Avec 76 partis politiques répertoriés par le ministère de l’intérieur en 2019 soit un ratio de 19 738 habitants pour un parti, le Gabon fait face à un phénomène pour le moins récurrent en Afrique et qui fait tache dans le développement d’un écosystème démocratique dynamique. Une évidence soulevé par l’ancien ambassadeur du Gabon en France Flavien Enongoué qui, dans une tribune parue dans le quotidien L’Union vendredi 9 mars 2021, a relevé la nécessité de réguler le processus de légalisation des partis politiques qui serait basé sur le fait que les formations qui réussiront à obtenir au moins un élu lors des prochains scrutins électoraux bénéficieront « d’un renouvellement automatique de leur reconnaissance légale ».
S’il l’avait déjà évoqué dans une tribune publiée le 21 juillet 2014 et intitulée « Faut-il supprimer les partis politiques ? », le diplomate gabonais, profitant du débat suscité par la proposition de René Ndemezo’Obiang de constituer de grands ensembles politiques est longuement revenu sur ce qu’il a qualifié « d’absurde prolifération » des partis politiques.
S’appuyant sur le principe énoncé par l’économiste et sociologue allemand Max Weber, Flavien Enongoue relève que le rôle d’un parti politique est de « concourir véritablement à l’expression du suffrage, participer réellement à la formation de l’opinion publique et contribuer à l’animation de la vie politique ». C’est tenant compte de ces fondements qu’il peut effectivement contribuer au développement de la démocratie. Chose qui semble loin d’être le cas au Gabon, qui avec une soixantaine de formations politiques fait face à une « cacophonie » qui alourdit le débat politique.
Ainsi, pour ce Maître-Assistant de philosophie politique à l’Université Omar Bongo (UOB), la solution passerait par une élimination naturelle par les urnes en revenant sur « la solution qui avait prévalu au surlendemain de la Conférence nationale d’avril-mai 1990 ». Il faut souligner qu’ au sortir de cette rencontre, seuls les 9 partis représentés alors à l’Assemblée nationale, issue des législatives de 1990, bénéficièrent automatiquement d’une reconnaissance légale, une solution qui pourrait se transposer lors des prochaines élections pour mettre de l’ordre dans le paysage politique gabonais où prolifère ce que d’aucun nomment des « partis gazelles ».
« On peut saisir l’occasion des prochaines élections législatives et locales prévues courant 2023 pour que les partis qui réussiront à faire élire au moins un élu dans l’une des Assemblées politiques à renouveler, c’est-à-dire à avoir au moins un député ou un conseiller municipal ou départemental, bénéficient d’un renouvellement automatique de leur reconnaissance légale », a soutenu Flavien Enongoue.