La riposte contre le Covid-19 au Gabon aurait dû s’appuyer sur une étude inclusive qui aurait permis la mise en place d’un plan de crise efficace, a indiqué Albert Ondo Ossa, le 14 mai à Libreville. Au lieu de cela, «le gouvernement a pris des décisions à l’emporte-pièce avec pour seule préoccupation l’enveloppe financière et les subsides proposées par l’extérieur». L’analyse des choix du Copil et du gouvernement par un économiste et ancien candidat à la présidentielle. Ses suggestions quant à la situation du Gabon qui risque de se détériorer de plus belle.
La gestion de la pandémie du Covid-19 le Gabon serait biaisée et financièrement intéressée. Tel est en substance l’avis d’Albert Ondo Ossa, livré aux médias le 14 mai à Libreville. «Le gouvernement a pris des décisions à l’emporte-pièce avec pour seule préoccupation l’enveloppe financière et les subsides proposées par l’extérieur», a affirmé le professeur d’économie. Pour lui, le gouvernement aurait dû se rappeler les mesures initiées en 2018 pour engranger des économies budgétaires qui seraient orientées prioritairement vers le financement des politiques publiques bénéfiques aux couches sociales les plus vulnérables.
«Suivisme puéril et moutonnier»
Or, a regretté Albert Ondo Ossa, «toutes les mesures et réformes engagées se sont malheureusement révélées aussi inefficaces les unes que les autres pour plusieurs raisons et, principalement, leur manque de pertinence par rapport à leur objet et leur inadaptation au milieu en raison précisément de l’absence d’une étude sérieuse et une réflexion approfondies préalables, comme outil supplémentaires inclusif d’aide à la décision». Selon l’ancien ministre d’Ali Bongo, la riposte contre la crise sanitaire aurait dû s’appuyer sur «une analyse de la situation constamment mise à jour, grâce à la maitrise de ses canaux de propagation à la sphère économique».
Le professeur à la Faculté de droit et des sciences économiques de Libreville estime que le gouvernement s’est emmuré dans un «suivisme puéril et moutonnier, en œuvrant comme d’habitude dans l’opacité́, sans étude préalable, sans repère et sans même prendre l’avis d’experts sérieux en la matière». Il déplore l’injonction, «sans explication ni justification», d’un vaccin n’ayant pas encore fait ses preuves. De même il conseille «au pouvoir actuel» plus de transparence, de méthode et d’arguments persuasifs, «au risque de se retrouver confronté à une résistance malicieuse dont il ne soupçonne nullement la portée et les conséquences.»
Maitriser les dépenses de fonctionnement lors de la récession post-Covid
L’économiste regrette l’absence d’une étude inclusive, qui aurait dû permettre la mise en place d’«un plan de crise comprenant l’ensemble des mesures à prendre pour limiter les risques de propagation de la pandémie et assurer, autant que possible, la survie du plus grand nombre». Le gouvernement aurait ainsi dû rapidement évaluer l’impact de l’ensemble des mesures sur l’économie nationale, notamment l’impact budgétaire, dans un contexte général de baisse de 30% du prix de pétrole, de ralentissement des exportations et de baisse des recettes douanières. Ensuite, il aurait fallu apprécier à leur juste valeur, les mesures exceptionnelles prises par le gouvernement et celles qu’il serait amené à prendre : le recours à l’emprunt et l’ajustement budgétaire interne.
Enfin, le gouvernement aurait dû envisager, au moment où l’activité économique est en déclin, comment amortir le choc en vue d’un retournement de la conjoncture et pour éviter toute dépression et contenir la récession. Après ce tacle bien placé, Albert Ondo Ossa n’a pas manqué de prodiguer de précieux conseils aux dirigeants pour surmonter les contrecoups de l’après-Covid. «Étant donné que la situation budgétaire du Gabon risque de se détériorer de plus belle pendant la récession qui suivra inévitablement la crise du Covid-19, l’insoutenabilité probable des finances publiques devrait normalement conduire à des efforts d’assainissement budgétaire, tout au moins, à une meilleure maitrise des dépenses de fonctionnement, en particulier la masse salariale et la dynamique de la dette», a-t-il conclu.