La deuxième femme maire de Libreville est une quasi-inconnue de l’opinion. Si elle a siégé au Sénat où on ne se rappelle pas l’avoir vu intervenir en six ans, et si on s’en souvient comme deuxième adjoint au maire du 4ème arrondissement depuis deux mois, le nouvel édile de la capitale a un pedigree très peu connu, sauf sa profession d’origine : secrétaire de direction. L’opinion est déjà dubitative. Sera-t-elle une dame de fer ou un béni-oui-oui ? Saura-t-elle placer les intérêts de la mairie de Libreville au-dessus de toutes les accointances ? Dans ce microcosme où on ne l’a jamais entendue, saura-t-elle faire entendre sa voix pour le développement de sa ville ?
Une parfaite inconnue à l’hôtel de ville ! La quasi anonyme du Landernau va théoriquement achever, en février 2024, le mandat entamé par Léandre Nzué en mars 2019, et qui a été, pendant près de sept mois, assumé par Eugène Mba. Issue de la corporation des secrétaires de direction, Christine Mba Ndutume va avoir, pour les trente derniers mois qui restent à ce mandat, à essayer de résoudre les problèmes qui minent le fonctionnement de la mairie de Libreville. Premier dossier : le retour de la sérénité pleine et entière à l’hôtel de ville, qui doit se manifester, selon les syndicalistes-maison, par le départ de Yolande Mombo, cette fonctionnaire de la catégorie A2, nommée au poste de directeur général des Finances municipales. «Celle qui est à l’origine de l’instabilité que connaît l’hôtel de ville aujourd’hui», comme l’indique un proche de l’ancien secrétaire permanent du conseil municipal.
Il est à espérer que Christine Mba Ndutume qui arrive pour la toute première fois comme chef d’une administration, sera soutenue par son conseil municipal et par ses collaborateurs. Son manque d’expérience à ce niveau pouvant être un handicap. Son manque de maîtrise des arcanes municipales pourrait constituer une forme de blocage pour son action à la tête de l’hôtel de ville.
La perplexité des Librevillois après l’élection de «l’inconnue du Landernau»
Les Librevillois sont, depuis le choix du nouvel édile, perplexes. Ils attendaient ou espéraient un homme ou une femme d’expérience, un homme ou une femme au vécu professionnel et politique connu et reconnu. Surtout que les rumeurs parlaient, ces derniers jours, de la probable arrivée d’un Jean-Baptiste Obame Emane, actuel maire du 1er arrondissement, de Joseph Landry Mavoungou Ndong Bitéghé, de Gisèle Akoghet, tous deux conseillers municipaux du 5ème arrondissement, de Calixte Isidore Nsié Edang, élu municipal du 3ème arrondissement, et surtout d’Adrien Nguéma Mba qui, selon une rumeur persistante, était discrètement soutenu par le Premier ministre.
Question : les relations difficiles qu’entretiendraient le secrétariat exécutif du PDG et Rose Christiane Ossouka Raponda, perçue comme indifférente aux préoccupations maintes fois exprimées par Louis, ont-elles eu raison du choix d’Adrien Nguéma Mba comme porte-étendard du parti de Louis au poste de maire de Libreville ? Simple interrogation.
Quid des salaires à millions pour les proches de certains ‘’gens’’
En tout cas, Christine Mba Ndutume est au pied du mur. «Elle doit tout faire pour ramener la sérénité en nettoyant les écuries», pense un conseiller municipal PDG. «Du retour de la sérénité dans la maison commune des Librevillois, dépend le reste, tant on sait que l’argent est le nerf de la guerre», a-t-il ajouté, estimant que «les défis auxquels est confronté tout édile qui arrive ne peuvent être relevés si l’instabilité relevée hier par Chantal Myboto Gondjout perdure». Il y a en effet des tensions sociales à la mairie de Libreville, et elles se doivent d’être dissipées, afin que le navire amiral des communes du Gabon et ses 3000 agents soient menés à bon port. Christine Mba Ndutume sera-t-elle assez ferme face à des ‘’gens’’ qui vont exiger qu’elle donne des fonctions et des salaires fixés par eux à leurs proches ? Sera-t-elle une dame de fer ou un béni-oui-oui ? Saura-t-elle être autre chose qu’une Tour de Pise ? Saura-t-elle dire non à toutes les influences et sollicitations lorsque seront menacés ou gravement atteints les intérêts de la mairie ?
Secrétaire de direction de formation (Bac+3) selon des sources concordantes, cette inconnue du Landernau que l’on dit avoir été proche du Dr Marcel Eloi Chambrier et de son fils Alexandre Barro Chambrier dans le 4ème arrondissement, devient la quatrième femme installée au-devant du paysage institutionnel du pays, aux côtés de Lucie Milébou Aubusson Mboussou, président du Sénat, de Rose Christiane Ossouka Raponda, Premier ministre, et de Marie-Madeleine Mborantsuo, président de la Cour Constitutionnelle. Son premier discours et ses premières actions sont attendus et seront scrutés par une opinion dubitative à son égard.