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Discours d’Ali Bongo : le flottement institutionnel
Publié le mardi 11 juin 2019  |  Gabon Review
Ali
© Autre presse par DR
Ali Bongo, Président du Gabon
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Comme celui de la Saint-Sylvestre, le discours du 8 juin dernier ne constitue en rien une réponse à la demande d’expertise médicale.

Visiblement, le président de la République aurait préféré ne pas s’exprimer lors de la commémoration du 10ème anniversaire du décès de son prédécesseur. Sacrifiant à une figure imposée certainement conçue par son équipe de communication, Ali Bongo a disserté sur les valeurs et les réformes. Il s’est prononcé pour la composition d’un «nouveau gouvernement plus restreint, constitué d’hommes et de femmes qui vivent la chose publique comme un sacerdoce, prêts à donner la priorité à l’intérêt général et capables de faire preuve d’exemplarité, de probité et d’éthique». Autrement dit, il a pris l’engagement de placer l’action de l’exécutif sous le sceau de principes et objectifs partagés.

Une épreuve difficile

Présenté comme un homme diminué, ne disposant plus de toutes ses facultés cognitives, le président de la République a choisi de contourner le débat, espérant ainsi frapper les esprits. Même si ses proches s’en défendront, son dernier discours avait d’abord pour but d’opposer une fin de non-recevoir aux demandes de constatation de la vacance du pouvoir. Quand bien même ils ne l’admettront guère, cette sortie n’a rien apporté de nouveau. Un président de la République victime d’un accident vasculaire cérébral ? On ne saurait le tenir pour un incident, une péripétie de moindre importance. Bien au contraire, il faut interroger sur les conséquences politiques et institutionnelles d’une telle situation.

Conscient de cela, Ali Bongo s’est contenté du minimum syndical. Sur fond de résignation non feinte, il a résumé les huit (8) derniers mois : «Je viens de traverser une période difficile de ma vie», a-t-il dit, laconique. S’il a affirmé être venu à bout de cette épreuve particulièrement difficile, la volonté d’évacuer ce sujet révélait une certaine réticence voire pire. Son élocution, son timbre vocal et même sa gestuelle attestaient de la nécessité d’une prise en charge médicale au long cours. Considérations partisanes mises à part, une réalité est apparue à la face du monde : contrairement aux affirmations des hommes de cour, il est loin d’avoir récupéré toutes ses facultés. De toute évidence, l’homme a encore besoin d’importants soins de médecine physique et de réadaptation.

Lutte de clans au sommet de l’État

Malgré les commentaires triomphalistes des uns, Ali Bongo est apparu terriblement affaibli, taraudé par l’épreuve. En dépit de l’enthousiasme des autres, il a laissé le sentiment d’être engagé dans une confrontation à lui-même et à la société. Les sectateurs de la majorité ont beau vanter un président au travail, les images de samedi dernier ont monté un homme tourmenté par une expérience intérieure et personnelle. Les zélateurs du régime ont beau brocarder les défenseurs de la vacance du pouvoir, leurs saillies ne constituent en rien une réponse à la demande d’expertise médicale. Comme celui de la Saint-Sylvestre, le discours du 8 juin dernier a renforcé la conviction des sceptiques. Après tout, seule une expertise médicale peut déterminer s’il y a empêchement définitif ou pas. Or, juridiquement, l’empêchement définitif entraîne la vacance du pouvoir.

Rendue publique hier, l’équipe gouvernementale peut aider au décryptage de la situation. Depuis octobre dernier, de nombreuses personnalités réputées proches du président de la République ont été évincées, souvent dans des conditions surréalistes. Si beaucoup ont douté de l’authenticité des actes publiés à ces occasions, certains ont mis à l’index une main noire tapie dans l’ombre. De plus en plus, il s’en trouve pour dénoncer un nettoyage politicien au sommet de l’État. Dans une interview accordée à Marc Ona Essangui, le journaliste de Radio France international (RFI), Christophe Boisbouvier, évoquait une lutte des clans entre «les proches de la première dame et du directeur de cabinet» et le «groupe de républicains», le tout dans le dos du «détenteur suprême du pouvoir exécutif». Baroque, penchant d’un côté, le nouveau gouvernement accrédite cette thèse. Sa composition donne une autre résonance et encore plus de pertinence aux doutes exprimés par le collectif «Appel à agir». Autrement dit, la recomposition de l’exécutif ne saurait être une réponse au flottement institutionnel né des ennuis de santé d’Ali Bongo. Faisant mine de ne pas le comprendre, les institutions mettent, de ce fait, la République en danger.
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