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Dialogue social : Un écran de fumée
Publié le vendredi 26 avril 2019  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Dialogue permanent : Julien Nkoghe Bekale entouré de certains ministres
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Le Premier ministre a demandé aux syndicats de ne pas “politiser les débats”. Mais au vu des supputations sur l’état de santé du détenteur exclusif du pouvoir exécutif, les objectifs réels de cette grand-messe semblent inavoués.

(N.B. : Les écrits en rouge sont des liens cliquables ouvrant sur des articles cités ou pris en référence)

Depuis toujours et davantage depuis 2009, la pratique politique du pouvoir en place se singularise par trois choses : la corruption, l’irresponsabilité des dirigeants et un sectarisme tapageur. N’empêche, à l’instigation de son chef, le gouvernement affirme miser sur le dialogue social. A cet effet, un grand raout se tient depuis le 23 du mois courant. Seulement, en absence du président de la République, certains syndicats doutent de la pertinence d’une telle initiative.

Une gouvernance fondée sur de petits calculs partisans

On ne peut souscrire au lancement d’un dialogue social sans en rechercher les réelles motivations. Aux partisans exaltés, il faut rappeler quelques éléments de contexte : membre éminent de la garde rapprochée de Paul Biyoghé Mba au tout début de l’ère Ali Bongo, Julien Nkoghé Békalé est l’un des théoriciens et principaux bénéficiaires du nettoyage idéologique effectué dans l’administration le 19 octobre 2009 ; membre actif de l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev), il a tout autant participé à l’opération de purification politique conclue le 26 février dernier. Ses états de service montrent peu d’appétence pour la libre pensée. Son parcours suggère une propension à suivre les mouvements du vent. Ses accointances en font un héraut du sectarisme le plus étroit.

Un dialogue social permanent ? Comme s’il militait pour une amnésie collective, le Premier ministre s’en est fait le chantre. Or, on ne peut parler de concertation quand la liberté syndicale est foulée au pied. On ne peut se prévaloir d’une quelconque volonté politique quand le «détenteur suprême du pouvoir exécutif» observe le mutisme. On ne peut croire en la fécondité des échanges quand les organisations de travailleurs ont du mal à accéder à l’information sur les politiques publiques. On ne peut soutenir l’idée d’une institutionnalisation en absence du principal détenteur du pouvoir réglementaire. Pour toutes ces raisons, la suggestion de Julien Nkoghé Békalé souligne sa conception de la gouvernance, peu respectueuse de la répartition des tâches et fondée sur de petits calculs partisans.

Un objectif politicien et inavoué

Si le Premier ministre affirme rechercher «l’adhésion et la pleine implication de l’ensemble du corps social», son initiative paraît décalée. Julien Nkoghé Békalé ne peut faire comme si l’état de santé d’Ali Bongo ne donnait pas lieu aux supputations de toutes sortes. Il ne peut faire fi de cette donnée essentielle : depuis la révision constitutionnelle de janvier 2018, le président de la République ne partage plus le pouvoir exécutif avec le Premier ministre. Désormais seule autorité habilitée à déterminer la politique de la nation, il n’a plus besoin de concertation avec le gouvernement. Faut-il revenir sur le respect des droits et libertés fondamentales ? L’ancien ministre du Travail est censé le savoir : la suspension des activités de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) contrevient aux principes énoncés par la Convention n° 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical. Elle viole tout autant les préconisations de l’article 10 de la loi n°18/92 du 18 mai 1993 fixant les conditions de constitution et de fonctionnement des organisations syndicales des agents de l’Etat.

Pour autant, le Premier ministre se veut droit dans ses bottes. A en croire ses dires, le dialogue social doit s’entendre comme un antidote aux grèves, une précaution contre «la toujours dommageable confrontation». Se posant en homme d’ouverture, proclamant sa supposée volonté de faire aboutir un certain nombre de réformes, il a enjoint les syndicats de ne pas «politiser les débats». Or, sa posture comme son discours visent, en réalité, à créer un écran de fumée. Autrement dit, la grand-messe en cours vise un objectif politicien et inavoué : détourner l’opinion du débat sur la vacance du pouvoir. Or, si la diversion n’a jamais rien réglé sur le fond, elle a toujours fait les affaires des conservateurs. Aux forces sociales de le méditer.
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