En lice pour prendre la présidence de l’Union Nationale, Paulette Missambo y tient en attendant le Congrès qui va élire le nouveau patron de cette formation politique de l’opposition gabonaise. Présider aux destinées de ce parti, elle y croit. Son portrait ici ( Source Top Infos Gabon).
Fille d’un notable de Lastourville, parti chercher du travail à Port-Gentil, elle a passé sa plus tendre enfance aux côtés de ses grands-parents, avant de rejoindre ses parents à l’âge de six ans. Elle sera élevée comme un garçon. « J’ai grandi au village », aime-t-elle à dire, précisant aussitôt : « Convaincu qu’il n’aura plus de garçon, mon père avait décidé de faire comme si j’en étais un ; mon frère est né 16 ans plus tard. J’ai passé beaucoup de temps avec lui au corps de garde. Je suis donc pétrie de culture traditionnelle. »
Un parcours scolaire exemplaire
C’est à l’école et sous l’influence des religieuses que la trajectoire sociale de Paulette Missambo va se dessiner. Ayant commencé par l’école Saint-Louis de Port-Gentil, elle passe ensuite par le pensionnat du Val-Marie à Mouila, avant d’atterrir au collège Bessieux, tout en étant admise à l’internat de l’Immaculée conception de Libreville.
En 1970, elle obtient son baccalauréat, série D (mathématiques et Sciences naturelles). Elle ambitionne alors de poursuivre des études médecine au Canada. Mais, l’État l’oriente plutôt en Chimie-biologie-géologie (CBG) à l’Université Nationale du Gabon (UNG, devenue Université Omar Bongo en 1978). Voulant rester maîtresse de son destin, cette forte tête se rebelle. Elle s’inscrit à la Faculté de lettres et sciences humaines (FLSH). En 1972, elle se marie et part pour l’Université de Lille III en France. Elle en sort avec un diplôme d’études approfondies (DEA, à peu près équivalent du Master 2 dans le système LMD) en linguistique française. Elle rentre ensuite au Gabon où elle est recrutée comme assistante au département de Lettres de l’UOB. Elle y crée le Café Littéraire, espace d’échange entre enseignants, tout en préparant sa thèse de doctorat. Un projet qu’elle ne mènera pas à bout puisque l’État la renvoie en France pour une formation d’inspecteur pédagogique.
Carrière politique ; une aptitude pour le débat
La carrière de Paulette Missambo a été marquée par l’apprentissage, le débat démocratique et l’engagement politique. Durant ses études, elle milite au sein de l’Association générale des étudiants gabonais (AGEG). Plusieurs personnalités politiques, tous bords confondus, se souviennent encore de ses prises de position et de l’âpreté de leurs échanges. À plusieurs reprises, cette aptitude au débat lui a été d’une grande utilité. En 1990, au plus fort de la lutte pour le changement démocratique, elle participe à la Conférence Nationale comme auditrice libre. À l’entame des travaux, elle est élue au bureau, avant d’être désignée rapporteur général. À la fin de cet événement, qui marquera à jamais l’histoire de notre pays, elle est nommée ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. À cette fonction, elle conduit la réforme du Statut général des fonctionnaires, régularise les situations administratives, supprime les soldes fonctionnelles et baux administratifs. Si ces réformes sont saluées par les forces de progrès, les réactionnaires l’accusent d’avoir touché à leurs privilèges. N’empêche, son bilan lui vaudra d’être envoyée au ministère de l’Éducation Nationale où elle va conduire la plus grande opération de construction d’écoles et établissements scolaires de ces 40 dernières années.
« Je me suis construite moi-même… »
Dame de poigne, au caractère bien trempée, Paulette Missambo est aussi réputée pour son port altier et son élégance vestimentaire. Présentée comme une "bosseuse", elle a toujours affirmé croire au mérite autant qu’elle combat les privilèges de naissance ou de classe sociale. "J’ai eu une carrière heurtée*, lançait-elle du haut de la tribune du congrès de l’Union Nationale le 07 décembre 2020, ajoutant, sous les vivats de l’assistance : "Je me suis construite moi-même et non par délégation de quelqu’un." "Chacun sait quel a été mon parcours. Les compagnons qui m’ont proposée avaient raison", tranchait-elle, quelque peu remontée, soulignant : "L’Union Nationale s’est créée dans des conditions particulières et nous avons tous consenti des sacrifices. J’y ai toujours donné le meilleur de moi-même."
Effectivement, démissionnaire du Parti démocratique gabonais (PDG) en juin 2009, pour protester contre le trucage des délibérations au bénéfice d’Ali Bongo, elle a été de tous les combats et de toutes les luttes pour le rayonnement de ce parti. Présidente de la commission de rédaction des textes (statuts et règlement intérieur), elle a présidé le congrès ordinaire de mars 2016 et le congrès extraordinaire de juillet 2016. Elle a aussi été de toutes les luttes sociales, notamment aux côtés des femmes commerçantes malmenées puis transportées nues par des agents de police. C’est dire si elle croit en l’homme, en la dignité humaine et aux droits fondamentaux. Directrice adjointe de campagne du candidat unique de l’opposition lors de la présidentielle d’août 2016, elle a ensuite présidé le Dialogue national pour l’alternance organisé à l’initiative de Jean Ping.
Son ambition pour l’Union Nationale
Alors quel programme à la tête de l’Union Nationale pour Paulette Missambo ? Présentant son équipe, elle a récemment affirmé : *_"Rassembler pour Reconstruire ? Telle est l’essence de mon projet. Faire de l’Union Nationale un parti de Progrès et de Modernité ? Tel est le dessein légitime de mes compagnons, de tous ceux qui ont manifesté leur détermination à faire cause commune avec moi. Faire de l’Union Nationale un grand parti, implanté sur l’ensemble du pays, capable de participer à toutes les élections, d’avoir au moins un prétendant sur chaque siège et d’impulser une dynamique d’alternance au sommet de l’État ? Telle est l’ambition historique de nos militants. Si nous menons, ensemble, le combat qui passe d’abord, par une élection interne sincère, tout cela pourra devenir possible à l’échéance 2023. Notre prochain Congrès Extraordinaire peut ouvrir des horizons à la hauteur des aspirations et des sacrifices de notre base. C’est tout le sens de ma candidature et de celles de mes compagnons."
Plus simplement, elle veut "décoloniser la province pour donner plus de pouvoir et d’autonomie aux organes locaux", "offrir aux femmes et aux jeunes de nouvelles perspectives en les plaçant au cœur de l’activité militante", "préparer le parti à affronter les trois grandes échéances de 2023 ; législatives, locales et présidentielle."