En dépit de la crise sanitaire qui frappe toutes les économies du monde, le groupe BGFIBank affiche une santé insolente. Au cours de cet entretien, son PDG, Henri-Claude Oyima explique à l’Agence Ecofin, les raisons de cette résilience et trace les perspectives du groupe pour les années à venir.
Agence Ecofin : Le groupe BGFIBank a enregistré en 2020 un résultat record en hausse de 114%. Quel aura été le secret de BGFIBank, alors que de nombreux groupes financiers africains ont fait face à des défis, du fait d’une année 2020 impactée par la Covid ?
Henri-Claude OYIMA : Les performances exceptionnelles réalisées sur 2020 (résultat net de 44 milliards de XAF) sont la traduction chiffrée des changements et transformations engagés par le Groupe BGFIBank sur les trois dernières années ; transformation qui s’inscrivait dans le cadre du plan stratégique EXCELLENCE 2020. En outre, dès l’apparition de la crise sanitaire, le Groupe BGFIBank a mis en œuvre un ensemble d’actions de préservation notamment le pilotage et le contrôle de l’activité qui a été renforcé et resserré. Le Groupe BGFIBank a su compter sur la remarquable mobilisation de l'ensemble de ses collaborateurs notamment à travers sa capacité d'adaptation et de résilience. Nous voyons dans chaque crise une opportunité d'amélioration, de renforcement et de développement. C’est à cela que l’on reconnait un Groupe résilient.
AE : Votre produit net bancaire a été soutenu à 70% par les revenus d’intérêts, et d’ailleurs on note parallèlement que votre coût de risque a baissé. Comment BGFI est parvenu à se faire payer des intérêts par ses clients tout en évitant au maximum l’accumulation de créances en souffrance ?
Henri-Claude OYIMA : Dès la survenance de la crise, le Groupe BGFIBank, suivant les recommandations des autorités de régulation et monétaires, a mis en place des dispositifs visant à limiter le risque de défaut des contreparties. En outre, notre modèle d’affaires diversifié et fondé sur les grands comptes, les institutionnels et les particuliers haut de gamme nous permet de compenser les effets défavorables pouvant survenir dans un secteur donné. Aussi, vous noterez que la diminution du coût du risque est un processus entamé il y a trois ans. Sur les trois dernières années, le dispositif de gestion de risque de contrepartie au sein du groupe a été consolidé. Ainsi, le coût du risque est passé de 18 milliards de XAF fin 2017 à 1 milliard de XAF au 31/12/2020.
AE : Quels sont les secteurs économiques qui ont été les plus rentables et performants pour vos filiales dans l’ensemble ?
Henri-Claude OYIMA : Sur l’exercice 2020, hormis le secteur hôtellerie et tourisme sur lequel le Groupe BGFIBank est peu exposé, je dirais que tous les secteurs ont été assez performants. Toutefois, les secteurs de BTP, mines, eaux-énergies, distributions et logistiques continuent d’être les principaux contributeurs aux PNB du Groupe BGFIBank.
AE : Le Gabon est un contributeur essentiel aux revenus nets réalisés par le Groupe BGFI Bank. Or les notes de conjonctures économiques publiées par le ministère de l’économie de ce pays, parlent d’une baisse des activités dans quasiment tous les secteurs. Comment avec cet environnement vous avez pu rester constant en termes de performances ?
Henri-Claude OYIMA : Le maintien des performances du Groupe BGFIBank sur la région Gabon malgré un environnement contrasté, résulte des facteurs suivants : en interne, nous avons pris des mesures de maîtrise et d’optimisation de tous les coûts (exploitation, risques) ; nous avons diversifié notre offre de produits et services (intervention sur le marché monétaire accrue, offre digitales complètes, conseils financiers) permettant de toucher un éventail large de clientèle. De même, les économies étant ouvertes au sein de la zone CEMAC, la capacité de nos entités présentes sur le territoire gabonais est élargie aux autres pays de la région et voir au-delà.
AE : En dehors du Gabon, la filiale camerounaise semble être dans les bonnes grâces de votre groupe. Selon nos informations, vous avez soutenu son expansion en lui permettant de financer davantage l’économie. Y aurait-il des perspectives particulières sur ce pays ?
Henri-Claude OYIMA : Le marché camerounais est un axe fort de développement du Groupe BGFIBank. C’est la première économie de la région avec la plus forte concentration de population. Dans le cadre du plan stratégique Dynamique 2025, nous prévoyons d’investir dans ce pays pas moins de 25 milliards de XAF répartis en investissement en capital et en infrastructures. Le second centre de secours informatiques (back up) du Groupe BGFIBank sera installé dans ce pays. Parallèlement, nous entamerons la construction du nouveau siège social de BGFIBank, la modernisation et la poursuite de l’extension du réseau bancaire. Enfin, nous avons prévu d’accroître notre capacité d’accompagnement des acteurs économiques notamment ceux intervenant dans les PMI-PME à fort potentiel, tout en maintenant notre relation privilégiée avec les clients grands comptes.
AE : Plus généralement, vous parlez d’un plan d’investissement qui a consisté à renforcer les fonds propres des filiales du groupe. Est-ce qu’il s’agit d’augmentations de capital ou juste des prêts entre parties liées ? Quel est le but ultime derrière cette démarche ?
Henri-Claude OYIMA : Le but recherché est l’accroissement de capacités d’intervention et d’accompagnement des filiales. Notre programme de soutien aux filiales ne privilégie aucune forme. Nous apportons le capital là où le besoin se fait sentir et nous apportons les prêts subordonnés, s’il s’avère nécessaire.
AE : Suivant les directives sur les dividendes de la commission bancaire d’Afrique centrale dont vous dépendez en termes de régulation, vos fonds propres consolidés, seront renforcés de 38 milliards de FCFA, représentant la totalité du résultat net part. Comment comptez-vous utiliser cette cagnotte ?
Henri-Claude OYIMA : Au-delà des directives des autorités en matière de dividende, le Groupe BGFIBank a toujours eu une politique prudente en matière de distribution de dividende. L’axe privilégié est le renforcement des fonds du Groupe afin de maintenir une capacité de soutien aux filiales. Sur la base de principe fort, le Conseil d’Administration proposera à la prochaine assemblée générale l’affectation en réserves la totalité du résultat net de l’exercice 2020.
AE : BGFIBank Groupe, on le sait, célèbre ses 50 ans cette année, quel message avez-vous pour vos clients qui vous ont accompagnés jusque-là ?
Henri-Claude OYIMA : Il n’est pas donné à tous les groupes bancaires et financiers de célébrer un demi-siècle d’existence. Le cap des 50 ans marque une étape importante dans la vie d'une institution comme celle du Groupe BGFIBank, l’occasion unique de considérer le chemin parcouru aux côtés de nos clients.
Aujourd’hui le Groupe BGFIBank est une institution solide, riche de son passé et de ses expériences. Nous mettons un point d’honneur à répondre à l’ensemble de leurs besoins de financement et de développement, présents et futurs. Notre objectif d'offrir des services à la mesure des projets de l'ensemble de nos clients, rejoint notre engagement premier, “être leur partenaire pour l’avenir”. Comme le dit l’adage « il existe des clients sans banque, mais il ne peut y avoir de banques sans clients ». Donc, je dis Merci ! Merci à nos clients dont la satisfaction au quotidien demeure l’ADN du Groupe BGFIBank.
AE : Le groupe BGFIBank est disposé à accompagner le gouvernement gabonais dans le Plan d’accélération de la transformation (PAT) 2021-2023 et la modernisation de son système d’informations. En quoi va consister cet accompagnement et comment est-ce que cela épouse votre stratégie à moyen terme ?
Henri-Claude OYIMA : Au fil des 50 années passées, le Groupe BGFIBank a acquis une expertise dans le développement, la gestion et le pilotage des infrastructures numériques. En témoigne la création d’une filiale dédiée (BGFI Services) dans ce domaine d’activité. Nous allons mettre à la disposition du Gouvernement notre savoir-faire. Cet accompagnement entre pleinement dans le cadre de notre stratégie de diversification de domaines des activités du Groupe BGFIBank afin de contribuer activement aux financements et développements de nombreux projets structurants dans les pays dans lequel nous intervenons.
AE : Pour accompagner les entreprises en pleine crise sanitaire, le gouvernement gabonais, avec l’appui des banques, avait mis en place au mois d’avril 2020, un guichet de financement d’urgence. Plusieurs entreprises se plaignent de ne pas avoir bénéficié des financements prévus. Qu’est ce qui a fait problème ?
Henri-Claude OYIMA : Toutes les banques de la place continuent de soutenir l’ensemble des mesures gouvernementales visant à minimiser les effets de la crise sanitaire sur le tissu économique. Le bénéfice du guichet unique obéit au respect d’un ensemble de critères définis par le Gouvernement. Le secteur bancaire ne peut pas déroger à ces critères. Aussi, le secteur bancaire est tout entier disposé à accompagner les entités qui souhaiteraient bénéficier des mesures gouvernementales. Le Groupe BGFIBank est naturellement mobilisé pour soutenir l’effort national et s’investir pour surmonter une crise qui impacte l’ensemble des métiers, services et secteurs d’activité du pays.