La diaspora gabonaise apporte une plus-value au débat national. Au fil des ans, notamment après 2009, elle arrive à contribuer au débat politique national. Toutefois, Ce positionnement a entraîné un mélange des genres, au point où l’on a désormais du mal à opérer un distinguo entre activiste et militant politique. Pis, ces activistes tendent à se considérer comme des acteurs politiques et manquent d’une véritable organisation en leur sein pour mieux faire porter leurs voix.
Depuis une dizaine d’années, l’activisme gabonais à l’étranger s’est développé au détriment des structures pro régimes de la diaspora. Cette diaspora qui fait parler d’elle prend activement part au débat politique, au point où il s’y crée un imbroglio entre activistes et militants politiques. En France par exemple où elle est très présente, la diaspora gabonaise visiblement anti-régime décrie tout aussi l’inertie de l’opposition gabonaise.
A l’origine, un activiste met de l’avant des causes comme les inégalités persistantes, alors que le militant propose une alternative à la gouvernance en place. En un mot, le militant milite et défend lorsque l’activiste s’indigne.
Entre tempérance et radicalité, leurs positions peuvent se montrer antagonistes. Certains activistes disent prêcher pour le bien-être des populations, pour le changement de régime, seul ticket gagnant, selon eux, du développement certain du Gabon. Telle que présenté, c’est une mission noble, mais dans les faits, il est à déplorer des débordements qui tendent vers l’invective, la médisance et même parfois le mensonge. L’objectif étant de discréditer ou de s’attirer plus de followers sur leurs pages web.
D’autres par contre sont soupçonnés d’être de connivence avec le pouvoir, notamment lorsque celui-ci veut détacher l’un des siens, ou encore pour préparer l’opinion publique aux changements dans la vie politique de notre pays. Des rumeurs qui se transforment en faits avérés. L’exemple des nombreuses arrestations des personnalités publiques, généralement relayées comme rumeur par les activistes et les réseaux sociaux et qui, au fil du temps, sont devenues des réalités. C’est donc toutes ces actions qui suscitent diverses interrogations : sur les visées réelles de ces activistes : Pouvoir ? opposition ? peuple ?
Autant de questions que se posent des citoyens lambda qui les suivent régulièrement et qui trouvent en eux un espoir ou une reconnaissance de leurs réalités quotidiennes. Activistes et politiques s’intéressent finalement à la gestion de la cité.
Certains estiment que les activistes politiques de la diaspora gagneraient aussi à mieux s’organiser pour créer une véritable plate-forme programmatique comme ce fut le cas dans la période coloniale notamment avec la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). Elle fut de 1951 à 1980 l’association la plus représentative des étudiants africains en France. Elle a pris des positions radicales, en se prononçant et combattant très tôt pour une indépendance totale des pays africains. Les étudiants utilisèrent diverses armes dans leur lutte anticoloniale qu’ils poursuivirent d’ailleurs après les indépendances de 1960 en s’opposant au néocolonialisme et à l’impérialisme : déclarations de principe, manifestations, relations internationales. Plusieurs d’entre eux ont in fine intégré de façon active les régimes en place.
Il est reproché à cette diaspora «l’absence d’organisation autour des idées, d’action et de programme» nous a confié un politologue ayant requis l’anonymat. Du coup, cette diaspora ne donne pas l’image, voire les gages d’une alternative crédible poursuit la même source. Jadis unie, cette diaspora a été à maintes reprises fragmentée par des conflits internes liés au leadership, à l’argent au point où ses acteurs peuvent être considérés comme une myriade d’individus qui expriment leurs coups de gueule. Selon de nombreux observateurs, la diaspora est certes une valeur ajoutée à la politique gabonaise, mais l’aspect politique ne devrait pas constituer son seul cheval de bataille.