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Rétropédalage de Nkéa Ndzigue : La bonne gouvernance aux orties
Publié le lundi 1 juillet 2019  |  Gabon Review
Francis
© Autre presse par DR
Francis Nkea Ndzigue ,ministre de l’Education nationale.
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En revenant sur sa tonitruante déclaration du 20 juin dernier, le ministre de la Lutte contre la corruption a plombé son action avant même de l’avoir entamée.

Visiblement pressé par ses collègues, si ce n’est par le Premier ministre, le ministre en charge de la Lutte contre la corruption a préféré rétropédaler. Ayant promis s’attaquer aux «corrompus qui sont au gouvernement» et à ceux «qui sont dans les administrations centrales», particulièrement les directions générales du Budget et des Marchés publics, «siège de la corruption» (lire «Le rêve errant de Nkéa»), il a fini par revenir sur ses propos. Profitant d’une rencontre avec la représentation locale de la Banque mondiale, le 26 du mois écoulé, il a présenté ses plates excuses «aux membres du gouvernement qui ont pu se sentir visés», se défendant d’avoir eu des «mots durs vis-à-vis d’un individu bien indiqué» (lire «Nkéa regrette ses accusations»), comme s’il cherchait à rassurer quelqu’un en particulier.

Message subliminal ?

Loufoque à souhait, cet exercice de contrition est d’abord une renonciation. A maints égards, il rappelle un précédent de notoriété publique. Il y a un peu plus d’un an, Francis Nkéa Ndzigue avait déjà joué la même scène. Se drapant des oripeaux de père la vertu, il avait mis en cause l’intégrité des magistrats (lire «Nkéa répond aux magistrats»). S’il suscita la bronca des hommes de loi, l’opinion publique lui donna acte de ses déclarations. Son exfiltration au ministère de l’Education nationale lui offrit l’opportunité d’évoquer certaines réformes. Dans l’indifférence quasi-générale, il annonça des changements majeurs sur trois (3) points : l’organisation du Baccalauréat, l’orientation des nouveaux bacheliers et l’attribution des bourses (lire «Les réajustements de Francis Nkéa»). Au vu de la suite des événements, on est bien tenté de se demander si derrière sa truculence et sa fougue, l’homme ne joue pas une partition particulière.

Si la tonitruante déclaration du 20 juin dernier était à la mesure de la réputation de son auteur, elle a renforcé les doutes sur la solidité du gouvernement voire la solidarité gouvernementale. En tout cas, la rétractation du ministre en charge de la Lutte contre la corruption en dit long sur l’ambiance au sein de l’exéutif Au-delà, elle souligne son peu d’appétence pour la transparence et la reddition des comptes. Après tout, le Premier ministre lui-même se trouve englué dans un scandale de corruption documenté par la principale institution de contrôle des comptes publics (lire «Nkoghé Békalé épinglé par la Cour des comptes») et abondamment relayé par nos confrères de La Griffe (lire «Comment voler 20 milliards en deux ans ?»). Francis Nkéa Ndzigué l’avait-il oublié ? Voulait-il plutôt faire passer un message subliminal ? Entendait-il demander aux magistrats de l’ordre judiciaire de se saisir des révélations de leurs collègues de l’ordre financier ? On ne le saura jamais…

Contre le mur des réalités

Depuis son entrée au gouvernement, le ministre en charge de la Lutte contre la corruption laisse le sentiment de poursuivre des objectifs bien à lui. Dans la forme comme dans le fond, ses dernières mises en scène ont généré malaise et perplexité. Comme s’il a été menacé par plus fort, il s’est très vite confondu en excuses. Comme s’il cherchait à donner des gages de sincérité et de solidarité, il s’en est remis au gouvernement pour la «conduite de la politique de lutte contre la corruption». C’est dire si la confiance règne. C’est aussi dire combien cette sortie a fait des dégâts.

Désormais, les initiatives de Francis Nkéa Ndzigué seront scrutées par l’opinion, regardées avec a priori par ses collègues. Pour ainsi dire, l’homme a en quelque sorte rogné sa marge de manœuvre, jetant aux orties toutes les promesses de promotion de la bonne gouvernance. En se livrant à cet indécent tango, il a quelque peu compromis sa capacité à conduire une politique de lutte contre la corruption. Avant même de l’avoir entamée, il a plombé son action. Si l’actuel gouvernement avait pour mandat d’œuvrer à la promotion de la morale publique, c’est raté. Autrement dit, cette ambition proclamée s’est fracassée contre le mur des réalités. Bien entendu, cette situation nourrit les sarcasmes, élargissant un peu plus le fossé entre gouvernants et gouvernés.
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