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Libreville : les 100 premiers jours de la «Reine Christiane» à l’Hôtel de ville
Publié le jeudi 22 mai 2014   |  Gabon Review


Rose
© Autre presse par DR
Rose Christiane Ossouka Raponda, ministre du budget, des comptes et de la fonction publique du Gabon


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Élue à la tête de la mairie de la capitale gabonaise le 26 janvier 2014, Rose Christiane Ossouka Raponda a pris officiellement ses fonctions le 10 février dernier. Il y a donc 100 jours, aujourd’hui 21 mai 2014. L’ancien ministre du Budget, élue du 3ème arrondissement de Libreville, suscite-t-elle encore de l’espoir ?

Elle avait annoncé 23 projets et 84 actions. Elle avait affirmé que «pour marquer ce programme d’une pierre blanche, j’envisage d’axer celui-ci sur des actions fortes». Elle avait souligné qu’elle donnerait «une nouvelle physionomie à la ville de Libreville et, ce, au bénéfice des populations». Bien que son mandat coure jusqu’en décembre 2018, peut-on dire qu’elle a, au bout de ces cent premiers jours, montré de la détermination pour les «travaux d’Hercule» qu’elle s’était engagée à réaliser pour Libreville ?

Réalisation d’un audit

Depuis son arrivée au boulevard Triomphal Omar Bongo, Rose Christiane Ossouka Raponda a pris soin de visiter les six mairies d’arrondissement. Un bon point à son actif. Elle a pu ainsi se rendre compte de l’état de vétusté de ces bâtiments. Autre bon point : elle a également beaucoup reçu, beaucoup écouté, beaucoup appris. Puis, elle a réalisé un seul des vingt-trois points prévus : la réforme de l’administration municipale à travers un audit des ressources humaines de la mairie de Libreville. Une opération confiée à Jean-Marie Ogandaga, son ancien conseiller chargé des rémunérations au ministère du Budget. Mais alors qu’on attendait les résultats de cet audit, une sorte de «chasse aux sorcières» a été engagée.

Mise à l’écart des proches de son prédécesseur

De nombreux proches du maire sortant, Jean-François Ntoutoume Emane, ont été virés ; ceux qui, parmi eux, sont des fonctionnaires, ont été remis, selon la formule, «à la disposition de la Fonction Publique», à commencer par le secrétaire général de la mairie, Jean-Marie Mboumbou Makanga, et les conseillers du maire, tels que Clay Martial Obame Akoué. Même pas cent jours et, déjà, on leur demandait de partir… Comme les hommes, les femmes politiques de notre pays sont «sans pitié», et sectaires, et ne travaillent qu’avec les leurs.

L’état-major de la «Reine Christiane»

La Reine Christiane a emmené au boulevard Triomphal Omar Bongo son état-major du ministère du Budget. Tous ses «généraux» (Yembit, Moundziégou, Ogandaga) et «colonels» (Cardot, Augé,…) sont là. Mais la ville toujours aussi insalubre est là. Le tribalisme primaire à la mairie est là : comme les maires Fang ne travaillent pas beaucoup avec les Mpongwè, les maires Mpongwé n’ont pas à travailler avec les cadres Fang ; alors, les premiers ont plutôt travaillé avec les Mounguengui Koumba, Kombila, Koumba Moulakou, Biwagou Mikala, les seconds vont aller chercher les Yembit, Moundziégou, Moussavou,… Le bâtiment de l’hôtel de ville dont elle avait dénoncé l’état physique estimant qu’il n’était «pas digne d’une mairie du 21ème siècle» est là. «Le bilan» qu’elle avait qualifié de «désolant» vu que, avait-elle indiqué, «les populations vivent dans des conditions préoccupantes» est loin d’avoir évolué et est toujours là. En tout cas, la situation à Libreville (insalubrité, insuffisance d’équipements collectifs, vétusté des bâtiments de la mairie, retard de paiement des salaires,…) est tellement préoccupante qu’il fallait au nouveau maire de la capitale se magner. Or, hormis l’audit des ressources humaines, l’impression générale qui se dégage est que, pour l’instant, la «Reine Christiane» n’a pas encore tout à fait revêtue sa veste de maire de Libreville. Aucune action d’envergure n’a été menée.

De nombreux Librevillois déplorent qu’elle n’ait jamais vraiment pris possession de la ville, se contentant de visiter les mairies d’arrondissement et pas du tout les quartiers dont elle devait mesurer les besoins. Certains se moquent de ce qu’ils nomment l’«esthétique Ossouka» qui a consisté à élaguer quelques arbres à l’Hôtel de ville, à en peindre d’autres de blanc à travers la capitale mais surtout à laisser Libreville se «mapaniser», c’est-à-dire devenir davantage un bidonville. «Regardez le désordre qui se crée autour de Gabon Pain à Louis, où des constructions à la n’importe comment se montent pour créer un marché spontané et une insalubrité à un endroit qui ne le mérite pas. Louis est quand même un quartier très visité des touristes et cet endroit n’était pas ainsi avant l’arrivée d’Ossouka Raponda», fait remarquer un vieux taximan Gabonais.

Soupçons d’enrichissement présumé

Au contraire, comme tous les hommes qui se succèdent dans ce «haut lieu de la bouffe tranquille», le nouveau maire de Libreville est déjà soupçonné de recevoir des «enveloppes» hebdomadaires. Comme si elle n’avait pas besoin de faire «bouger les lignes» avant d’y penser. «Les contrôles des commerces et des marchés qui avaient été suspendus, ont été relancés et ce sont des sacs entiers d’argent qui arrivent tous les jours à l’hôtel de ville», indique un agent de la maison. Tout ce que le maire sortant a laissé de positif pour le «plaisir» a été maintenu. L’on ose espérer qu’elle ne fera pas comme son prédécesseur qui disposait de 42 personnels domestiques entièrement pris en charge par la mairie de Libreville, et pour lesquels seul le chef de cabinet Jean Kombila venait émarger tous les mois pour un montant oscillant entre 6 et 8 millions de francs CFA. La «Reine Christiane» ne va quand même pas aller jusque-là.

Entretemps, comme au temps de Jean-François Ntoutoume Emane, les fournitures de bureau n’arrivent qu’à compte-gouttes. Les maires d’arrondissement, qui devraient être de véritables hommes de terrain, ne disposent toujours pas de moyens roulants.

Elle veut prendre du temps

Il est vrai que ce n’est qu’un bilan sur les cent premiers jours. Mais, n’avait-elle pas demandé elle-même qu’on la juge sur cette étape ? Et, pour être gentil, on dira que Rose Christiane Ossouka Raponda n’a fait, sur ces cent premiers jours, aucune action d’éclat dans cette ville de 800.000 âmes qui mérite que l’on s’occupe d’elle et de ses populations. Les populations n’ont, pour l’instant, pas vu grand-chose. Un certain scepticisme, pour ne pas dire une grande déception, est perceptible à ce sujet dans l’opinion. Elle ne devait pas se donner d’état de grâce ! Mais ceux qui la connaissent disent qu’elle «veut prendre du temps pour bien cerner l’ensemble des problèmes qui se posent aux Librevillois». D’ici à décembre 2018, il lui reste tout de même cinquante-cinq mois, donc 1650 jours !

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