Une bonne poignée des 150 employés du groupe Schlumberger Gabon d’abord en chômage technique puis soumis à l’option départ volontaire, ont été congédiés pour avoir rejeté cette option. Alors que le nouvel inspecteur spécial du Travail chargé du secteur pétrolier a donné son accord pour leur licenciement, les employés déplorent les méthodes de ce dernier et l’embauche d’autres employés dont des expatriés, par l’entreprise. Voulant préserver leurs emplois, ils souhaitent que le ministre en charge de l’Emploi se saisissent du dossier.
Le 14 mai à Port-Gentil, Thérance Cédric Mbadinga Moussavou, nouvel inspecteur spécial du Travail chargé du secteur pétrolier accédait partiellement à la demande d’autorisation de licenciement, pour motif économique, du groupe Schlumberger Gabon. Sur 7 personnes à congédier, il autorisait, pour ainsi dire, le licenciement de 6. Parmi eux, des pères et mères de famille âgés de plus de 50 ans avec 24 années d’ancienneté dans l’entreprise, et 2 délégués du personnel.
Des langues qui se délient indiquent que le nouvel inspecteur spécial a, en 15 jours, validé un projet que son prédécesseur, Loïc Nguéma, avait rejeté après 4 mois de travail avec les délégués du personnel. Disant traverser de graves difficultés financières, Schlumberger Gabon avait selon eux, envisagé de se séparer de certains de ses employés après un congé technique accordé par le biais de l’article 52 des conditions générales d’application pendant la pandémie Covid19.
«Il n’y avait plus de travail pour eux»
Finalement, disent-ils, 110 employés sur 220 avaient été obligés de prendre un départ volontaire accompagné d’une indemnité imposée par l’employeur. Selon certains d’entre eux, après une visite pour s’enquérir de la situation sociale de l’entreprise, le nouvel inspecteur sans demander l’introduction d’un nouveau dossier à l’employeur, a accordé le licenciement des personnes «proches de la retraite, des ingénieurs et techniciens de haute expérience pour des raisons qui lui sont propres».
De son côté, après s’être séparé desdits employés, Schlumberger Gabon a réembauché certains d’entre eux de nationalité gabonaise et embauché plusieurs autres étrangers qui travailleraient sur les bases et sites sans avoir de contrat de travail signé par le ministre du travail. Et cela, signale-t-on, «en mode rotatif afin d’échapper au contrôle des autorités gabonaises qui ne cessent d’interpeller ces compagnies qui ne se conforment pas aux lois mises en place pour les mesures de sécurité et nous protéger de la pandémie».
Selon des sources au sein de Schlumberger Gabon, les employés licenciés sont ceux qui ont refusé l’option ‘’départ volontaire’’ et dont les profils ne cadraient plus avec les besoins de l’entreprise. Signalant que dans la liste seuls 2 sont proches de la retraite, elles assurent qu’«il n’y avait plus de travail pour eux». A en croire leurs propos, avant de proposer des départs volontaires et de licencier pour motif économique, 150 employés avaient été mis en congé technique. Payés à hauteur de 50 à 55% de leurs salaires, ils bénéficiaient de la couverture médicale à 100%. Rappelant que cette situation est due aux difficultés financières de l’entreprise, elles informent que grâce à un regain d’activité, certains partis volontairement ont été réembauchés pour leur technicité et d’autres répondant aux besoins de l’entreprise ont été embauchés.
Madeleine Berre appelée à la rescousse
Si l’entreprise assure que les droits des licenciés seront payés selon le Code du travail en vigueur au Gabon, plusieurs employés ayant perdu leur travail dénoncent la précipitation avec laquelle le nouvel inspecteur spécial a validé le dossier. Assurant que «certains inspecteurs prennent des pots-de-vin et ne font plus leur travail à Port-Gentil», ils invitent le ministre en charge de l’Emploi à se saisir de ce dossier qui fait plusieurs malheureux. «Schlumberger Gabon SA est une société multinationale française qui utilise les Gabonais quand ils sont très jeunes et les balance après, quand ils sont proches de la retraite», regrettent-ils, estimant par ailleurs que «Thérance Cédric Mbadinga Moussavou doit répondre de son acte». Pour eux, «l’Inspecteur a un devoir d’instruction et de contrôle avant de prendre des mesures drastiques sur des gabonais et privilégier la main d’œuvre étrangère».