Au son de la musique et des chants de revendications et de contestations, devant les banderoles exprimant leurs doléances, les anciens employés de Corail-Constructions-Équipements, ex Soco BTP, mènent depuis quelques jours un mouvement de grève devant l’un des bâtiments qu’ils ont construit. Rencontrés ce 9 août, l’un des porte-parole du groupe, Jérémie Atidokpo et ses collègues ne comprennent pas «pourquoi quelqu’un va bloquer le dossier dans son tiroir malgré les instructions du Chef de l’Etat». Ils réclament un peu plus de 4 milliards de francs pour plus de 24 mois d’arriérés de salaire.
Face à la vie précaire qu’ils mènent depuis plus de deux années, les employés de Corail-Constructions-Équipements, ex Soco BTP, manifestent depuis quelques jours, devant ce qui est censé être les futurs locaux de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dont ils ont participé à la construction. Las d’attendre le paiement des arriérés de salaire, le solde de tout compte, les redevances aux impôts, à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), le tout pour un montant d’environ 4 milliards de francs CFA, représentant plus de 24 mois d’arriérés de salaire, ces hommes et femmes n’ont eu d’autres choix que d’attirer l’attention sur leur situation.
Rencontrés à leur piquet de grève ce 9 août, sur le boulevard Triomphal, ils expriment leur ras-le-bol en faisant savoir que «certains de leurs collègues sont en train de mourir, d’autres sont sur les lits d’hôpital». «Faute de moyens, ils n’arrivent pas à se soigner», a expliqué Jérémie Atidokpo, qui ajoute même que «d’autres sont obligés de quitter Libreville pour rentrer dans leur famille, en province, parce qu’ils n’arrivent pas à payer leur loyer. Les biens de certains sont saisis par les bailleurs».
Il décrit la situation que vivent ses collègues et lui comme catastrophique «Nos enfants sont à la maison, ils ne vont pas à l’école. Il y a des divorces dans les foyers. Certains de nos collègues dorment dans les bureaux de la société. C’est une vie de précarité qui n’a pas de nom que nous sommes en train de mener. On est dépassé!», a-t-il lâché.
Si ce groupe de près 115 en est arrivé à manifester, c’est que la situation n’a plus que durer. Ils assurent avoir fait tout ce qui était nécessaire pour obtenir leur dû entrant dans la dette intérieur du pays auditée par une Taskforce sur la dette. «Il y a de cela deux ans que nous avons des arriérés de salaire, nos droits. La Société nous a fait signer une convention avec rupture de contrat parce que l’Etat devait à la société et elle espérait payer nos droits avec cet argent. Les démarches ont été faites jusqu’à ce que nos responsables aient déposé les documents nécessaires au gouvernement. Cela fait deux ans qu’on attend».
«On ne sait pas qui est en train de bloquer les décisions du chef de l’Etat»
Jérémie Atidokpo et les siens font même savoir que «le chef de l’Etat, son Excellence Ali Bongo Ondimba, a donné des instructions fermes à la Taskforce qui s’occupait du paiement des dettes intérieures et demandé de prendre le cas de Corail construction comme un cas social». Mais jusqu’alors rien n’a été fait. Or, ces femmes et hommes, pères et mères de familles ont pris l’initiative d’adresser un courrier de remerciement au président de la République.
«Nous avons dû envoyer une lettre de remerciement au chef de l’Etat pour son sens de responsabilité et d’humanisme par rapport à la vie précaire que nous sommes en train de traverser. Ça fait quatre mois que cette décision du chef de l’Etat a été donnée, mais on ne comprend pas jusqu’aujourd’hui pourquoi on n’est pas payé. La Taskforce a demandé à nos responsables de fournir les éléments nécessaires qui pourront leur permettre de payer la dette du personnel que le chef de l’Etat a demandé de prendre dans le cadre du cas social», précisent les agents de Corail-Constructions.
En appelant également le Premier ministre à porter un regard sur ce dossier, ces femmes et hommes assurent qu’ils iront jusqu’au bout. «Si va falloir qu’on sacrifie nos vies, on le fera», a laissé entendre le porte-parole tout en assurant qu’ils ne le feront pas dans le désordre. «On va respecter le domaine de la loi et les structures de l’Etat. Mais nous devons nous faire entendre. On ne va pas se taire parce que quelqu’un voulait se sucrer sur nous. Ce n’est pas possible», ont-ils prévenu.