Afrobaromètre s’est intéressé au rapport entre la police, la gendarmerie et les populations. Le réseau panafricain de recherche par sondage révèle que dans ce pays très peu couvert en postes de police ou de gendarmerie, près de la moitié des Gabonais (45%) ne fait pas du tout confiance aux agents des forces de l’ordre.
Le Réseau panafricain de recherche par sondage, Afrobaromètre, a publié les données de son round 8 au Gabon sur le rapport entre la police et la population. Dans le pays où l’insécurité multiforme devient quasi permanente, le réseau qui souligne que la police et la gendarmerie constituent les principales forces de protection des populations et du territoire, note une absence de postes de police ou de gendarmerie dans la plupart (74%) des zones enquêtées.
L’enquête révèle que 75% des Gabonais disent qu’ils n’ont «pas du tout confiance» ou ont «juste un peu confiance» en la police et la gendarmerie. L’écrasante majorité (98%) des Gabonais pensent que «certains» policiers et gendarmes sont impliqués dans les affaires de corruption. Par ailleurs, 66% des citoyens qui ont eu recours à l’assistance de la police au cours de l’année 2020 affirment qu’il était «difficile» ou «très difficile» d’obtenir l’assistance dont ils avaient besoin.
De même, près de la moitié (47%) des Gabonais ayant eu recours à l’assistance de la police affirme avoir dû verser un pot-de-vin ou faire un cadeau pour obtenir l’assistance dont ils avaient besoin. Elle fait état d’une relation de confiance entre les populations et ces deux corps habillés, détériorée depuis la décennie 1990. Une détérioration particulièrement accrue lors des périodes électorales ou pour réprouver les politiques du gouvernement.
«Généralement, les interventions des forces de l’ordre sont remises en cause parce qu’elles sont souvent jugées coercitives» signale l’enquête selon laquelle, lors des manifestations, par exemple, l’action des forces de l’ordre est parfois perçue par les populations comme répressive et politique, en faveur des gouvernants. En clair, révèle Afrobaromètre, 45% des Gabonais ne font pas du tout confiance aux forces de l’ordre, 30% juste un peu confiance, 18% partiellement confiance. Seuls 7% des Gabonais font «beaucoup confiance», aux forces de l’ordre.
Une perception qui consoliderait la défiance des populations envers les forces de l’ordre, par ailleurs renforcée par l’insécurité et les tracasseries, ce d’autant que « les populations ont l’impression que les agents ne font rien pour endiguer ce phénomène». La question de la confiance entre les forces de l’ordre et les populations est vitale, puisqu’étant au cœur de l’efficacité de l’action policière et conditionne la légitimité à la fois du pouvoir des agents et du système politique du pays. Sous ce regard, le réseau estime que dans ce contexte de défiance, «il est alors important que l’État engage une réflexion avec l’ensemble des parties prenantes pour rétablir la confiance entre les agents de force de l’ordre et les populations, en mettant en place par exemple une police de proximité».