Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Politique
Article
Politique

Flavien Enongoué: «Je ne suis candidat à rien»
Publié le lundi 13 juillet 2020  |  Gabon Media Time
Flavien
© Autre presse par DR
Flavien Enongoué, ambassadeur Haut représentant de la République gabonaise en France
Comment


A l’occasion de la sortie de son ouvrage intitulé « Le Gabon en France » l’ambassadeur haut représentant du Gabon en France et Représentant permanent auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Flavien Enongoué est, dans une interview accordée à Gabon Media Time, revenu longuement sur l’actualité politique du pays et plus particulièrement dans sa province d’origine l’Ogooué-Ivindo dont le siège de leader politique est resté vacant depuis la disparition de l’ancien premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet.

Gabon Media Time : Monsieur l’Ambassadeur, vous venez de publier un ouvrage, « Le Gabon en France », que vous avez présenté récemment à Rouen, au corps consulaire de Normandie. De quoi traite cet ouvrage?

Flavien Enongué: Il est question, dans cet ouvrage collectif, de la mise en lumière critique des aspects méconnus de la présence culturelle du Gabon en France : la toponymie, l’histoire, le cinéma, la musique, le patrimoine muséal, la littérature, la formation des élites et la recherche scientifique.

Quel en est l’intérêt ?

Comme vous le savez, j’ai déjà conduit plusieurs projets éditoriaux. Mais l’ouvrage Le Gabon en France est d’une originalité que les lecteurs ne manqueront pas de relever et d’apprécier. A ce sujet, il y a, par exemple, deux aspects évoqués respectivement par Pierre Franklin Tavares, le Préfacier, et Bertrand Badie, l’auteur de la Postface. Le premier note le juste pressentiment cognitif que ce livre porte, à savoir que : « pour se savoir en France, autrement dit pour s’y re-connaître, le Gabon doit se souvenir de lui-même pour rechercher et trouver le « où » (lieux), le « comment » (procédures) et le « pourquoi » (raisons) de ses inscriptions mémorielles dans l’espace et dans le temps français. Ce faisant, le Gabon rafraîchit la mémoire française ». Le second relève le fait – pas suffisamment analysé dans les études sur la diplomatie – de considérer la culture comme un miroir de l’action diplomatique, en cela que la culture symbolise la solidarité et la reconstitution seine de l’universalité.

Monsieur l’Ambassadeur, permettez-nous de profiter de cette occasion pour parler de politique, un domaine sur lequel on ne vous entend plus depuis quelques années. Une question taraude les esprits et fait couler encre et salive depuis la disparition prématurée de l’ancien Premier Ministre, Emmanuel Issozè Ngondet. Votre nom est régulièrement cité parmi les éventuels successeurs politiques. Qu’en pensez-vous ?

J’espère ne pas vous décevoir ! Je vais essayer de vous répondre, tout en observant l’obligation de réserve attachée à l’exercice de mes fonctions actuelles. J’avoue sincèrement ne rien comprendre à cette histoire, tant règne une grande confusion, si je m’en tiens à ce que j’ai pu lire ici et là. Pour ce que je sais, avant que le destin ne l’arrache à la vie, le 11 juin dernier, Emmanuel Issozè Ngondet était député du 1er arrondissement de la commune de Makokou et, par ailleurs, Membre du Bureau politique (MBP) du Parti Démocratique Gabonais (PDG). Dans un cas, son suppléant siégera à l’Assemblée nationale, à partir de la prochaine session parlementaire jusqu’à la fin de la législature, en 2023 ; dans l’autre, les instances habilitées du PDG décideront, le moment venu, du choix du nouveau MBP.

Monsieur l’Ambassadeur, vous savez bien que le débat ne porte pas sur les aspects factuels que vous venez de rappeler, mais sur le choix de la personne susceptible d’assumer le leadership politique dans la province de l’Ogooué-Ivindo. Etes-vous intéressé et, surtout, vous sentez-vous capable ?

D’abord une nécessaire précision, si l’on veut apporter un peu de clarté dans ce débat. Le leadership, entendu comme capacité à influencer les autres dans la conduite d’un projet collectif, en politique comme dans bien d’autres domaines, ne se décrète pas ; il se construit, souvent patiemment. Cela suppose une vision, une méthode de travail, des projets et des personnes solidaires et déterminées pour les mettre en œuvre. Or, dans ce qu’il m’a été donné de lire et d’entendre ces dernières semaines, ce sont plutôt des conjectures circonscrites à la lutte des places supposées échoir aux ressortissants de la province de l’Ogooué-Ivindo dans l’appareil d’Etat. Si tel est le cas, je suis au regret de vous dire catégoriquement que je ne suis candidat à rien. En revanche, s’il s’agit d’approfondir la réflexion et relancer les actions de mobilisation autour de la manière dont les élites ogivines doivent collectivement participer à la construction des destins d’ensemble dans la province et au développement du Gabon, je suis d’autant plus disposé à y prendre part que j’y contribue activement depuis au moins une dizaine d’années, à la place qui a été jusqu’ici la mienne : celle d’un homme de l’ombre. Et je ne vois pas pourquoi, dans une telle vision précise des choses, je serais a priori disqualifié. C’est l’affaire de tous.

On vous sait techniquement outillé, mais il semblerait que vous soyez déconnecté des réalités du terrain politique ogivin ?

Je n’ai certes jamais été candidat à une élection politique, mais je puis vous assurer que la politique, surtout dans l’Ogooué-Ivindo, est loin d’être pour moi une « terra incognita ». Je n’ai pas besoin d’exposer ici mes états de service en la matière. Juste vous rappeler qu’il y a 25 ans, alors étudiant à l’Université Omar Bongo, j’étais de l’aventure qui mena à la création, le 25 janvier 1995, du Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP), à l’ombre d’Alexandre Sambat. Et c’est un secret de polichinelle que, depuis quelques années déjà, les dirigeants actuels de ce parti nourrissent le vœu de me voir intégrer leurs rangs et, au besoin, y jouer les premiers rôles.

Il n’est également un secret pour personne que, si la mise en œuvre locale revenait tout naturellement aux acteurs concernés, j’avais toujours eu, à l’ombre d’Emmanuel Issozè Ngondet et par sa volonté, le privilège de travailler à l’élaboration de la stratégie globale des différentes campagnes électorales au niveau provincial. Ce fut le cas lors des législatives de 2011, des locales de 2013 et de la présidentielle de 2016. J’aurais été au pays qu’il m’aurait à nouveau chargé de m’en occuper lors des législatives et locales de 2018. Encore que … ! Cette mission fort enrichissante, qu’on ne confie pas à un amateur, m’a permis, pendant toutes ces années, d’échanger, de fréquenter la quasi-totalité des acteurs politiques et des hauts cadres de la province, toutes générations confondues, et de nouer des relations qui, dans la plupart des cas, sont marquées encore aujourd’hui du sceau de la grande cordialité.

On peut donc s’attendre à ce que vous descendiez dans l’arène politique ogivine lors des prochaines élections législatives ou locales, en 2023 ?

Les conjectures en politique permettent peut-être d’animer le village mais, à mon humble avis, ce n’est pas un exercice digne d’intérêt. Il reste que, si Dieu me prête vie et que la fortune politique m’y conduisait, ce ne sont pas les circonscriptions politiques qui me feraient défaut, à Libreville comme dans l’Ogooué-Ivindo. Dans le 1er arrondissement de Makokou par exemple, où je vote depuis 2011, comme dans le 1er siège du Département de l’Ivindo, où j’ai des intérêts ancestraux et familiaux régulièrement entretenus, on compte par milliers, dans un cas, et par centaines, dans l’autre, le nombre de personnes qui souhaitent me voir descendre dans l’arène politique.

Mais, je ne suis pas de nature à élaborer des plans sur les comètes, à penser à la prochaine marche d’escalier alors que même la réalisation de la mission présente, tout à la fois prestigieuse et délicate de représenter le Gabon en France et auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), m’oblige à un investissement total. Pour tout vous dire, je dois notamment à la lecture d’un grand philosophe allemand, Hegel, cette leçon de sagesse dans la manière de s’orienter dans la pensée comme dans l’action : ni trop tôt ni trop tard, c’est la nuit tombée que la chouette de Minerve prend son envol.
Commentaires


Comment