Créé il y a cinq mois sans tambours ni trompettes, le Mouvement des jeunes pour l’alternance (MJA) a procédé, le week-end écoulé, à sa première sortie officielle à Libreville. Exclusivement composé de jeunes se réclamant de l’opposition, le MJA entend jouer un rôle dans l’aboutissement d’une véritable alternance au Gabon.
Fortement ancré dans l’opposition, le Mouvement des jeunes pour l’alternance (MJA) s’est ouvert, samedi 7 juin 2014, aux populations gabonaises à la faveur d’une conférence de presse organisée au quartier Cocotiers dans le 2è arrondissement de Libreville. Composé de plusieurs individus se réclamant de la semi-clandestine Union nationale (UN), le jeune mouvement créé il y a cinq mois dans le silence avant sa sortie officielle, entend «conduire le Gabon vers l’alternance, libérer le peuple gabonais du système PDG [Parti démocratique gabonais, au pouvoir – ndlr] et ses acolytes de la Majorité».
Loin d’être, naturellement, tendre avec le pouvoir en place qu’il dit ne pas considérer depuis de nombreuses années et davantage depuis la présidentielle anticipée de 2009, Ghislain Ledoux Mbo’Ovone n’est pas allé par quatre chemins pour livrer son appréciation du parti d’Ali Bongo. Pour le président du MJA, «depuis 1968, le PDG confisque le pouvoir et gère le pays sans un plan de développement avéré. Cette confiscation du pouvoir a renforcé, dans le temps, les bases d’un système dictatorial et une pauvreté galopante des populations». Un contexte qui, selon lui, se traduirait notamment par l’absence voire l’inexistence d’une démocratie véritable, ainsi que le non-respect manifeste de la souveraineté du peuple lors de toutes les consultations électorales.
Pour les jeunes du MJA, à quelques années de la grande échéance électorale de 2016, l’heure est désormais à une véritable réflexion sur l’alternance qui, à leur sens, pourrait permettre au pays de sortir de sa situation. Pour ce faire, ont-ils annoncé, les actions du Mouvement devraient être axées sur la fédération et la conscientisation de la jeunesse républicaine, «afin qu’elle joue un rôle moteur dans ce combat». Aussi, ont-ils tenu à indiquer que le MJA, loin de subir une quelconque influence extérieure, nourrit l’ambition de «faire appel à une candidature unique de l’opposition véritable pour les prochaines élections présidentielles de 2016».
A cet effet, Ghislain Ledoux Mbo’Ovone, mettant en garde les leaders de l’opposition quant à d’éventuelles «candidatures fantaisistes», a déclaré : «Face à un système politique qui a fait de la consultation électorale à un tour son mécanisme de maintien au pouvoir, les multiples candidatures fantaisistes de cette opposition ne peuvent pas garantir une réelle alternance, et ainsi satisfaire les aspirations du peuple.»
Dans la foulée, le directoire du mouvement dont fait partie le leader étudiant et conseiller municipal du 1er arrondissement de Libreville, Firmin Ollo, a tenu à réagir sur le «Pacte social» auquel adhère désormais plusieurs partis politiques de la Majorité et de l’opposition. Pour ces jeunes, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, «le pacte social d’Ali Bongo est un projet confus parmi une succession d’autres projets et autres pactes dont l’issue est tout aussi incertaine».