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[Série] Il s’engage en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon : Biendi Maganga-Moussavou
Publié le samedi 27 juin 2020  |  LaLibreville.com
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© Autre presse par DR
Le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et de l’Alimentation, Biendi Maganga Moussavou
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Alors que la loi de dépénalisation de l’homosexualité au Gabon a été adoptée par l’Assemblée nationale et est en cours d’examen au Sénat et que la société gabonaise parait divisée sur ce sujet, un certain nombre de personnalités ont pris position en faveur de ce texte. C’est le cas du ministre de l’Agriculture, Biendi Maganga-Moussavou. La réflexion qu’il a développée sur sa page Facebook est tellement construite et exhaustive que nous avons choisi de la reproduire in extenso.

« Parmi les 21 rapports adoptés (mardi par l’Assemblée nationale) figure celui relatif au code pénal (un argument qui, au passage, fait pièce à ceux qui dénoncent une stratégie de diversion, NDLR).

Les commentaires qui l’entoure suscite une interrogation sur notre perception de la tradition et de la religion.

En effet le sujet qui est devenu le cœur des échanges sur un code pénal moderne est celui de la dépénalisation supposée de l’homosexualité qui heurterait nos traditions et nos valeurs religieuses.

Pour moi qui ai 46 ans, je suis né en 1974, la tradition ou la coutume, je parlerai même de doctrine législative est fondée sur le code pénal de 1963 qui a été en vigueur jusqu’à ce jour.

Les plus anciens encore en vie sont ceux qui l’ont rédigé et les autres générations comme la mienne et les suivantes sont celles pour lesquelles il constitue la référence: ce code ne comportait pas de pénalisation de l’homosexualité et c’est ça ma tradition. C’est cette tradition-là qui a structuré ma personnalité.

C’est le code pénal adopté en 2019 mais qui n’a jamais été appliqué en raison de certaines incongruités qui est lui contraire aux traditions d’un gabonais de ma génération qui n’a jamais vécu ou entendu parler de l’arrestation encore moins de la condamnation, au Gabon, d’un gabonais ou d’un étranger sur ce sujet.

L’Assemblée Nationale a adopté ce texte moderne et c’est ce qu’il fallait, parce que d’une part de nombreuses procédures pénales étaient suspendues et d’autre part parce qu’il est moderne et plus efficace que celui de 1963.

Au nom des principes d’égalité et de partage mais surtout des droits et libertés constitutionnels de chacun le Gouvernement a soutenu, à cette occasion, le retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 de ce projet.

Admettons tout de même que c’est avec la même énergie que ceux qui parlent de tradition et de chrétienneté, aujourd’hui, dénoncent a contrario de façon systématique, le christianisme comme base de l’asservissement du peuple noir par l’esclavagiste devenu colonisateur, dès qu’ils sont sur d’autres sujets.

Admettons aussi que parler de tradition peut revenir à prétendre être plus patriote, plus attaché à nos valeurs traditionnelles, que les pères fondateurs de notre Nation qui ont élaboré le texte de 1963: ces pères fondateurs étaient, ne l’oublions pas leurs propres arrières-grands-pères, leurs grands-pères et parfois leurs pères et ont ne peut pas douter de leurs attachement et de leur proximité avec nos valeurs.

Je pense que la vraie question c’est qu’on a le droit de juger et même de réprouver la pratique ou l’orientation d’un autre, c’est à chacun de se déterminer. Mais souhaitons nous pour autant que cet autre, notre enfant ou non, soit condamné, envoyé en prison pour ses orientations : il y a vraiment une grande différence voilà le vrai débat.

Il ne devrait pas resurgir aujourd’hui alors que nous avons des problèmes sur lesquels notre union doit se constituer.

D’ailleurs pour ma part, ce débat a été tranché dans la foulée de la proclamation de notre indépendance. »
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