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De l’art du replâtrage
Publié le vendredi 6 juin 2014   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
De l’art du replâtrage


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Les habitants des quartiers Nzeng-Ayong, à Libreville, et ceux du PK8, en banlieue Est de la caitale, ont eu l’ «agréable surprise» de constater au lever du jour, le 4 juin 2014, que les «cratères» qui parsemaient les voies de leurs quartiers ont été bouchés. Il a fallu que le président de la République s’annonce sur ces trajets pour que ces travaux soient faits à la vitesse éclair… mais pour durer combien de temps ?

Le président de la République a, en effet, effectué, le mercredi 4 juin 2014, un bref tour de ville qui l’a mené dans certains quartiers de Libreville en vue de visiter les lieux devant accueillir les infrastructures de lutte contre les inondations ayant régulièrement cours dans la capitale gabonaise. Il s’est ainsi rendu dans les quartiers Terre-nouvelle, Nzeng Ayong, PK 8, Gué-Gué et Awondo dans la vallée de Sainte-Marie.

Et les Gabonais d’être surpris des changements urgentissimes, notés sur le parcours du président. Du côté de Nzeng-Ayaong comme de la descente de l’hôtel de la Can en allant vers le PK8, les trous qui s’étaient formés sur la chaussée et empêchaient la fluidité du trafic, depuis plusieurs mois, ont été nuitamment bouchés. Les ordures qui peinent régulièrement à être ramassées dans certains de ces lieux ont été débarrassées en un clin d’œil.

Face à la promptitude avec laquelle ces travaux se sont déroulés, les habitants de ces quartiers n’ont eu que des interrogations pour apprécier le geste. «C’était donc possible de boucher aussi rapidement ces trous ?», s’est interrogée une dame habitant près du Lycée Vincent de Paul Nyonda de Nzeng-Ayong. Comme elle, un taximan, se réclamant de la province de l’Ogooué-Ivindo, s’est demandé «si le peuple avait une valeur aux yeux de ceux qui ont fait ce travail». Pour lui, c’est «du saupoudrage et de la pure tromperie en vers le chef de l’Etat qui ne peut plus ainsi mesurer le calvaire des automobilistes Librevillois». «Le problème reste entier. On a versé un peu de gravier dans les trous et on a éparpillé du coaltar, le temps que le président passe. Mais après que feront les populations ?», a-t-il laissé entendre dans un débat engagé avec ses clients.

Le problème que soulève cette méthode est celui de l’offre de meilleurs conditions de vie aux Gabonais. «En laissant pourrir la situation sur ces routes qui se dégradent à la vitesse grand V, est-ce que ceux qui nous dirigent pensent à toutes les difficultés liées simplement à l’embouteillage qu’elles causent ?», a encore interrogé un enseignant remonté qui a constaté vers 20 heures, en rentrant chez lui, que la montée de l’hôtel de la Can au quartier Nzeng-Ayong, a été «grattée à la hâte». «Ce sont ces petites chosent qui doivent contribuer à l’effectivité de la politique sociale en faveur des populations. Mais on fait plutôt dans la tricherie», pense-t-il.

Si autant de voix se sont levées pour fustiger ces façons de faire, c’est que la situation perdur sans qu’aucun membre du gouvernement n’en fasse cas. Et la population vivant dans ces zones subit le diktat des transporteurs qui n’y arrivent que moyennant des tarifs exorbitants. De même, les embouteillages occasionnés par cette dégradation de la chaussée à ces endroits contribuent à accentuer les retards fustigés dans l’administration, et par delà, les lenteurs qu’on décrie dans la gestion des dossiers dans l’administration publique notamment.

Au-delà, on peut se demander pourquoi ces routes, refaites il n’y a pas deux ans, ont-elles pu se dégrader à ce rythme ? Ont-elles été réalisées dans les normes ? Les ingénieurs chargés d’en superviser les travaux, ont-ils consciencieusement fait leur travail ? N’ont-ils pas été corrompus par quelques chefs d’entreprises véreux ? Pourquoi persister à réparer les routes dégradées avec des techniques n’ayant pas fait leur preuves auparavant ? «La folie, disait un grand homme de sciences, c’est de toujours refaire la même chose en croyant arriver à un résultat différent».

Voilà quelques remarques et interrogations que se posent, au quotidien, des citoyens qui vivent le calvaire des routes défoncées lorsqu’ils voient les moyens déployés par l’Etat, il n’y a pas si longtemps, pour les rendre praticables. En regardant le saupoudrage du mercredi 4 juin 2014, bien de Gabonais voudraient que le chef de l’Etat, qui a certainement remarqué la supercherie, puisse prendre ses responsabilités en appliquant des sanctions ou encore qu’il descende chaque jour dans un autre quartier.

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