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Gabon : Le ministère de l’Economie pointe les manquements d’un reportage diffusé sur France 24
Publié le samedi 20 juin 2020  |  LaLibreville.com
Alaric
© Autre presse par DR
Alaric Moubouyi Boyer, conseiller en communication au ministère de l`Economie et des Finances
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Suite à la diffusion d’un reportage sur la chaîne publique française France 24, le ministère de l’Economie, via son conseiller en communication, a tenu à apporter des précisions.

« Utile de préciser que suite au tournage du reportage de France 24, les mesures en appui aux entreprises face aux effets de la Covid-19 ont enregistré leurs premiers bénéficiaires au nombre de 233 à ce jour », a écrit cet après-midi sur son compte Twitter Alaric Moubouyi Boyer.

Le conseiller en communication du ministre gabonais de l’économie entendait ainsi répondre à la chaîne France 24 qui avait indiqué dans un reportage diffusé ce vendredi 19 juin que « jusqu’ici 150 dossiers (de demande d’indemnisation ont été) reçus mais aucune aide (n’a) été versée ».

En interne, on tente de justifier cette différence dans les chiffres par le fait que le reportage a été tourné deux semaines avant sa diffusion et que c’est ce qui expliquerait son défaut d’actualisation.

Si les propos du conseiller en communication du ministère de l’Economie sont tout en modération, d’autres au Gabon réagissent avec moins de flegme. « C’est un reportage qui ne reflète guère la réalité », grince un ministre.

Il est vrai que celui-ci soulève bien des questions, comme l’explique un professeur en science de la communication de l’UOB. « Ce qui frappe, c’est le commentaire, résolument catastrophiste. La voix off parle d’entreprises d’une manière générale qui serait à l’agonie et convoque deux témoignages pour illustrer son propos. Mais d’une part, ces deux entreprises ne relèvent pas de secteurs frappés par les mesures de confinement. D’autre part, aucun chiffre global n’est avancé pour étayer la thèse du reportage On prend juste deux exemples dont on peut faire dire tout et son contraire », fait observer ce professeur.

Autre exemple, selon lui, la conclusion. « Lorsque l’on entend en commentaire que le dispositif d’indemnisation retenu pour les entreprises risquent de laisser de côté les entrepreneurs du secteur informel, c’est assez surréaliste », indique-t-il avant de poursuivre. « Par définition, le secteur informel ne peut bénéficier de la même prise en charge que celles du secteur formel. C’est le cas au Gabon comme partout ailleurs en Afrique et dans le monde ».

« Ensuite », complète-t-il, « et c’est une omission importante de ce reportage, dans le plan d’aide de 250 milliards de francs CFA annoncé par le président de la République début avril pour permettre de lutter contre les conséquences de la crise du Covid-19, il y a toute une série de mesures qui s’adressent en réalité à ces travailleurs de l’économie informelle, qu’il s’agisse de la gratuité de l’eau et de l’électricité, de la suspension du paiement des loyers ou encore de la Banque alimentaire […] C’est ce tri dans l’information qui crée, à tort ou à raison, l’impression au final d’un reportage biaisé », analyse l’universitaire.

Pour autant, dans le microcosme politico-journalistique librevillois, on se montre guère surpris. « Chacun ici le constate. La chaîne France 24 n’est pas réputée pour avoir une couverture bienveillante du Gabon. Il n’est qu’à voir ses derniers reportages », explique un journaliste du grand quotidien institutionnel L’Union, résumant ainsi le sentiment majoritaire dans la capitale gabonaise.
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