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Emploi au Gabon : Et si Manganga Moussavou n’avait pas tout à fait tort ?
Publié le mardi 19 mars 2019  |  La Libreville
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© Autre presse par DR
Les membres du gouvernement Issoze Ngondet II
Composé de 38 membres dont 9 ministres d’Etat, 16 ministres et 13 ministres délégués. Photo: Vice-Président de la République : M. Pierre-Claver MAGANGA MOUSSAVOU
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La semaine dernière, sur sa page Facebook, le vice-président gabonais a appelé « tous les hommes politiques milliardaires » à s’impliquer personnellement et financièrement pour vaincre le chômage.

« Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt », dit un proverbe chinois. Lorsque Pierre-Claver Manganga Moussavou a émis l’idée de faire contribuer « tous les hommes politiques milliardaires » afin de lutter contre le chômage en créant ou finançant des entreprises, toute une frange de l’opposition, dans un réflexe tristement pavlovien, s’est mise pour partie à pousser des cris d’Orfraie, pour une autre partie à ricaner.

Plutôt que de voir l’essentiel, cette opposition dite radicale s’est une fois de plus concentrée sur l’aspect le plus anecdotique du propos. Des « hommes politiques milliardaires », cela sonne comme un aveu : en faisant de la politique, on s’enrichit. Et de raccourcis en raccourcis, cette partie de l’opposition en est venue à la conclusion qu’au Gabon, on s’engage en politique pour s’enrichir.

Trop heureuse de sa découverte, telle une poule ayant trouvé un clou, ces opposants radicaux se sont gaussés durant tout le weekend des propos du vice-président gabonais. Or, ceux-ci ont tort de se réjouir ainsi. Ce, pour deux raisons au moins.

D’une part, une large partie de cette frange de l’opposition est composée de personnalités qui ont consacrées leur vie à la politique et qui ont, de ce fait, accumulé au fil des années un patrimoine à faire pâlir d’envie le commun des Gabonais. Nul besoin ici de citer les noms de ceux qui, ayant rejoint les rangs de l’opposition, se posent aujourd’hui en parangon de vertu. Lorsqu’il s’agit d’expliquer l’origine de leur fortune, ceux-ci se montrent toutefois moins diserts.

D’autre part, et de façon plus intéressante, sur le fond, Manganga Moussavou propose de faire contribuer les plus fortunés au financement de l’économie, de sorte que celle-ci créée au Gabon plus d’emplois. Est-ce abscons ? Non, plutôt du bon sens. C’est en tout cas comme cela que les choses se passent aux Etats-Unis, en France ou ailleurs. Si le moyen est discutable, l’objectif, lui, est louable.

Les Gabonais en ont assez des fausses polémiques. Il veulent des actes et des résultats. En matière de lutte contre la corruption, depuis bientôt deux ans, même si beaucoup reste à faire, beaucoup a été fait. De sorte que chacun s’accorde à reconnaître aujourd’hui que le degré de corruption au Gabon est en voie de diminution. D’autres hommes et, avec eux, d’autres pratiques, ont été nommés ces 24 derniers mois. Pour eux, l’exigence d’éthique est incommensurablement plus élevée que par le passé. De ce point de vue, le Gabon de 2019 n’est plus celui d’il y a quelques années. N’en déplaisent aux Cassandre, faire de la politique n’est plus forcément la meilleure voie au Gabon pour s’enrichir. Il faut s’en réjouir.

Si le sujet est important, l’essentiel, pour les Gabonais, n’est pas là. Leur préoccupation, peut-être même la principale, demeure l’emploi. Le président Ali Bongo Ondimba en a fait sa priorité en 2019. Pour parvenir à un premier objectif consistant déjà à permettre au secteur privé de créer plus d’emplois que le nombre de nouveaux entrants chaque année sur le marché du travail – un objectif ambitieux compte tenu de la croissance démographique -, les idées et propositions pertinentes sont les bienvenues.

De ce point de vue, trouver un mécanisme permettant aux plus grandes fortunes du pays, quelles qu’elles soient, de contribuer à la création d’emplois en les incitant à financer l’économie, est utile.

Certes, la suggestion de Pierre-Claver Maganga Moussavou peut être critiquée. Elle peut paraître brouillonne, parcellaire, inaboutie. Mais au moins a-t-elle le mérite de concerner le sujet de préoccupation numéro un des Gabonais et de rappeler aux pouvoirs publics où doit se porter leur attention.

C’est pourquoi, la prochaine fois, efforçons-nous vraiment, tous autant que nous sommes, de regarder la lune plutôt que le doigt…
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