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Affaire Wally : Dignité humaine et justice
Publié le mardi 29 octobre 2019  |  Gabon Review
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© Gabon Review par DR
Affaire Wally : Une marche de protestation à Libreville
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Comment Alexis Ndouna a-t-il pu s’évanouir dans la nature avec autant de facilité ? Une autre histoire du même genre ayant défrayé la chronique l’année dernière, avait-on besoin d’une plainte ? Pour une certaine opinion, le procureur de la République fait dans l’affichage.

Le pouvoir en place est-il définitivement incapable de gérer les débats de société ? Saura-t-il un jour faire face à des révélations ? Pourra-t-il contenir une polémique sans donner des verges pour se faire battre ? Au vu du déroulement de l’«affaire Wally», ces questions font sens. Pour cette adolescente, pour toutes les victimes de pédophilie et pour la justice, bien des choses restent à clarifier. Malgré le déferlement d’informations, l’opinion n’est toujours pas fixée sur le film des événements. En dépit de l’annonce relative à l’émission d’un mandat d’arrêt international, des doutes persistent sur la réelle volonté de la justice de faire la lumière sur cette sombre histoire. Nonobstant l’organisation d’une marche de protestation, le 25 du mois courant, l’attitude du gouvernement nourrit la controverse.

Justice à la carte

Dans les chaumières, chacun y va de ses certitudes et anecdotes, ravivant des souvenirs du passé et mettant à l’index des personnalités emblématiques du régime. On veut encore croire en la sincérité du procureur de la République. On veut bien lui donner acte de sa détermination à traquer les présumés coupables et à les obliger à répondre de leurs actes. Mais une question revient, lancinante et pleine de sous-entendus : comment Alexis Ndouna a-t-il pu s’évanouir dans la nature avec autant de facilité ? Pourquoi la justice a-t-elle mis autant de temps avant de s’intéresser à cette affaire ? Le ministère public ne pouvait-il pas s’autosaisir dès les premières révélations ? Une autre histoire du même genre ayant défrayé la chronique l’année dernière, avait-on besoin d’une plainte ? Ne fallait-il pas agir avec célérité, dans le strict respect de la procédure et des droits des parties ?

Pour une certaine opinion, la justice fait dans l’affichage pour se donner bonne conscience. A maints égards, son attitude sème le trouble. Au-delà des accusations de lenteur, elle doit répondre de son mutisme quand un réseau de proxénétisme sur mineure fut mis à nue au lycée Sainte Marie de Libreville (Lire : «La virginité contre un iPhone X Max et 1 million de FCFA» . Malgré elles, ces affaires de mœurs mettent en lumière une conception hérétique de la dignité humaine. Fondée sur une approche différenciée, cette conception légitime une justice à la carte. Attachant le plus grand prix à la défense des intérêts des puissants, elle semble reconnaitre les privilèges de naissance. En fonction des liens de sang ou matrimoniaux, elle vole au secours des uns ou ignore les autres. Quand elle fait écho à l’opinion populaire, c’est rarement pour porter assistance aux misérables.

Jeu de rôles ?

D’une manière générale, la puissance des concernés ou, plus prosaïquement, leur poids politique et sociologique est déterminant dans la mise en mouvement de l’action publique. Peu conforme aux missions et fondements de la justice, cette acception garantit un contrôle politique des situations. Pourtant, la justice doit d’abord garantir le respect de la dignité humaine. Autrement dit, elle doit accorder les mêmes égards et la même attention à tous et à chacun, indépendamment de l’âge, du sexe, de l’état de santé physique ou mentale, de la condition sociale, de la religion ou de l’origine ethnique. C’est, en tout cas, le fondement de la démocratie et de l’Etat de droit. Or, comme lors du scandale du lycée Sainte Marie, le traitement de l’«affaire Wally» n’a été ni très démocratique ni respectueux de l’égalité devant la loi.

En mai 2019, l’enquête sur le réseau de proxénétisme avait été abandonnée faute de preuves. Si la jeune maquerelle supposée avait été exclue du lycée Sainte Marie, jamais l’identité du commanditaire/bénéficiaire n’avait été révélée. Cette fois-ci, la justice s’est mise à la remorque de l’opinion populaire, livrant le nom du prédateur sans même l’avoir entendu ni s’être donnée les moyens de le faire. Pourquoi une telle attitude ? Fallait-il faire retomber la pression populaire ? On ne peut s’empêcher de le penser. Comme si la justice se complait dans un jeu de rôles, le ministère public peine à donner des gages de sa volonté de faire toute la lumière sur cette affaire. N’empêche, pour Wally et pour toutes les victimes de pédophilie, cette demande doit être maintenue.
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