Le 5 novembre, représentants d’élèves et ceux de la société Trans’Urb ont donné leurs versions des faits sur les circonstances du décès de l’élève de Tle CG3 du Lycée technique national Omar Bongo (LTNOB). Si elles se ressemblent dans le fond, les responsabilités restent à déterminer tant il y a eu mort d’homme. Le ministre de l’Education nationale a annoncé qu’il saisira les ministres de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense et des Transports. Il promet d’aller jusqu’au bout pour situer les responsabilités et invite chacun à tirer les conséquences de cette tragédie.
Reconnus pour leur tempérament plutôt chaud, les élèves du Lycée technique national Omar Bongo (LTNOB) dit Capo, se disent mal aimés par les policiers et les chauffeurs de Trans’Urb qui n’hésitent pas à les réprimer même lorsque ce n’est pas nécessaire. «Même si on chante seulement pour animer le bus sur le chemin de l’école, les chauffeurs de Trans’Urb nous amènent dans des postes de police ou de gendarmerie. Les policiers n’hésitent pas à nous torturer», affirment ces élèves qui décrivent un climat tendu entre eux et les deux autres parties.
Si pour eux, le décès de leur camarade le 29 octobre apparaît comme la résultante de ce climat, au cours d’une rencontre avec le ministre de l’Education nationale, le 5 novembre, un colonel de police a voulu les rassurer et partant l’opinion. «Il n’y a pas de désamour entre la police et les élèves», a-t-elle déclaré.
Trans’Urb a pris seule la responsabilité de faire punir les élèves
Lors de cette rencontre où Patrick Mouguiama-Daouda a donné la parole aux différentes parties, le responsable sécurité et sureté de Trans’Urb a dit avoir donné des consignes aux chauffeurs. «En tant que chargé de la sécurité, je leur ai toujours dit qu’en cas de débordement donc d’altercation dans le bus, arrêtez-vous à un check-point de police ou de gendarmerie», a-t-il déclaré. Les chauffeurs y ont perçu un ordre de conduire les élèves au commissariat lorsqu’ils se sentent inquiétés ou blessés dans leur amour propre.
Ce qui expliquerait la décision prise par le chauffeur du bus qui a tué l’élève de Capo, celle de conduire les élèves à un commissariat afin que les élèves qui y sont montés plus que prévu, soient corrigés, même si il n’y a eu aucune altercation dans le bus. Le hic ? Les responsables d’établissement et la tutelle n’étaient pas au courant de cette approche de Trans’Urb.
«Ce n’est que la semaine dernière qu’on a appris que Trans’Urb qui transporte nos élèves, les conduit dans les commissariats», a déclaré le proviseur du Lycée technique. «Vous n’avez pas, Trans’Urb, à prendre des décisions unilatéralement. Vous n’avez pas compétence pour ça», a dit le ministre de l’Education nationale. Comment comprendre que les élèves sur le parcours scolaire, soient systématiquement amenés à la police pour être corrigés sans que les responsables des établissements et la tutelle de soient informés ? Trans’Urb ignore-t-elle ses limites ?
«La vérité sera rétablie par la poursuite de l’enquête»
Comme l’a rappelé Patrick Mouguiama-Daouda, toute sanction obéit à une procédure. Trans’Urb n’a pas le droit de sanctionner ses passagers. Pourtant, détourner un bus, l’amener à un commissariat pour y faire punir des élèves, fussent-ils trop agités, est une sanction. «Je vais saisir le ministre des Transports, celui de la Défense, celui de l’Intérieur et le ministre de la Justice pour que définitivement des procédures soient mises en place pour le transport des élèves», a-t-il déclaré. «Tout le monde va être entendu, les responsabilités vont être établies. On ira au bout de cette enquête», a poursuivi le ministre qui a tout aussi regretté les dérives des élèves. «Vous montez dans les bus dans un contexte particulier, mais la vie ce n’est pas un jeu» leur a-t-il dit, invitant chacun à tirer les conséquences de cette tragédie.
Au-delà du procès-verbal de Trans’Urb, le chauffeur qui n’avait pas, jusqu’au 5 novembre, fait sa déposition à la police a été sommé de la déposer sans délais pour que l’enquête soit mise en branle. Une plainte devrait être déposée contre Trans’Urb pour que les responsabilités soient clairement situées et le ministère de l’Education nationale pourrait se constituer partie civile. «Ce que nous avons l’obligation de faire, c’est que la vérité soit rétablie. Elle sera rétablie par la poursuite de l’enquête, par la poursuite du ministère par rapport à l’enquête, par des communiqués qui seront faits», a déclaré Patrick Mouguiama-Daouda.