Le Gabon a autorisé les navires européens à pêcher annuellement 32 000 tonnes (tonnage de référence) de poissons dans ses eaux, selon les termes du nouveau protocole de mise en œuvre de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche (APP), paraphé le 10 février 2021 et signé le 29 juin de la même année avec l’Union européenne (UE). Ce protocole, qui intervient après celui qui a expiré le 23 juillet 2016, couvre la période (2021-2026).
Selon l’article 8 de ce texte, le nombre de navires européens ayant accès aux eaux gabonaises sur cette période de cinq ans est limité à 37, soit 27 thoniers senneurs (à raison de 15 navires pour l’Espagne et 12 pour la France), 6 thoniers canneurs (5 navires pour l’Espagne et 1 pour la France) et 4 chalutiers espagnols. Ces chalutiers devraient cibler « principalement les crustacés de fond, autorisés sur la base de résultat de campagnes exploratoires et du surplus identifié pour les stocks de crevettes et crabes de fond ». Les thoniers quant à eux devraient cibler prioritairement les thonidés et autres espèces de poissons grands migrateurs tels que le Thon blanc germon, les cétacés (baleines et marsouins), certains types de requin…
Compensation
En contrepartie de cet accès aux eaux et ressources halieutiques de sa zone de pêche, le Gabon devrait recevoir au moins 17 milliards de FCFA sur 5ans, selon l’article 13 du protocole. De cette somme, 8,5 milliards seront versés par l’UE et les armateurs s’acquitteront du reste, soit « un montant au moins équivalent à la contribution de l’Union européenne ».
La contrepartie financière de l’Union européenne comprend deux éléments : « une compensation pour l'accès aux eaux et ressources halieutiques de la zone de pêche du Gabon, calculée sur la base d'un tonnage de référence annuel de 32 000 tonnes, dont le montant annuel est de 1 600 000 euros (un peu plus d’un milliard de FCFA) et un appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Gabon, dont le montant annuel est de 1 000 000 euros (656 millions de FCFA) ».
En plus, au titre de cet accord de pêche, les navires européens sont tenus de communiquer quotidiennement leurs captures aux autorités gabonaises jusqu’à ce que le système d’enregistrement et de communication électroniques (ERS) soit mis en œuvre par les deux parties. Et au cas où les captures des navires au cours d'une année dépassent le tonnage de référence annuel, la compensation fera « l'objet d'un complément égal au tonnage des captures de cette année au-delà du tonnage de référence multiplié par un montant de 50 euros par tonne », précise l’article 13 du protocole.
Déficit de production
Selon l’article 7, les opérateurs pourraient « transborder, débarquer et valoriser localement tout ou partie des ressources halieutiques qui sont capturées dans sa zone de pêche ». Même si cela est fait, le tonnage de référence convenu à 32 000 tonnes par an ne suffira pas à combler les besoins annuels du Gabon en poissons. D’après une source au ministère de l’Agriculture, la demande gabonaise en poissons est estimée à 70 000 tonnes/an, pour une population d’environ 2 millions d’habitants.
Selon la direction générale des pêches et de l’aquaculture (DGPA), la pêche maritime au Gabon (hors pêche sous accords privés ou de partenariats) reste une activité relativement modeste en termes de production. Celle-ci est estimée à 30 000 tonnes, soit 20 000 tonnes pour la pêche artisanale et 8 600 tonnes pour la pêche industrielle côtière. Le Gabon, pour satisfaire sa demande locale, est donc obligé de faire recours à l’importation. Des importations estimées à environ à 26 000 tonnes par an, apprend-on.