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Réseau kevazingo: la justice ira-t-elle jusqu’au bout ?
Publié le vendredi 17 mai 2019  |  Gabon Review
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Lundi, le procureur Olivier Nzahou a annoncé la prochaine arrestation de plusieurs personnes liées au trafic du précieux bois, le kevazingo. Alors que plusieurs personnes ont déjà été arrêtées, reste à savoir jusqu’où ira la justice dans cette sensible affaire.

Depuis fin février et la découverte de kevazingo ainsi que de grumes prêtes à l’export dans des sites d’entreposage au port d’Owendo appartenant aux sociétés Yuntung International et 3C Transit, le réseau kevazingo est en train d’être démantelé. L’enquête est confiée aux services de contre ingérence du B2 et la justice promet de ne pas s’arrêter là.

Déjà, le colonel René Mboukou, directeur provincial des Eaux et Forêts de l’Estuaire, ainsi que Richard Lenguiessi, chef de brigade des Eaux et Forêts au port d’Owendo, ont été placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville suite aux premières découvertes de kevazingo prêts à l’export.

Les recherches ont également amené à l’arrestation de plusieurs ressortissants chinois et d’un camerounais : le chargé de la logistique à Yuntung international, Li Zhijun ; le directeur technique de cette même compagnie, Bernard Baiyee Orock Array ; un employé de la société Super Bois du Gabon (SBG), Zhang Peng ; ou encore Wu Sihan, manager à 3C Transit.

Dernièrement, le parquet a annoncé que la tête du réseau mafieux, un certain « François Wu » – de son vrai nom Wu Jufeng -, représentant de 3C Transit, est en fuite. Ses acolytes Zhu Kongfu et Amy Zang ont été interpellés.

C’est depuis 3C Transit qu’ont « disparu » les 353 containers mis sous scellés de justice car contenant du kevazingo et du bois sous forme de grumes pourtant interdites d’export. Les recherches se poursuivent, et le procureur a annoncé lundi que 200 containers ont déjà été « localisés ».

Justice VS mafia

Plusieurs arrestations devraient encore suivre, le procureur ayant annoncé lundi que des personnes sont « en voie » d’être interpellées. Le parquet fait savoir que tout agent ou représentant, quel que soit son rang ou son grade, peut être inquiété. Mais la justice aura-t-elle les mains libres pour aller jusqu’au bout de cette affaire aux ramifications s’étendant à des hauts niveaux au sein des Eaux et Forêts, du port, des douanes… et qui implique des Asiatiques ?

« La justice veut aller jusqu’au bout mais les pressions sont fortes », estime Marc Ona représentant de l’ONG environnementale Brainforest. Au port comme parmi les enquêteurs il y aurait eu des pressions voire des menaces pour stopper l’investigation, témoignent plusieurs sources à Gabonreview. « Il est toujours bien difficile de s’attaquer aux Chinois, qui ont le pouvoir de l’argent », indique une source proche de l’enquête.

Dans un rapport publié en mars dernier, l’Environmental Investigation Agency (EIA) s’était intéressé à une entreprise chinoise, le Groupe Dejia, présent au Gabon et en République du Congo. L’EIA démontre le haut niveau d’exploitation illégale de bois par cette société qui n’hésite pas à soudoyer autorités et ministres.

Des condamnations rares pour trafic de bois

En regardant les autres cas de trafic de bois par le passé, on remarque que peu de sanctions ont été appliquées. En septembre par exemple, cinq personnes dont deux forestiers, Gao Jingzhu dit “Jimmy” et Eyamane Jean Parfait, avaient été remis en liberté quelques jours après leur interpellation en flagrant délit d’exploitation illégale. Pour les cas de trafic de kevazingo, de nombreux forestiers n’ont jamais été inquiétés au-delà des mises en garde-à-vue.

Chose rare en janvier cependant : les trafiquants Huang Chuanyong, de nationalité chinoise, et Séverin B. alias Warren, de nationalité gabonaise, ont été condamnés à trois mois de prison ferme. Selon les environnementalistes, l’Etat pourrait gagner des dizaines de milliards de FCFA annuellement si le blanchiment de bois prenait fin.
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