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Suite à l’Appel à la Paix des Braves : Ouverture ou arrangements ?
Publié le lundi 29 mars 2021  |  Gabon Review
René
© Autre presse par DR
René Ndemezo’o Obiang, président du CESE.
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En réaffirmant les vertus du dialogue sans faire le tour de la question, les soixante partis politiques, membres du Conseil national de la démocratie (CND), ont donné l’impression de ne pas avoir tiré les leçons du passé.

Avant de prendre une initiative, il faut tirer les leçons du passé. Avant de porter une idée, il faut l’évaluer pour ne pas nourrir des soupçons de manipulation. Pour ne pas prêter le flanc aux accusations d’arrangement, il faut la mettre en perspective. Au lendemain de la présidentielle d’août 2016, Ali Bongo en avait fait l’amère expérience : ayant appelé à un dialogue sans avoir préalablement consenti à un geste d’apaisement, il s’était heurté au refus de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), emmenée par Jean Ping. Malgré l’adhésion de René Ndemezo’ Obiang, Séraphin Nadot Rembogo ou Pierre-Claver Maganga Moussavou, cette rencontre est demeurée une simple péripétie : elle n’a nullement servi à décrisper le climat socio-politique voire à hâter cette réconciliation nationale tant évoquée.

Le président de la République, arbitre ou acteur ?

Lancé par une soixantaine de partis politiques, «l’Appel à la Paix des Braves» connaîtra-t-il une meilleure fortune ? On peut en douter. Pour les signataires, ce serait un véritable camouflet, la preuve de leur incapacité à convaincre la classe politique. Au-delà, ce serait le signe d’une absence de prospective voire d’un divorce d’avec l’opinion publique. Déjà, de nombreux observateurs n’ont de cesse de rappeler les rendez-vous manqués : Accords de Paris, Accords d’Arambo et Dialogue d’Angondjé, notamment. En leur entendement, l’idée chère à Guy-Christian Mavioga et Clay-Martial Obame Akué a des airs de déjà-vu. Elle procéderait d’un désir d’aller à la soupe afin de se procurer quelques avantages. «J’ai connu ce scénario à quatre reprises et je n’y participe plus», a, du reste, tranché Pierre-Claver Maganga Moussavou.

Disant s’inquiéter de la rupture de la confiance, Guy-Christian Mavioga parle de la nécessité «d’éviter toutes formes de cataclysmes et calamités dans notre pays.» Pour lui, la classe politique doit «avoir le courage d’agir ensemble pour corriger les fractures (…).» En clair, le secrétaire exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC) doute de la capacité des institutions à favoriser les investissements, défendre la chose publique et offrir une perspective. En conséquence, il réaffirme les vertus du dialogue et de l’ouverture. A-t-il fait le tour de la question ? A-t-il cherché à cerner les raisons de l’échec des précédentes grand-messes ? Envisage-t-il la «Paix des Braves» comme la résultante d’une consultation ou d’une concertation ? Comment entend-il la formaliser ? Quelle place veut-il accorder au président de la République, arbitre ou acteur ? Sur tous ces aspects, pas grand-chose n’a été dit.

«Tous pourris», terreau de la crise de confiance

La dernière présidentielle ayant un effet de rémanence, les blessures occasionnées n’ayant pas été traitées, les frustrations engendrées n’ayant pas été évaluées, les signataires de «l’Appel à la Paix des Braves» n’ont pas tort d’exprimer leurs inquiétudes. Eu égard au climat socio-politique, ils ont de bonnes raisons d’exprimer leurs craintes. Au vu des incertitudes nées des ennuis de santé d’Ali Bongo, on ne peut leur reprocher d’en appeler au sursaut afin de «raffermir notre vivre-ensemble et panser nos plaies.» N’empêche, leur initiative paraît politiquement décalée. Intellectuellement, elle semble mal ficelée. En reprenant la terminologie utilisée par Pierre-Louis Agondjo Okawé au lendemain de la présidentielle de décembre 1993, ils ont ravivé le souvenir des Accords de Paris, aujourd’hui perçus comme un naufrage collectif, le prélude à la liquidation des acquis de la Conférence nationale de 1990. En se gardant de pointer les incessants bricolages juridiques, ils ont laissé le sentiment de ne point se soucier des flottements institutionnels observés depuis un peu plus de deux ans. En évitant de se prononcer sur la situation du président de la République, ils ont donné l’impression d’être disposés aux arrangements les plus douteux, y compris avec des personnalités n’ayant ni qualité ni compétence encore moins légitimité pour exercer le pouvoir d’Etat.

D’ailleurs, ces dernières heures, un événement est venu en rajouter à la suspicion : l’exclusion du porte-parole des signataires du Rassemblement des patriotes républicains (RPR). S’il promet s’exprimer dans les tout prochains jours, Clay-Martial Obame Akué est accusé d’»indiscipline, et de trahison notoire à l’égard du président (du RPR) de tous les adhérents et sympathisants (de ce) parti.» Il aurait agi sans «mandat du président (du RPR) ni du bureau exécutif.» Or, cette manière de faire légitime la logique du «Tous pourris», terreau de la crise de confiance et de l’individualisme. La «Paix des Braves» ne saurait être une question politicienne. Elle procède d’abord de l’éthique individuelle.
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