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Nouveau Sommet Afrique-France : Une ère du renouveau ?
Publié le jeudi 30 septembre 2021  |  Gabon Review
Ouverture
© aLibreville.com par AS
Ouverture du 27è sommet Afrique France
Bamako, le 13 janvier 2017 au CICB. En prélude à la rencontre des Chefs d`Etats africains et français du 14 janvier, les ministres des affaires étrangères ont procédé à l`ouverture du Sommet de Bamako.
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Prévue à Montpellier du 7 au 9 octobre prochain, cette rencontre nourrit officiellement une ambition : «Offrir un nouveau cadre de réflexion et d’action aux nouvelles générations.» Même si personne n’ose le dire, elle a prétention à signer l’acte de décès de la Françafrique, ce système «hostile à la démocratie, (générateur d’une) confusion des genres et (d)’ une familiarité domestique louchant vers la privauté», selon la définition de François-Xavier Verschave. Normalement, la réflexion devrait tourner autour de quatre points : la politique occulte conduite par la cellule africaine de l’Elysée ; la pertinence de l’assistance technique ; l’ingérence, politique ou militaire, dans les affaires intérieures des Etats et ; les liens financiers entre certains régimes et les partis politiques français.

Pratiques peu honorables

Censé «redynamiser les relations entre l’Afrique et la France», ce sommet est présenté par son principal organisateur, Benoît Verdeaux, comme «nouveau.» D’abord en raison du profil des participants : des «forces vives (c’est-à-dire) la société civile, les entrepreneurs» d’un âge tournant «autour de 30-35 ans» et peu engagés «dans l’action politique.» Ensuite par les thèmes en débat : l’éducation et l’enseignement supérieur, notamment les mobilités ; l’entrepreneuriat et l’innovation ; la construction d’un «imaginaire commun (…) par le renforcement (des) liens mémoriels» ; le rôle de la France dans la transition climatique et ; la «refondation de (l)’aide au développement au profit d’une relation partenariale.» Enfin par le format : 66 ateliers préparatoires organisés par le politiste camerounais Achille Mbembé à travers 12 pays et, un engagement d’Emmanuel Macron à «répondre très directement et sans filtre» aux questions relatives à la démocratie. En clair, la France espère «inventer la co-construction» en se gardant des «attitudes de surplomb.» Elle entend parvenir au «dialogue réel» en renonçant aux «exercices de démonstration de puissance.» Séduisant ou lénifiant ? L’avenir tranchera…

Abondamment documentée, la relation France-Afrique se singularise par ses aspects néocoloniaux. Comme le rappelle l’ancien président de l’association Survie, dès après les indépendances, «un système a été mis en place pour continuer comme avant.» Fonctionnant en réseau, il a permis la captation des richesses au bénéfice de l’ancienne puissance coloniale et de quelques élites africaines, pompeusement appelées «amis de la France.» Tout cela s’est traduit par l’usage de pratiques peu honorables : élimination de personnalités jugées gênantes ou trop éclairées, reconnaissance des résultats de scrutins notoirement truqués, interventions militaires… Sous prétexte de stabilité politique, la France a fabriqué puis soutenu des dictatures. Sous le manteau de la lutte contre le communisme, elle a accompagné des régimes moyenâgeux. A travers des intermédiaires officieux, elle a aidé à la confiscation de plusieurs victoires électorales, déniant aux peuples le droit à l’alternance démocratique. Il en a résulté un «sentiment anti-français», particulièrement au sein des générations post-indépendances.

Renouer avec les valeurs et principes

Face à un tableau si peu reluisant, le Nouveau Sommet Afrique-Afrique aura une lourde tâche : combler les lignes de fracture nées de l’incapacité de Paris à s’adapter aux défis de l’époque. Pour l’heure, les actes démentent les discours. A en juger par la bienveillance à l’égard d’un Paul Biya ou d’un Denis Sassou Nguesso, réélus au terme de parodies d’élections, les «amis de la France» peuvent continuer à s’accrocher au pouvoir, confisquant les destins de peuples entiers. A considérer le soutien d’Emmanuel Macron à la junte militaire conduite par Mahamat Idriss Déby, leurs rejetons peuvent espérer leur succéder, y compris en triturant les constitutions ou en usant de la force armée. Or, pour «répondre aux interrogations de la jeunesse», il faut aborder la question de fond : la gouvernance démocratique. Pour «créer un espace de dialogue orienté vers l’avenir», il faut y apporter des réponses concrètes. Attendue sur point, la France ferait mieux de ne pas se débiner.

Pour autant, il ne saurait être question de légitimer l’interventionnisme français. Encore moins de lui donner une nouvelle forme ou de nouvelles missions. Il s’agit plutôt de sortir de la logique du profit à tout prix pour renouer avec les valeurs et principes. L’Etat de droit, la transparence, l’inclusion et la responsabilité ne doivent plus être de gros mots. Ils doivent devenir les boussoles de la relation France/Afrique. Aux relations entre personnalités françaises et «amis de la France», il faut substituer des échanges entre peuples. Dans l’identification des besoins ou des points d’application des accords, les acteurs non étatiques doivent jouer les premiers rôles. A ces conditions, le Nouveau Sommet Afrique-Afrique pourrait ouvrir une ère du renouveau. Vingt-et-un an après La Baule et le célèbre discours de François Mitterrand, il peut être temps d’aller au-delà des bonnes paroles.
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