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Gabonais de la RCA /Aviation civile : «J’ai passé le cap de 25.000 heures de vols en 2019 (…) ça reste un chiffre difficile à dépasser» (Pilote Jacques Assoumou)
Publié le vendredi 21 mai 2021  |  Agence Gabonaise de Presse
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© Agence Gabonaise de Presse par DR
le commandant Jacques Assoumou, pilote de ligne depuis 35 ans
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Interview : Hier à Air Gabon, le commandant Jacques Assoumou, pilote de ligne depuis 35 ans, est aujourd’hui très sollicité par les compagnies aériennes de la sous-région Afrique centrale. La longue expérience cumulée et le savoir-faire acquis, avec plus de 25 000 heures de vol à son actif, font de lui un modèle dans le métier. Résidant à Bangui en République centrafricaine, il est Directeur général de la compagnie Simb Airlines corporation. Un univers familier que cet originaire de Bitam (Province du Woleu-Ntem), né en 1962 à Makokou, aborde les contours avec passion, enthousiasme et humilité dans cet entretien accordé à l’Agence Gabonaise de Presse.

Agence Gabonaise de Presse : Commandant Jacques Assoumou, depuis combien d’années exercez-vous le métier de pilote de ligne? Et comment êtes-vous arrivé dans ce métier ?

Jacques ASSOUMOU : «Merci pour la tribune que vous m’offrez. J’ai intégré la compagnie nationale Air Gabon en tant que pilote de ligne en avril 1986. Cela fait donc 35 ans que j’exerce ce passionnant métier. Je suis un passionné de médecine. Tout jeune, je voulais devenir chirurgien et c’est un concours de circonstances qui m’amène dans le milieu aéronautique».

Parlez-nous succinctement de votre parcours de pilote de ligne.

«Après l’obtention de mon Bac E (Mathématiques et Technique) en 1981 au Lycée technique national Omar Bongo, j’ai fréquenté la Faculté des sciences (section Maths/Physique) de l’Université Omar Bongo. En 1982, un ami m’invite à passer le concours initié par la compagnie nationale Air Gabon et partant, sur le recrutement des élèves pilotes de ligne. La réussite à ce concours m’ouvre les portes de l’Ecole nationale de l’aviation civile (ENAC). Je passe ma formation entre Montpellier, Toulouse et St-Yan, en France. J’ai aussi effectué plusieurs stages à Amsterdam (Pays-Bas) et au sein des compagnies KLM (Suède) et Air France, avant de regagner le Gabon en avril 1986 et intégrer la compagnie nationale Air Gabon».

La performance dans votre métier de pilote de ligne s’exprime en termes de nombre d’heures de vols effectués. Vous en êtes à combien à ce jour, après 35 ans de pratique ? Et Y a-t-il une limite ?

«J’ai passé le cap de 25.000 heures de vols en 2019. J’ai eu la chance de voler continuellement durant ces années, ne marquant des pauses que lors de mes congés. Il n’y a pas de limite. Mais ça reste souvent un chiffre difficile à dépasser».

Quels sentiments vous animent lorsqu’on évoque la défunte compagnie nationale Air Gabon ?

«II ne serait pas prétentieux d’affirmer que la compagnie nationale Air Gabon était un symbole de fierté pour tous les Gabonais. Lorsque vous arriviez de Paris par l’autoroute Al en direction de Roissy, et que vous aperceviez au loin un perroquet vert sur l’empennage du Boeing 747 Léon Mba, vous vous sentiez déjà à Libreville. Que dire de la possibilité de parcourir tout le Gabon confortablement à bord des mythiques Fokker 28 ? Ainsi que l’Afrique et le reste du monde à bord du légendaire Boeing 747 Léon Mba. C’est dans ce contexte que j’ai évolué durant 20 ans. De ces merveilleux souvenirs, je n’ai que des regrets. [Les témoignages de l’époque mettent en valeur la dimension qu’avait atteinte la compagnie nationale Air Gabon en Afrique centrale, avec une des flottes les plus dynamiques du continent. C’était la période de gloire de l’expertise nationale : pilotes, mécaniciens et personnels navigants commerciaux bien formés. A tel point qu’en 28 ans d’exploitation des aéronefs de type Fokker F28, aucune catastrophe enregistrée jusqu’à l’arrêt des activités d’Air Gabon en 2006 par décision gouvernementale (NDLR)]».

Que sont devenus vos anciens collègues de l’époque d’Air Gabon (pilotes, mécaniciens) ?

«J’ai une pensée spéciale pour beaucoup d’amis et frères pilotes qui se sont posés définitivement sur ce terrain sans minimas qu’est le paradis. Nous avons un forum d’échanges pour tous ceux qui, comme moi, continuent de bénéficier de la grâce de Dieu, la plupart exercent dans des compagnies à travers le monde».

Vous êtes un pilote expérimenté, très sollicité et un homme de défis. Que retenir de votre passage à la compagnie Trans Air Congo, 15 ans durant au Congo Brazzaville ?

«A Trans Air Congo, j’ai exercé en tant que Commandant de bord, instructeur sur Boeing 737 CL/NG, chef-pilote et directeur des opérations aériennes. Je pense, sans fausse modestie, avoir contribué largement au rayonnement de cette compagnie, en lui permettant d’obtenir le label 10SA, il y a quelques années. J’ai aussi formé ou entrainé au moins une quinzaine de jeunes pilotes, toutes nationalités confondues. Certains se retrouvent même aux Emirates aujourd’hui. Mais ma plus grande satisfaction est d’avoir appris que l’humilité donne une autre dimension à l’être humain».

Aujourd’hui, un nouveau défi s’ouvre à vous dans la sous-région Afrique centrale, à travers Simb Airlines corporation basée à Bangui, en République centrafricaine. En quoi consiste cette nouvelle mission ?

«J’avais fait un «break» depuis quelques mois, histoire de passer un peu de temps en famille et, peut-être, servir à nouveau mon pays. J’ai été contacté par un cabinet d’expertise aéronautique camerounais pour le poste de directeur général de ladite compagnie de droit centrafricain. C’est un parfait challenge pour moi, qui consiste à mettre en place cette structure sur le plan réglementaire et lui permettre, après l’obtention du Certificat de transport aérien (CTA), l’établissement d’un hub à Bangui, avec des aéronefs pouvant rallier les différentes capitales d’Afrique centrale dans un premier temps. [L’homme d’affaires camerounais Emile Parfait Simb qui a fait fortune, entre autres, dans la crypto monnaie, est le promoteur de ladite compagnie aérienne (NDR)]».

Nous sommes arrivés au terme de notre échange. Votre mot de fin.

«(Rires). Nous avons pratiquement évoqué tout ce qui me concerne dans ce domaine précis. Je n’ai pas la prétention d’être un « Roi de l’air ». Paraphrasant quelqu’un, je voudrais dire à mes jeunes frères et enfants qui ont choisi ce prestigieux métier ceci : «Ce que vous avez choisi de faire, faites-le bien et avec passion, afin que tous ceux que vous croiserez dans les airs gardent le meilleur souvenir de vous».

Propos recueillis par Jean OSSIE OTOUNGA
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