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Événements d’Okondja : Le triomphe du particularisme
Publié le lundi 30 aout 2021  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Une vue de la ville d`Okondja
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S’attaquer aux droits et libertés d’autrui en prétendant défendre les siens, c’est créer les conditions d’une application différenciée de la loi.

Peu importent les justifications, leur objectif est connu : faire de cette province la chasse gardée du Parti démocratique gabonais (PDG) pour, le cas échéant, s’en servir comme variable d’ajustement des résultats électoraux. Pour ainsi dire, les actes de vandalisme enregistrés le 22 août courant visaient à transformer Okondja en donjon et le Haut-Ogooué en château fort. De l’avis général, l’incendie de la résidence de Jean-Pierre Lemboumba Lepandou envoie un message clair : les originaires de la contrée sont tenus de militer au PDG et nulle part ailleurs. Quant aux stratagèmes visant à empêcher la tournée d’Alexandre Barro-Chambrier, ils édictent un principe nouveau : la territorialité des droits civils et politiques. En clair, le droit d’aller et venir, le droit à la sûreté, le droit à la liberté d’expression et de réunion et, le droit à la liberté d’opinion, sont opposables partout sur le territoire national sauf… dans le sud-est. Simplement abscons !

Libres et égaux en droit

Visiblement acquis au particularisme, des vandales ont cru devoir se protéger d’une lecture différente de la leur. De leurs agissements se dégageait une conception erronée du jeu politique et des principes démocratiques. En dégoulinait une compréhension hérétique de la République et de ses fondamentaux. Malheureusement, certains zélotes n’ont pas manqué de voler à leur secours. Selon eux, ces mesquineries avaient pour but de défendre les arrières du PDG et d’Ali Bongo en évitant de «livrer ce fief politique à un indésirable.» Autrement dit, les «vassaux» avaient le devoir d’engager des «politiques qui (…) garantissent le maintien de (l’) hégémonie (du pouvoir en place) dans (cette circonscription).» Entre silences volontaires et interprétations spécieuses de notions héritées de l’Ancien Régime, cette rhétorique hasardeuse relève d’un autre âge.

Les hommes étant libres et égaux en droit en République, il n’y a ni vassaux ni suzerains. Les militants étant avant tout des citoyens, ils jouissent de la liberté de décider en âme et conscience. Or, en indiquant aux militants PDG une ligne de conduite, on leur a dénié le droit à la liberté d’opinion. Comme s’ils n’avaient connaissance des valeurs de leur formation politique, comme s’ils n’ont jamais subi de formations internes, ils ont été infantilisés, réduits au statut d’automates sans libre arbitre. Comme si leur champ d’application s’arrêtait aux portes d’Okondja, Alexandre Barro Chambrier s’est vu contester deux de ses droits fondamentaux : le droit d’aller et venir et, le droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion. Comme s’il n’était pas fondé à tenir des réunions, le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) a été contraint de naviguer dans un climat d’insécurité. Quant à Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, son droit à la propriété lui a été contesté.

Déconstruction de l’Etat unitaire

Quand bien même certains feignent de croire le contraire, personne ne tire bénéfice de ces malheureux événements. Nul n’a intérêt à en minimiser le sens et la portée. S’attaquer aux droits et libertés d’autrui en prétendant défendre les siens ? C’est créer les conditions d’une application différenciée de la loi. C’est travailler au triomphe du communautarisme voire du régionalisme et de l’ethnisme. Est-ce le dessein des militants PDG de la ville d’Okondja ? Comme le secrétaire général du PDG, le président du RPM est libre d’aller à la rencontre des populations partout sur le territoire national. Comme lui, les citoyens sont libres d’écouter tous les responsables politiques. Comme lui, Jean-Pierre Lemboumba Lépandou dispose de la liberté d’adhérer au parti de son choix et d’investir partout où bon lui semble. Certains plaident-ils la nécessité de «solidifier» les fiefs et bastions, au risque de les voir «disparaître» ? On ne consolide pas ses positions en interdisant aux autres de circuler ou de s’exprimer. Encore moins en bridant les libertés individuelles. On bétonne ses positions en travaillant, en nouant une relation de confiance.

Face à la récurrence de tels agissements, d’autres populations, d’autres fédérations PDG pourraient céder à la tentation de rejouer le vaudeville d’Okondja. Sans jouer les Cassandre et loin de toute grandiloquence, on peut en tirer une conclusion : l’idée de «République une et indivisible» n’est pas comprise par tous. Au grand dam des républicains de tout bord, l’absence de réaction des détenteurs de l’autorité publique renforce la position des vandales. Elle peut même avoir valeur de protection voire d’encouragement. Or, céder aux particularismes, c’est entamer la déconstruction de l’Etat unitaire.
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