Comme annoncé par le ministère de l’Éducation nationale, les résultats du Certificat d’étude primaire (Cep), session 2021, ont été publiés le 24 juillet. A la clé, un taux d’échec de 48,77%. Soit, près de la moitié des candidats inscrits. Une situation qui suscite bien d’interrogations.
S’il y a 2 ans au Gabon, on parlait d’un taux de réussite au Certificat d’étude primaire (Cep) de 80,42%, aujourd’hui, on semble avoir franchi la ligne rouge avec un taux d’échec de 48,777%. Autrement dit, près de la moitié des candidats inscrits à la session 2021 de cet examen sanctionnant les études primaires, ont échoué.
Selon les statistiques globales nationales de la Direction générale des examens et concours (DGEC), sur 47 129 inscrits, 1 191 étaient absents (2,52%). Parmi les 45 938 candidats présents à l’examen (97,47%), 24 722 (53,81%) ont sorti leur épingle du jeu en obtenant l’obtenant, quand 21 216 ont été recalés. Ajoutés aux absents, la DGEC comptabilise en tout 22 407 candidats ajournés sur les 47 129 inscrits sur l’ensemble du territoire national. Soit un taux d’échec global de 48,77% obtenu par le cumul des résultats jugés médiocres des provinces.
Dans 5 des provinces 9 provinces du pays, les taux d’échec sont au-dessus de 50%. En tête de liste, la province de la Nyanga avec 68,51%. Elle est suivie de la Ngounié avec 57,30% ; le Haut-Ogooué avec 54,95% ; le Moyen-Ogooué avec 51,06% et le Woleu-Ntem avec 50,35%.
Si la province de l’Ogooué-Maritime a fait un meilleur score avec un taux d’échec de 33,51%, celles de l’Ogooué-Lolo (48,54%) et de l’Estuaire (48,57%) sont reflet du résultat global, tandis que dans l’Ogooué-Ivindo, il est question d’un taux d’échec de 49,45%. Alors que cette année scolaire, contrairement aux précédentes où les taux d’échec étaient moins élevés, s’est particulièrement bien déroulée, beaucoup s’interrogent sur les causes d’un tel résultat.
Tour de vis du gouvernement ?
«Je pense qu’il y a eu un relâchement du gouvernement», a commenté Lisa B., une mère dont l’enfant a tout de même obtenu son examen. Jugeant le système éducatif gabonais «merdique», elle estime qu’autant les établissements «sérieux» permettent à l’Éducation de sortir la tête de l’eau, autant les établissements privés «fumistes» et le manque d’entrain du gouvernement pour le public, tirent l’Éducation au Gabon vers le bas. «Les autorités en charge de l’Éducation nationale se sont contentées du semblant de calme cette année. Quand il y a des grèves, ils font tout pour sauver les meubles. Mais ce calme démontre finalement que le problème est ailleurs», a-t-elle déduit. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pour d’autres, ce taux d’échec peut s’expliquer par la gestion des effectifs au 1er cycle du second degré où les capacités d’accueil sont en souffrance.
Le problème des infrastructures d’accueil reste, pour ainsi dire, une épineuse question et selon certaines indiscrétions, cette situation a souvent conduit les autorités de l’Éducation nationale à décider d’un seuil, surtout depuis la suppression du Concours d’entrée en 6ème. «Le Cep peut avoir été verrouillé pour masquer l’échec du gouvernement en matière de construction de nouvelles salles de classe. Il n’y a plus d’écoles primaire à transformer en collèges», a lâché un observateur parlant notamment du Grand Libreville. Tout aussi à l’index, le niveau de formation des enseignants du primaire et les conditions d’apprentissage inadéquates dans certaines zones ou bassins pédagogiques notamment, à l’intérieur du pays où les conditions sont défavorables aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.
Entre désintéressement des élèves et lacunes accumulées
Certains enseignants accusent, entre autres, le désintéressement chez les jeunes pour l’école. «Il est ahurissant voire choquant de constater que même au primaire, nos apprenants, nos enfants, ne s’intéressent plus à l’école», a déclaré l’un d’eux. Ces « enfants« , semblent entretenir d’autres centres d’intérêts qui les induisent en erreur, et privilégient l’école buissonnière parfois influencés par leurs aînés qui tâtonnent dans leurs études, et excellent dans tout ce qu’il y a comme dépravation sous le regard de la cellule familiale. «Mais le taux d’échec, cette année, peut être le résultat de la décision politique de l’année dernière de faire passer les élèves en année supérieure», a déclaré un autre enseignant assurant que plusieurs apprenants cette année, ont traîné des lacunes. «L’année scolaire 2019-2020 a été une catastrophe pour le monde de l’éducation», a-t-il déclaré.
Pour lui, si les élèves sont allés au terme de l’année 2020-2021, ce n’était que par bricolage tant les lacunes de l’année précédente n’ont pas été comblées. A en croire son propos, plusieurs élèves n’ont pas le niveau requis pour leurs classes et les programmes proposés par le ministère de l’Éducation nationale, en raison du Covid-19, impactent d’avantage le niveau des apprenants du primaire, du secondaire et même du supérieur. «Les lacunes de l’année dernière n’ont pas été comblées», a-t-il insisté. «Cette situation peut aussi se lire dans les résultats gonflés du BEPC session 2021», a-t-il ajouté évoquant le nombre de rachats qui mérite un examen minutieux. Le constat est d’ailleurs tel que dans la plupart des cas, les moyennes des élèves ne correspondent pas aux mentions. Beaucoup ayant obtenu des 13 ou 15 de moyenne, se retrouvent avec des mentions « passable« .