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Ossouka Raponda, 1 an plus tard : Revenir à la normalité
Publié le jeudi 22 juillet 2021  |  Gabon Review
Rose
© Autre presse par DR
Rose Christiane Ossouka Raponda, premier ministre gabonais
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La Première ministre ne doit pas se laisser manger la laine sur le dos. Elle doit imposer son style, son rythme, sa méthode de travail et sa lecture de la situation. Elle doit aussi adapter la gestion de la crise sanitaire à la réalité locale.

«La crédibilisation de la gouvernance financière (…) passe (..) par le maintien d’une relation de confiance avec (les) bailleurs de fonds», proclamait Rose Christiane Ossouka Raponda, dans sa déclaration de politique générale. Elle aurait pu appliquer son aphorisme à l’ensemble des domaines, notamment à la politique et au vivre-ensemble. Un an plus loin, il est peut-être temps ! Le climat général étant particulièrement anxiogène, la politique de l’autruche n’est plus d’aucune utilité. Il ne sert plus à rien de jouer les Ponce Pilate en se dédouanant à bon compte. Il ne sert non plus à rien de jouer les incompris ou d’abattre la carte de la victimisation. Il faut regarder la réalité en face et s’attaquer aux problèmes structurels : le règne de l’arbitraire, l’opacité, la préférence partisane et l’impunité.

Dérèglement institutionnel

Personne ne tient le Premier ministre pour «le détenteur suprême du pouvoir exécutif.» Nul ne lui demande d’aller au-delà de ses prérogatives. Mais, face au mal-être des populations, au vu du mal-vivre ambiant et eu égard au délitement des liens sociaux, on peut quand même lui exiger une chose : jouer pleinement son rôle constitutionnel. Chargé de conduire la politique de la nation, le gouvernement dispose de l’administration et des forces de sécurité. A charge pour lui de ne pas se laisser manger la laine sur le dos. A charge pour lui aussi d’identifier les priorités du moment. A charge, enfin, à son chef d’imposer son style, son rythme, sa méthode de travail et sa lecture de la situation.

A ce jour, il n’en est rien. Si la vie politique est anesthésiée par les restrictions imposées sous prétexte de lutte contre la covid-19, le gouvernement semble totalement paralysé, réduit au statut d’agence d’exécution. Tout se passe comme si la conduite de la politique relevait de la responsabilité d’officines. Spectatrice de ce dérèglement institutionnel, l’administration s’en trouve ankylosée, incapable de faire aboutir la moindre réforme. Bien entendu, les populations ne sont pas invitées à adhérer mais sommées de subir en silence : partout et sur tous les plans, les dirigeants donnent l’impression de vouloir faire leur bonheur malgré eux, sans justifier de la pertinence de leurs choix. Dernier exemple en date ? Les travaux en cours sur le front de mer de Libreville.

Lecture erronée de la situation

Rose Christiane Ossouka Raponda doit redonner au gouvernement et à l’administration leurs prérogatives et leur lustre d’antan. Pour elle, il est temps de se battre pour plus de transparence, de tolérance et de responsabilité. Pour le Gabon, il est urgent de revenir à l’esprit et à la lettre de nos institutions. Pour tout dire, il faut revenir à la normalité. Faut-il aussi changer de politique ? Faut-il persister à mettre en œuvre le Plan d’accélération de la transformation (PAT) ? Les zélateurs du régime le pensent. A leurs yeux, tout changement aurait valeur de renoncement à certains engagements, le gouvernement ayant conclu un accord sur trois ans avec le Fonds monétaire international (FMI). Autrement dit, s’étant notamment engagé à «réaliser un assainissement budgétaire (…) tout en protégeant la croissance, l’environnement et les populations les plus vulnérables», «consolider la stabilité et l’inclusion financière» et, «améliorer la gouvernance, promouvoir la lutte contre la corruption», le Gabon s’aliénerait la sympathie de ses partenaires en revenant là-dessus.

Pour autant, on peut nourrir quelques doutes sur l’impact de ce programme sur la gouvernance. Après tout, dans le passé, le FMI en a conclu d’autres sans faire évoluer le rapport de nos gouvernants à la chose publique et à l’intérêt général. De plus, il est temps d’adapter la gestion de la crise sanitaire à la réalité locale. Non pas pour faire la réclame des vaccins, mais pour se rendre à l’évidence : malgré la doxa dominante, la covid-19 n’est ni la principale préoccupation sanitaire des populations ni la première cause de mortalité au Gabon. Jusqu’à quand le gouvernement feindra-t-il de ne pas le savoir ? Fortement marquée par le maintien de «la stratégie de riposte contre la Covid-19», la première année d’Ossouka Raponda à la Primature a été un échec. En persistant dans une lecture erronée de la situation, la suite pourrait être une catastrophe. Pourquoi un tel entêtement ? La Première ministre y a-t-elle un intérêt particulier ? Peut-être. Pendant ce temps, le peuple continue de souffrir le martyr.
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