Maintes fois reporté, le congrès de l’Union nationale, parti d’opposition, devrait, sauf surprise de dernière minute, se dérouler samedi 13 novembre. Deux clans se déchirent sous fond de succession au patriarche, Zacharie Myboto.
Entre les deux candidats à la présidence de l’UN, Paul-Marie Gondjout et Paulette Missambo, le torchon brûle. Au risque de mettre le feu au parti, mais aussi à la famille Myboto qui le dirige depuis sa création et finalement au reste de l’opposition ?
« Même s’il ne s’implique pas directement, Zacharie Myboto penche pour Paul-Marie Gondjout et Chantal, sa fille. Il a encore de l’influence et son avis compte évidemment beaucoup dans les instances », écrit dans un article publié récemment Jeune Afrique, rapportant les propos d’un membre du bureau du parti.
Paulette Missambo a, de son côté, fait une « prise de guerre » importante : Éric Myboto, le fils du patriarche et frère cadet de Chantal Myboto, l’épouse et premier soutien de Paul-Marie Gondjout.
« Cela n’a pas plu du tout du côté de la liste Gondjout, car Zacharie Myboto se retrouve avec de la famille très proche des deux côtés », rapporte un cadre du parti. « Aujourd’hui, ce n’est plus seulement l’UN qui risque d’imploser. Mais également la famille Myboto », confie, inquiet, l’un des oncles de Chantal.
Victoire à la Pyrrhus
« Quelque soit le vainqueur au final, ce sera une victoire à la Pyrrhus », prédit un professeur de science politique de l’UOB. « La campagne interne, émaillée de petites phrases et de gros tacles, va laisser des traces. Elle a mis en évidence les divisions profondes qui traversent cette formation politique dont le seul ciment était finalement son fondateur Zacharie Myboto », explique l’universitaire.
Mais la guerre de succession fratricide au sein de l’UN pourrait faire une troisième victime : l’opposition dans sa globalité. Que ce soit Paul-Marie Gondjout ou Paulette Missabo, l’UN aura bien un candidat à l’élection présidentielle de 2023. Sachant que plusieurs opposants ont indiqué qu’ils avaient la ferme intention eux aussi de se présenter (Charles Mba, Mike Jocktane…) et que d’autres le seront aussi même s’ils ne se sont pas encore officiellement déclarés (Alexandre Barro Chambrier, Jean Ping, Guy Nzouba-Ndama…), l’opposition risque purement et simplement de se retrouver battue dès le premier tour. A l’image de ce qui s’était largement passé lors des élections législatives d’octobre 2018.