Engagé avec entrain sur les marchés pour financer son fameux Plan d’accélération de la transformation (PAT) évalué à 3 000 milliards de francs CFA, le gouvernement soutient que l’endettement sera contrôlé et que son taux situé actuellement à 68% du PIB sera ramené à 50 % sur 3 ans. Les 450 milliards de francs CFA de dette intérieure seront également payés sur une période de 3 ans, affirme le ministre en charge de l’Economie.
L’Etat gabonais a des projections ambitieuses pour rationaliser sa dette. Sur 3 ans, il compte financer à hauteur de 33% un Plan d’accélération de la transformation (PAT) évalué à 3 000 milliards de francs CFA. En clair, le pays s’endettera à hauteur de 67%. Si d’aucuns crient au surendettement, le ministre en charge de l’Economie rétorque qu’il n’en est rien.
Lors de son passage à l’émission « Face à vous », le ministre de l’Economie et de la Relance a assuré que «l’endettement de l’Etat est contrôlé». Le PAT, a-t-elle souligné, a 4 objectifs principaux : l’accélération de la transformation, la création d’une richesse beaucoup plus inclusive et durable qui permettrait de créer des emplois, l’assainissement des finances publiques et le renforcement de la position extérieure du pays. «Sur le 3e objectif, il est question d’assainir les finances publiques mais surtout de maîtriser l’endettement», a déclaré Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou.
Le ministre de l’Economie parle d’une stratégie d’endettement annexée à la loi des finances chaque année depuis 2012. Cette stratégie, a-t-elle expliqué, contient les scénarios possibles sur 3 ans, pour permettre de maîtriser l’endettement. L’un des scénarios consiste à surveiller les plafonds d’endettement. «Nous faisons tout pour que les plafonds d’endettement sur les 3 années qui arrivent, soient réduits».
Or, le Gabon comme bien d’autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale(Cemac) avait dépassé le critère de convergence de 70% fixant la limite du ratio/PIB. Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou justifie cette situation par les effets de la pandémie de Covid-19. «Mais aujourd’hui nous travaillons pour faire en sorte que nous puissions ramener ce niveau d’endettement en dessous de 70% sinon même de 50% sur les 3 ans», a-t-elle fait savoir.
Annexion de la dette à la loi des finances depuis 2012
Actuellement, a informé le ministre, «nous sommes à un taux d’endettement de 68% sur la dette qui est conventionnée». À cette obligation s’ajoute une « dette à vue » auprès de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), et des instances du Trésor mais qui ne poserait pas de problème. Celle qui focalise l’attention du gouvernement, a-t-elle indiqué, «c’est la dette sous convention». «Nous avons l’obligation et le devoir de faire en sorte que la stratégie qui est annexée à la loi des finances, évoquée par les parlementaires soit respectée» a insisté Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou. L’autre critère à surveiller est le taux d’intérêt des emprunts. «C’est un critère qui est contenu dans la stratégie», a-t-elle signalé. «Nous avons aujourd’hui, une préférence pour les taux d’intérêt fixe mais nous avons également une préférence pour les taux variables puisque nous nous endettons en devises» a-t-elle ajouté, assurant que le gouvernement surveille les devises dans lesquelles le pays s’endette.
Si le remboursement des intérêts peut souvent paraître difficilement soutenable, le ministre de l’Economie soutien que le pays a des potentialités qui le rendent performants sur le marché financier, aussi bien régional qu’international. Depuis 2007, a-t-elle affirmé, le Gabon qui arrive à lever des fonds, arrive tout aussi à en maîtriser les risques. «Nous avons une présence continue sur le marché. C’est important pour une économie qui se développe, qui veut aller loin. Mais nous devons surveiller la soutenabilité des emprunts que nous levons», s’est-elle engagée.
450 milliards de dette intérieure
Sur la dette intérieure, a relevé Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou, «un travail de fourmis a été fait». Allusion faite à la Task force sur la dette intérieure qui a permis de la situer à 450 milliards de francs CFA. Selon elle, cette dette sera payée sur une période de 3 ans. En 2020, a-t-elle ressorti, l’Etat a réussi à payer «les petits montants qui n’excèdent pas 70 millions». «Nous avons réussi à payer 4 milliards mais cette année nous sommes en train de boucler une opération sur la base de l’endettement, pour pouvoir payer plus de 90 milliards» a-t-elle poursuivi, affirmant pour rassurer les opérateurs économiques, que cette dette sera apurée sur le moyen terme.
A la question de savoir dans combien d’années le Gabon peut espérer apurer sa dette globale, le ministre estime que «nous avons une projection pour ce stock de la dette d’au moins, 4 ans». Soutenant que dans un pays, il faut un minimum de dette, Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou a voulu expliquer la dynamique de la dette. «Dans le même temps que vous vous endetter, vous devez vous désendetter. On ne s’endette pas sans se désendetter sinon vous ne pouvez pas vous endettez à un moment donné». «Le Gabon est un bon payeur» a-t-elle argué, se félicitant une fois du plus, du remboursement de l’emprunt obligataire contracté en 2016 pour un montant de 98 milliards de francs CFA. «Le remboursement de cette dette nous donne la possibilité de se rendetter. Bien entendu, en tenant compte de la soutenabilité de l’endettement et de la soutenabilité de nos finances publiques», a-t-elle dit.