Le 15 mai dernier était un jour de vote pour les volontaires de la Croix-Rouge gabonaise (CRG) qui ont renouvelé leurs bureaux provinciaux, avant l’élection nationale. S’ils sont passés aux urnes, la tension était perceptible dans certaines antennes provinciales. A Franceville, quelques heures avant le déroulement de l’élection, plusieurs volontaires ont manifesté leur mécontentement afin de dire non à une élection qu’ils jugeaient jouée d’avance. Le même cas de figure s’est dessiné à Makokou et même à Libreville où, en plus du mécontentement, la sanction s’est faite dans l’urne.
Samedi 15 mai, à Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, c’est muni de pancartes que les volontaires et membres de la Croix-Rouge gabonaise (CRG) ont décidé de se faire entendre, pour dire non à une élection entachée d’irrégularités. «Non à la division entretenue par la présidente nationale au Comité Croix-Rouge Haut-Ogooué», «Non à la violation des principes fondamentaux par la présidente nationale intérimaire au comité Croix-Rouge Haut-Ogooué», «Non aux élections sans participation des membres actifs avérés et reconnus». Pouvait-on lire sur ces pancartes. Membres actifs de cette antenne provinciale, ils disent avoir été dépouillés de leurs droits de participation au processus électoral par la seule volonté de la présidente intérimaire.
«La présidente intérimaire viole délibérément les principes d’unité et d’impartialité de la Croix-Rouge. Elle a décidé de rejeter la liste des membres qui mènent des activités depuis des années. Avec l’ancien président de la Croix-Rouge à Franceville, démissionnaire depuis longtemps, ils ont créé des listes fictives des personnes qui n’ont jamais intégré notre mouvement», a relaté un volontaire. Comme bien d’autres, il estime que le mouvement humanitaire dans le pays, se défait petit à petit des valeurs d’humilité, d’impartialité et de paix qu’il véhicule. «Et malgré ces multiples irrégularités, les organisateurs ont procédé à la validation du scrutin ce qui n’est pas normal. Et c’est pareil pour les autres provinces du pays, d’où les multiples pétitions que nous avons signées pour dénoncer ce processus électoral», s’est exprimé un autre membre de la CRG.
Des seaux en guise d’urnes à Makokou et la sanction dans l’urne à Libreville
Dans d’autres localités à l’instar de Libreville dans la province de l’Estuaire et Makokou dans l’Ogooué-Ivindo, la contestation était également visible. Les volontaires et membres de la CRG ont ouvertement dénoncé des pratiques contraires aux principes fondamentaux régissant la Croix-Rouge. A Libreville, sur les 6 postes à pourvoir, 4 postes ont eu des candidatures dont celle du président avec 2 postulants, du vice-président avec 2 candidats, du représentant Genre avec 1 candidat, et 1 candidat pour la commission jeunesse le deuxième ayant été «sanctionné abusivement». «La présidente intérimaire a ouvertement soutenu ce jeune qui s’est présenté avec un dossier incomplet», a dénoncé un membre actif relevant des irrégularités quant aux délais pour les postes à pouvoir. «C’est à 5 jours de la clôture des dossiers qu’on nous a dit les postes à pouvoir or c’est 15 jours, le délai. C’est pourquoi il n’y a pas eu assez de candidats», a-t-elle ajouté.
Qu’à cela ne tienne, les membres de Libreville ont pris une part active au scrutin. Pour eux, il était question de dire «non à une candidature unique». «La présidente intérimaire a fait du favoritisme. Nous savons que la politique de la chaise vide ne paye pas il fallait donc qu’on agisse. Le résultat du vote a d’ailleurs été une preuve de notre mécontentement», a confié un jeune homme en colère à Libreville où un nouveau bureau a été élu pour la province de l’Estuaire. Il est désormais tenu par Dina Ibouanga (présidente) et Estelle Diane Benga Amvane (vice-présidente). Ce qui n’a pas été le cas à Makokou où malgré les bulletins blancs et nuls, le président sortant, unique candidat, a été reconduit par défaut à travers un vote où des sceaux ont servi d’urnes. Pour se faire entendre, les membres lésés ont dit avoir usé de tous les recours possibles. Mais ils n’ont pas eu gain de cause.
Sauver la Croix-Rouge gabonaise du marasme
Entre votes nuls et signatures de pétitions, les volontaires ont dit avoir voulu dénoncer la mauvaise gouvernance et les travers, au Gabon, de ce mouvement humanitaire. Ils assurent avoir profité de la journée de vote du samedi 15 mai pour attirer l’attention des instances internationales sur l’urgence de sauver la CRG du marasme dans lequel il semble s’enliser depuis quelques années.
Le renouvellement des représentations provinciales précède l’élection nationale qui permettra d’élire le nouveau président de la CRG pour un mandat de 4 ans. La dernière élection a eu lieu en 2013 et le mandat aurait dû prendre fin en 2017 mais il n’y a pas eu d’élection. En place depuis 8 ans, le bureau actuel est, pour ainsi dire, en déphasage avec les textes qui régissent la CRG. Guy-Patrick Obiang ayant ouvertement affiché des ambitions politiques en intégrant notamment le gouvernement et en menant des activités dans le cadre de son parti politique, l’organisation des élections, assemblées générales provinciales et assemblée générale nationale est supervisée par la vice-présidente de Guy-Patrick Obiang et présidente nationale intérimaire, de la CRG, Véronique Tsakoura.