par Paul-Marie Gondjout. Ces assises marqueront la fin d’une gouvernance précautionneuse et surannée.
L’Union nationale (UN) entre deux âges. Longtemps attendu, reporté à plusieurs reprises, son congrès électif se tient demain, samedi 13 octobre. Durant ces assises, les congressistes seront appelés à choisir entre deux listes : celle conduite par Paulette Missambo et, l’autre, cornaqué par Paul-Marie Gondjout. Pour les quatre prochaines années, l’UN sera-t-il un «parti citoyen» ou un «parti de progrès et de modernité» ? Il leur appartiendra de répondre. Au-delà de l’identité du prochain président, cette journée marquera la fin d’une ère. Nonobstant la composition de l’équipe victorieuse, elle sonnera la fin d’une gouvernance précautionneuse et surannée. Pour cette formation politique, elle constituera un tournant majeur.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts
Certains rappelleront l’existence de liens matrimoniaux entre Paul-Marie Gondjout et Zacharie Myboto. Ils auront tôt fait de présenter le premier comme le faux-nez du second. Au vu des dernières déclarations du second, ils pourront même les soupçonner d’agir l’un par délégation, l’autre par procuration. D’autres se souviendront avoir vu Paulette Missambo et Zacharie Myboto siéger synchroniquement au gouvernement. Il s’en trouvera, peut-être, pour présenter les trois protagonistes comme les héritiers de la culture politique jadis incarnée par Omar Bongo Ondimba. Mais cela ne changera rien au fond de l’affaire : par leur vote, les congressistes tourneront la page de 10 années d’une certaine pratique politique. Peu importe le vainqueur, plus rien ne sera comme avant. N’ayant aucun intérêt à reproduire les schémas en vigueur, le prochain président devra imprimer sa marque.
Certes, en décembre 2020, Paul-Marie Gondjout n’eut pas beaucoup de gêne à user de méthodes similaires à celles du Parti démocratique gabonais (PDG). Certes, le président sortant prît publiquement fait et cause pour lui, laissant le sentiment d’être acquis à une «succession dynastique» ou de tenir l’UN pour un patrimoine familial. Certes, Paulette Missambo avait semblé peu disposée à une lutte frontale, feignant même d’y aller à reculons. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Face à notre consœur Denise Epoté, l’actuel secrétaire exécutif adjoint avait formulé deux objectifs principaux : «Faire grandir le parti» et «être le lien entre les générations.» Au cours de ses rencontres avec les délégués, l’actuelle vice-présidente n’a eu de cesse de décliner son projet : «Décoloniser la province pour redonner plus de pouvoir aux coordinations», «faire plus de place aux femmes et aux jeunes» et, «être au rendez-vous des prochaines échéances électorales pour impulser une dynamique de changement et d’alternance au sommet de l’Etat.»
Regrets
Dans leurs analyses de la situation, les deux têtes de liste se rejoignent sur un point : la faiblesse des résultats électoraux de leur parti, pas toujours à la hauteur des attentes. Encore moins des espoirs suscités. A deux ans de la prochaine présidentielle, ils disent vouloir corriger le tir. Dans la perspective des élections locales de 2023, ils affichent l’ambition de mobiliser des énergies d’origines diverses. En vue des législatives de la même année, ils affirment devoir faire émerger de nouveaux talents. Cela suppose dépasser le management pour renouer avec le leadership, naguère incarné par André Mba Obame. Si elle veut accroître ses chances de réussite, la prochaine direction de l’UN devra allier sens de l’écoute, humilité, transparence et ouverture. En adoptant de tels principes, en les plaçant au cœur de sa gouvernance, elle prendrait le contrepied de l’équipe sortante. Indirectement, elle solderait les années Myboto.
L’avenir de l’UN reste à inventer. Même si Paulette Missambo est la seule à le dire, le prochain président devra tirer les conséquences du passé. Pour l’heure, nombreux parmi les militants nourrissent des regrets. S’ils lui savent gré d’avoir obtenu la réhabilitation, après quatre ans d’intense lobbying, ils ne s’expliquent pas certaines décisions. S’ils tiennent rigueur aux tenants du boycott des élections couplées d’octobre 2018, ils se demandent pourquoi leur ancien président se montre-t-il bienveillants avec ces derniers. Au vu de ces angles morts, ils en arrivent à construire toutes les hypothèses, à croire en toutes les explications, y compris les plus alambiquées. Dans ce contexte, le prochain président aura du pain sur la planche. Avant toute chose, il devra s’atteler à une tâche : reconstruire la confiance.