Au Gabon, les femmes pourraient voir leurs droits se renforcer grâce à des modifications attendues des Codes civil et pénal. Si dans la galaxie Bongo on parle d’une avancée propulsée par le couple présidentiel, Paul Marie Gondjout de l’Union nationale (UN) y voit une évolution de la société gabonaise conforme aux principes de la Constitution du pays. Dans ce contexte, l’opposant qui soupçonne le Gabon d’être dirigé par des femmes a ironisé sur les antennes de TV5 Monde, «nous sommes réellement en pleine décennie de la femme».
Après le quitus donné par le gouvernement gabonais pour des modifications du Code civil et du Code pénal en vue du renforcement des droits des femmes dans le pays, l’opinion s’est enflammée. Pour ou contre, les débateurs devraient se conformer à la décision du Parlement qui, pense-t-on, devrait approuver les modifications envisagées sans grande difficulté. Mais au milieu des débats, Paul Marie Gondjout de l’Union nationale (UN) estime qu’il s’agit d’un problème de société pour lequel tout calcul politicien est à bannir. «C’est vrai qu’il y a une petite polémique qui est née de la fonction du chef de famille qui serait partagé entre la femme et l’homme mais je pense que ce n’est pas ça le plus important», a exprimé l’opposant sur les antennes de TV5 Monde. Pour lui, le projet de loi présenté au Parlement traite de 3 questions principales : les droits de la femme, les violences faites aux femmes, et aussi une réforme du Code pénal donnant une plus grande facilité aux femmes de pouvoir divorcer et interrompre des grossesses non voulues.
Paul Marie Gondjout y voit une évolution de la société découlant d’une prise de conscience collective, mais surtout qui se conforme à la Constitution gabonaise qui parle d’égalité. «Un certain nombre de lois étaient en retard par rapport à la Constitution. Il était temps de les mettre à niveau, de les dépoussiérer de ces aspects rétrogrades», a-t-il expliqué. Si dans la galaxie Bongo on parle d’une avancée voulue par le couple présidentiel et conforme à la Décennie de la femme décrétée par Ali Bongo, Paul Marie Gondjout souligne cependant que le pays «a connu dans les années antérieures beaucoup d’avancées». Il note par exemple qu’à compétences égales, femmes et hommes ont les mêmes salaires. Alors que de nombreux Gabonais prennent la nomination d’Ossouka Raponda, au poste de Premier ministre, comme exemple de promotion d’égalité homme/femme, Paul Marie Gondjout est dubitatif : «je me méfie beaucoup de nominations gadgets».
Le Gabon dirigé par des femmes ?
«Je pense que la nomination du Premier ministre au Gabon est intervenue au moment de la décennie de la femme. C’est une bonne chose qu’une femme soit Premier ministre. Mais qu’elle soit Premier ministre sur la base de ses compétences, de sa force politique», a-t-il commenté. «Mais cela n’enlève rien aux qualités de Mme Ossouka qui est Premier ministre», a-t-il cependant argué soulignant que les femmes au Gabon accèdent souvent à certains postes de haut niveau. «Aujourd’hui nous sommes, je pourrai le dire de manière maligne, dirigés par les femmes», a-t-il affirmé allusion faite au Premier ministre, au président de la Cour constitutionnelle ou encore au président du Sénat. «Et pour ne pas dire autre chose, il y a encore d’autres femmes qui sont à la manœuvre dans la gestion du Gabon», a-t-il sous-entendu affichant un sourire narquois.
Un sourire qui pourrait en dire long dans un contexte où, bien que le chef de l’État soit régulièrement montré, par les médias, dans l’exercice de ses fonctions, nombreux se demandent toujours «qui dirige le Gabon ?». «Donc nous sommes réellement en pleine décennie de la femme au Gabon si on peut le voir de cette manière-là», a poursuivi avec le même sourire l’homme politique qui par la suite a remis au goût du jour une question apparue au sein de l’opinion avec l’AVC de Ryad. «Nous sommes rentrés dans l’impasse depuis l’accident vasculaire cérébrale de monsieur Ali Bongo Ondimba parce que cela pose le problème de la gestion de l’État aujourd’hui, de savoir s’il est en pleine capacité de ses facultés cognitives pour gérer le Gabon», a-t-il articulé. Faut-il donc croire que le pays est géré par des femmes, aussi bien en vitrine qu’à la manœuvre dans l’ombre, et qui jouissent bien de leur décennie ? Pour Paul-Marie Gondjout, il est clair qu’«il manque un capitaine à la barre».