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Covid-19 / Bain de foule du ministre de la Santé : Risques d’incivisme
Publié le lundi 31 aout 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le ministre de la Santé, Guy-Patrick Obiang en visite d’inspection et d’évaluation des instructions données aux responsables de l’hôpital psychiatrique de Melen
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Du fait des manquements de Guy-Patrick Obiang Ndong, le gouvernement aurait l’air fin en maintenant les limitations des libertés préconisées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.

Les mesures et limitations des libertés, préconisées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, font-elles encore sens ? Pour le gouvernement, la réponse coule de source : la pandémie n’étant pas encore maîtrisée, le port du masque, les gestes barrières et l’interdiction des rassemblements doivent être maintenus. Seulement, depuis quelques jours, le ministre de la Santé est au centre d’une polémique : en visite à Oyem, Guy-Patrick Obiang Ndong a pris un bain de foule, se rendant coupable de manquement à l’éthique, à la responsabilité et à la morale publique. Bien entendu, la colère de l’opinion ne s’est pas fait attendre, la plateforme citoyenne « Touche pas à ma terre » s’autorisant à demander au «président de la République et (à) la Première ministre (de) tirer toutes les conséquences politiques de cet acte». En d’autres termes, Jean-Valentin Léyama, Marcel Djabioh et leurs amis exigent la démission ou le limogeage du membre du gouvernement.

Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda au défi

Si le ministre de la Santé peut nier être l’initiateur de cet accueil, une telle manifestation ne saurait être spontanée. Au vu des banderoles, de la présence du gotha administratif, de l’implication de son service du protocole et même de sa propre attitude, on peut penser à un événement rondement organisé. Ne pouvait-il pas prendre les devants en demandant aux officiels locaux d’observer la discrétion ? Ne pouvait-il pas exiger la dispersion de la foule ? Pourquoi avoir fait filmer tout cela ? S’il trouvera toujours des explications, Guy-Patrick Obiang Ndong a violé la loi sur les catastrophes sanitaires, tombant sous le coup d’un flagrant délit. Le gouvernement peut-il se murer dans le silence ? Sauf à laisser s’insinuer l’idée d’une République à plusieurs vitesses, on ne peut le penser.

D’ailleurs, s’élevant contre «la différence de traitement des citoyens devant l’urgence sanitaire», les membres de « Touche pas à ma terre » disent se réserver «le droit de saisir les juridictions compétentes». En leur entendement, cet acte appelle des sanctions. Autrement, «nul autre ne saurait se soumettre à (des) dispositions devenues discriminatoires.» C’est dire si le ministre de la Santé vient de marquer contre son camp. C’est aussi dire si les deux principales têtes de l’exécutif – le président de la République et la Première ministre – voient leur autorité mise en jeu. C’est enfin dire si la crédibilité du gouvernement se trouve ici engagée. Comme pour mettre Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda au défi d’en prendre de la graine, de nombreux internautes n’hésitent plus à rappeler les cas de personnalités étrangères limogées pour avoir violé les restrictions liées à la lutte contre le coronavirus.

Devoir d’exemplarité

Si les choses devaient rester en l’état, le gouvernement deviendrait inaudible. Il aurait l’air fin en exigeant l’application de la loi sur les catastrophes sanitaires. Comment interdire des rassemblements de plus de 10 personnes quand un ministre, de surcroît en charge de la Santé, s’adonne à des bains de foule au vu et au su de tous ? Comment exiger le port du masque quand la même personnalité prend plaisir à congratuler des danseurs et choristes évoluant sans protection aucune ? Comment se montrer intraitable sur le respect de la distanciation physique quand des accueils dignes des stars du rock sont réservés à des membres du gouvernement ? En mai dernier, le ministre de l’Intérieur mettait en garde contre la violation des «mesures de riposte», promettant des «sanctions sous forme d’amendes ou de condamnations aux travaux d’intérêt général». Même si le statut de Guy-Patrick Obiang Ndong lui confère un privilège de juridiction, l’exécutif est au pied du mur.

«Le Gabon est un Etat de droit», a toujours proclamé le gouvernement. «Force doit rester à la loi», a-t-il systématiquement martelé. On voudrait le prendre au mot. On serait tenté de lui demander de s’appliquer les règles édictées par ses soins. Après tout, la crédibilité se construit, la confiance se mérite. L’une et l’autre s’enracinent dans l’égalité devant la loi. A l’inverse, elles se perdent dans les traitements de faveur, s’étiolent du fait des injustices. Pour ne pas nourrir «l’incivisme» jadis dénoncé par Lambert Noël Matha, afin de conjurer les risques de désobéissance civile, l’exécutif doit se plier au devoir d’exemplarité. Pour Guy-Patrick Obiang Ndong et Rose Christiane Ossouka Raponda c’est, peut-être, la première épreuve du feu. Pour Ali Bongo, c’en est une de plus.

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