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Gabon : Selon Maganga Moussavou, « BLA » voulait prendre le pouvoir
Publié le mercredi 15 avril 2020  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Les membres du gouvernement Issoze Ngondet II
Composé de 38 membres dont 9 ministres d’Etat, 16 ministres et 13 ministres délégués. Photo: Vice-Président de la République : M. Pierre-Claver MAGANGA MOUSSAVOU
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Limogé du poste de Vice-président de la République gabonaise il y a un an, Pierre-Claver Maganga Moussavou accuse Brice Laccruche Alihanga d’être à l’origine d’une tentative de prise de pouvoir. Ce dernier lui aurait proposé la somme de 4 milliards de francs CFA pour trahir Ali Bongo. Face à son refus, il aurait monté de toute pièce l’affaire Kévazingo pour avoir sa peau.

Silencieux depuis son limogeage à la Vice-présidence de la République, Pierre-Claver Maganga Moussavou sort de sa réserve et évoque les raisons de son éviction. Il affirme sans sourciller que c’est l’ancien directeur de cabinet du président de la République qui l’a dégommé de la Vice-présidence de la République. La Raison ? «Monsieur Brice Laccruche Alihanga Fargeon, en tant que citoyen français, voulait prendre le pouvoir», affirme-t-il.

«Lorsque le président de la République est tombé malade, il m’a demandé d’être dans son camp. Moi Vice-président de la République. Tout opposant que j’étais, je devais respecter mon serment et être loyal vis-à-vis du chef de l’État. Et encore aujourd’hui, je l’assume», a-t-il déclaré, le 14 avril, sur les antennes de Radio Gabon. Un an après son éviction, l’homme semble avoir du mal à l’intégrer d’autant plus qu’il paierait le prix de sa loyauté envers Ali Bongo.

4 milliards de francs CFA ou le prix de la loyauté

Les gens, dit-il, «ont toujours su que Maganga n’est pas quelqu’un qui pouvait être acheté, corrompu ou être un traitre». «Monsieur Brice Laccruche Alihanga a souhaité me donner droit à 4 milliards pour que je sois dans son camp, j’ai dit non. Et vous savez ce qu’il s’est passé ?»

Selon Maganga Moussavou, les tensions au sein de l’exécutif se sont exacerbées lorsqu’il fallait décider où le président Ali Bongo allait passer sa convalescence. Entre Londres et le Maroc, les avis étaient tranchés. «Comme le président de la Cour constitutionnelle, le Premier ministre Issoze Ngondet, le ministre des Affaires étrangères Immongault, le ministre de la Défense Massard, nous avons dit que le président de la République était mieux au Maroc et nous nous y sommes tenus» a-t-il dit, indiquant que ce n’était pas l’avis de Brice Laccruche Alihanga.

«Nous avons reçu des menaces. Et vous avez vu que le premier à être limogé pendant que le président était en convalescence, c’était le Premier ministre Issoze Ngondet» a rappelé Maganga Moussavou, soulignant que Massard, Immongault et Matha ont suivi.

Le Kévazingo, un scandale imaginaire

Selon Pierre-Claver Maganga Moussavou, il fallait donc trouver une raison pour le faire partir et à priori ainsi que les autres hommes du président qui avaient refusé d’intégrer le « système BLA ». «Pour me faire partir, on a instrumentalisé un journaliste pour dire que monsieur Maganga Moussavou était chef de gang du Kévazingo et c’est ainsi que je ne sais pas comment ça s’est passé, j’ai été limogé», a-t-il soutenu. «Lui (Ndlr. Brice Laccruche Alihanga), estimait que j’étais très gênant, que je n’accepterai jamais d’être du camp de ceux qui vont aller à l’encontre d’un homme qui était en souffrance, malade, qui nous a fait confiance et que je me devais d’être loyal quoi qu’il arrive. Et notre rôle c’était de le laisser se reposer pour qu’il reprenne toutes ses forces avant de nous revenir», a-t-il expliqué, affirmant que l’affaire Kévazingo a été montée de toute pièce pour le nuire.

Pierre Claver Maganga Moussavou soutient que les 350 conteneurs de Kévazingo recherchés étaient «totalement imaginaires», car, dit-il, «s’il y avait 350 conteneurs de Kévazingo, l’État ne devait pas s’émouvoir outre mesure, car c’est de la seule responsabilité des forestiers de vendre leur bois». L’État, affirme-t-il, devait veiller à ce qu’en dehors du bois déjà coupé, on n’en coupe pas d’autre.

Julien Nkoghe Bekale le lâcheur

À en croire l’ex-Vice-président de la République, le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale avait littéralement été enrôlé dans le « système BLA ». Si les conditions de sa nomination au poste de Premier ministre en disent long, Pierre Claver Maganga Moussavou assure fermement que «l’affaire du Kévazingo, c’est une affaire qui a été décidée entre le Premier ministre, chef du gouvernement, qui obéissait à Brice Laccruche Alihanga». «Vous voyez que le Premier ministre a lâché deux ministres, celui de l’Économie et celui des Eaux et forêts sans que ces derniers aient été jugés», a-t-il commenté. «Donc, en tant qu’ancien magistrat, il a foulé au pied la présomption d’innocence et en tant que Premier ministre, il a foulé au pied le sacro-saint principe de solidarité gouvernementale en demandant à ses ministres de prendre leurs responsabilités alors qu’ils n’avaient pas été jugés», a-t-il ajouté.

Disant répondre à un devoir de vérité, Pierre Claver Maganga Moussavou insiste «il n’y a pas d’affaire Kevazingo». Selon lui, des exploitants avaient coupé le bois avant que l’interdiction ne leur soit notifiée. Pour leur dicter la conduite à tenir, il dit s’être adressé au ministre Jacques-Denis Tsanga (Eaux et forêts), qui avait répondu qu’il fallait «d’abord un état des lieux». Cependant, il assure n’avoir jamais eu des suites quant à cet état des lieux, Jacques-Denis Tsanga ayant été démis de ses fonctions et remplacé par Guy-Bertrand Mapangou, par ailleurs accusé dans ce « faux scandale ». «Et Mapangou pendant 5 mois que nous avons passés (aux différents postes) n’est pas venu dans mon bureau, on ne s’est pas vu. Par conséquent, je ne sais pas si lui, il a donné des instructions aux forestiers», a-t-il affirmé.
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