Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

Le ministre des Affaires étrangères du Gabon dénonce les propos néo-colonialistes d’un député français
Publié le vendredi 10 juillet 2020  |  LaLibreville.com
Ali
© aLibreville.com par DR
Ali Bongo Ondimba reçoit son ministre des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze
Comment


« Le chef de l’État (du Gabon) n’est plus en mesure de présider son pays depuis 18 mois en raison de son état de santé », a cru bon de déclarer un député français, élu du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, hier, à l’occasion d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Une affirmation gratuite et maladroite qui lui a valu une réponse cinglante de la part du ministre gabonais des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze.

Bien mal lui en a pris. En voulant sans doute faire un effet de manche en évoquant, au détour d’une question sur l’opposant malien Soumaïla Cissé adressée au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le député français du Haut-Rhin, Bruno Fuchs ne s’attendait pas à recevoir une telle volet de bois vert, un tel concert de désapprobations (lire notre article).

Il faut dire que ces insinuations, aux relents néo-colonialistes, fleurent bon la Françafrique à grand papa. C’est en tout cas ce que lui a fait observer ce jeudi sur Twitter le ministre gabonais des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, avec une verve dont il a le secret.

« Une certaine idée, défendue par une certaine France, voudrait faire de l’avenir du continent africain le passé éternel de la colonisation française. Demander à J.-Y Le Drian d’agir sur des États indépendants, c’est se situer dans cette France coloniale », a cinglé le ministre gabonais.

Du côté de Paris ce matin, où la gêne était palpable, on tente de minimise la portée des propos du député Fuchs, tant à l’Assemblée nationale qu’au sein de l’Exécutif.

« Bruno (Fuchs) s’est exprimé à titre personnel. Ses propos ne reflètent pas le point de vue de la majorité parlementaire », explique-t-on du côté du côté du groupe LREM.

Même son de cloche du côté de l’Exécutif où l’on prend l’exact contre-pied du député. « Le Gabon est un Etat indépendant, souverain, ami de la France dont le président légitime et reconnu par la communauté internationale est M. Ali Bongo Ondimba », rappelle-t-on du côté du Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires étrangères. « Vous remarquerez que le ministre Le Drian n’a pas répondu au député. Un silence qui vaut désapprobation », analyse un haut-diplomate français.

Pour autant, explique un politologue français, il ne faut pas exagérer la portée de cette petite phrase prononcée par ce député. « Il s’agit d’un député sur 577 qui s’exprime dans le cadre d’une question orale donc hors texte de loi, sur un sujet régalien, la politique étrangère, sur lequel l’Assemblée nationale n’a strictement aucun pouvoir », rappelle ce spécialiste des relations internationales.

Dans le système français, la réalité du pouvoir est concentrée entre les mains de l’Exécutif et, plus précisément, du Président de la République. Or, depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron, les relations entre Paris et Libreville, se sont considérablement renforcées (lire notre article).

Selon ce spécialiste français de géopolitique, rattaché à l’Université Panthéon-Sorbonne, il y a plusieurs raisons à ce rapprochement. « Les intérêts en jeu sont majeurs. Paris a besoin de Libreville dans des dossiers aussi importants que la lutte contre le réchauffement climatique et la défense de l’Accord de Paris sur lesquels le Gabon est en pointe sur le continent, mais également dans plusieurs dossiers sécuritaires comme la RCA, la lutte contre le terrorisme en Afrique centrale ou contre la piraterie dans le Golfe de Guinée…, mais également en matière économique. Je rappelle qu’Eramet, le dernier minier français, est co-actionnaire de l’Etat gabonais dans l’exploitation du manganèse, un minerai stratégique », rappelle l’universitaire.

Ironie de l’Histoire, les propos de Bruno Fuchs interviennent 24 heures après que la Cour de cassation a débouté un collectif d’opposants radicaux qui contestaient eux aussi la capacité du président Ali Bongo Ondimba à diriger le Gabon.
Commentaires


Comment