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Guichet spécial débits de boisson : «Le gouvernement s’est foutu de nous»
Publié le mercredi 17 fevrier 2021  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Gabon: coup de balai dans les bars et boîtes de nuit de Libreville
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Les tenanciers des bars dancing, boîtes de nuit, snacks bars et bars sont passés à la caisse le 15 février où ils ont reçu des chèques allant de 250 à 300 000 francs CFA à toucher à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), dans le cadre de l’aide Covid, suite à la fermeture de leurs structures. Déçus des montants largement inférieurs à leurs bénéfices ou encore les taxes qu’ils paient, ils ont estimé que le gouvernement s’est foutu d’eux.

Le 15 février à l’Agence comptable du Fonds solidarité et Fonds Covid, des chèques ont été remis à 4 types d’opérateurs économiques ayant préalablement déposés leurs dossiers auprès du ministère du Commerce. Notamment, les tenanciers des bars dancing, boîtes de nuit, snacks bars et bars dont les structures sont fermées depuis le début de la pandémie au Gabon. Ces derniers devront se présenter à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), où ils pourront se faire payer.

Sur 1000 structures recensées par l’association nationale des tenanciers du Gabon, 333 dossiers ont été enregistrés, 197 jugés éligibles et 139 dossiers incomplets. Cependant, à l’Agence comptable le 15 février, plusieurs noms ne figuraient pas dans les listes définitives bien qu’étant en situation régulière. «J’ai fourni toutes les pièces qu’il fallait, j’ai reçu un numéro. Je ne sais pas pourquoi mon nom n’est pas là. Je n’espère même plus», s’est désolée une opératrice économique.

«Nous avons 181 dossiers. Les autres dossiers sont en cours de traitement, le processus se met en place», a pour sa part, fait savoir l’agent comptable selon qui, les montants alloués aux opérateurs ont été fixés par une Commission mise en place pour statuer en fonction de l’enveloppe allouée. Allant de 200 000 à 300 000 francs CFA, ces montants ont déçus les opérateurs économiques. «J’ai un snack bar qui me fait par semaine 1,5 millions et là on me donne un chèque de 250 000 francs CFA. Vraiment, c’est aberrant. Et puis on dira aux gens qu’on a donné de l’argent ?», s’est offusqué Hugues, patron de HP Shop cocotier, un snack bar. «On nous a demandé un bilan financier que j’ai présenté. Par mois je peux avoir plus de 3 millions. Avec ce chèque je fais quoi ? Ça ne paie même pas 1 mois de là où je suis», a ajouté ce père de famille, patron de 7 employés qui attendent de lui une rémunération.

«300 000 francs CFA équivaut à une soirée de semaine»

A côté de Hugues, d’autres comme Joël Mapangou ayant perçu des chèques de 300 000 francs CFA. «300 000 francs CFA équivaut à une soirée de semaine, donc à un mercredi ou à un jeudi, dans ma structure. Même pas un week-end», s’est-il emporté. Patron de 12 employés, il paie pour sa structure un loyer de 400 000 francs CFA, des factures d’eau et d’électricité, auxquels s’ajoutent ses charges personnelles puisqu’étant locataire. «Ça veut juste dire que le gouvernement s’est foutu de nous» a-t-il soutenu, rappelant que la décision de venir en aide a été prise par le président de la République. «A moins que l’on dise que c’est le président de la République qui veut se moquer des Gabonais» a-t-il commenté, choqué de percevoir un chèque de 300 000 après 11 mois de fermeture.

Déterminé à ne pas laisser le gouvernement «se moquer» des opérateurs qu’ils sont, il compte avec les siens, interpeller le président de la République et les parlementaires d’autant plus que la rentrée parlementaire devrait s’effectuer le premier jour du mois de mars. «Nous allons interpeller les parlementaires parce qu’ils ont une mission de suivre l’action du gouvernement», a-t-il dit. «J’ai mon bilan financier avec moi et le mois qui avait été retenu par les services, c’est le mois de février. En février, je fais des bénéfices à hauteur de 4,5 millions de francs CFA. Nous sommes étonnés avec 11 mois de fermeture, de percevoir un chèque d’un montant de 300 000 francs CFA», a déclaré l’opérateur économique avec une pointe de colère.

A quoi bon être en règle ?

Les tenanciers mécontents se sont interrogés sur la nécessité d’être en règle quand l’Etat, disent-ils, ne joue pas son rôle. «Nos structures s’acquittent de manière normale de leurs taxes. Et nos taxes sont mêmes au-dessus du montant qu’on nous donne 11 mois après la fermeture», s’est irrité Joël Mapangou. «Lorsqu’on veut copier ce qui se fait en France, parce que c’est ce que le Gabon sait faire, il faut bien calquer» a-t-il critiqué, assurant que les structures de nuit interdites d’ouverture en France «sont payées à hauteur de 70% de leur bénéfice, et leurs employés sont rémunérés à 100% parce que c’est l’Etat qui a causé du tort à ces structures-là. Donc l’Etat à l’obligation de réparer ce préjudice» a-t-il affirmé, s’interrogeant sur le mode de calcul effectué au Gabon.

Alors que les résultats de l’enquête parlementaire sur les fonds Covid n’ont pas été communiqués et que le pays a reçu des soutiens extérieurs, les opérateurs économiques se demandent «pourquoi l’Etat veut mettre en difficulté des personnes en situation régulière» ? «Les informations qu’ils nous ont demandées ayant trait à nos bilans financiers ont servi à quoi ? Parce que si vous faites le calcul, quelqu’un qui a reçu 200 000 francs, ça veut dire qu’on lui donne 20 000 francs par mois, sur 10 mois», a interprété un opérateur. Si l’on est en droit de se demander s’il s’agit d’un acompte versé aux opérateurs, ces derniers qui s’estiment lésés compte bien engager des démarches. «On va faire en sorte que l’Etat nous considère», ont-ils lâché.
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