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Coalition démocratique de l’Opposition : Les convictions de Nzouba Ndama
Publié le mardi 19 mars 2019  |  Gabon Review
Guy
© Autre presse par DR
Guy Nzouba Ndama, président de l`Assemblée nationale
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Membre fondateur de la Coalition démocratique de l’Opposition (CDO), créée il y a quelques jours, Guy Nzouba Ndama, évoque dans cette interview les ambitions cette Coalition. L’ancien président de l’Assemblée nationale aborde également les questions relatives à ses relations avec Jean Ping, la santé d’Ali Bongo, la vacance du pouvoir, non sans se prononcer sur la dernière sortie de la Cour constitutionnelle.

Gabonreview : une nouvelle Coalition vient de se créer autour de vous. Est-ce une manière de quitter définitivement et formellement la Coalition pour la nouvelle République ?

Guy Nzouba Ndama : La coalition ne s’est pas créée autour de moi. J’ai adhéré à la création de la Coalition. Et la Coalition pour la nouvelle République autour de Jean Ping est une structure informelle. L’objectif de cette Coalition est de revendiquer la victoire de Jean Ping. Bon, chacun de nous à sa philosophie. Vais-je passer toute une vie à revendiquer quelque chose que les instances habilitées à déclarer ne nous ont pas reconnu ? C’est la question que je me pose. Au vu de la difficulté à trouver une réponse à cette question, j’ai dit que nous allons faire de la politique. Nous allons continuer à faire de la politique. D’où l’adhésion à cette nouvelle Coalition. C’est pour éviter d’être des singletons. Unis, nous serons forts ; désunis, nous serons faibles. Donc, si nous nous mettons avec d’autres partis, nous voulons continuer à mener le combat politique pour faire en sorte que l’espace Gabon devienne un espace démocratique, pour faire en sorte qu’au Gabon l’alternance ne soit pas une idée taboue. Que l’alternance soit quelque chose d’acceptée par tout le monde et que l’on considère cela comme étant normal. Cela participe du jeu démocratique. Voilà ce que nous recherchons. Donc pour l’instant, nous ne sommes pas dans la philosophie de la revendication de la victoire, nous nous situons maintenant dans un autre combat qui est celui de la conquête du pouvoir de chaque espace que nous pourrons conquérir. C’est ça notre objectif.

Pourquoi cette nouvelle Coalition ? Est-ce pour être candidat à une éventuelle élection anticipée ?

Mais non ! Ne voyez pas toujours les choses sous cet angle. C’est vrai que je l’avais dit dès le départ : l’objectif de tout parti politique c’est la conquête du pouvoir. Mais parler d’une candidature à l’élection présidentielle qui aura lieu dans je ne sais pas combien de temps, cela me paraît quelque chose de prématuré. Qui peut dire ce qu’il sera dans un an ? Attendons de voir, mais je pense que je ne me situe pas dans cette optique parce que je préfère, moi, préparer le parti, m’entourer des amis pour que nos partis s’organisent de façon à quadriller le territoire.

Quel est le poids réel, sur le terrain, des partis qui forment votre Coalition, au regard des dernières élections législatives et locales ?

Mais cela ne fait rien. Il faut éviter de porter les jugements de valeur sur les autres. Est-ce parce que le Parti démocratique gabonais a eu ce qu’il a obtenu que je dirai que c’est un puissant parti ? Non ! Parce que j’ai bien dit que le PDG ne devrait pas pavoiser. C’est l’achat des consciences qui amène le PDG à cette hégémonie qui n’est qu’une hégémonie aux pieds d’argile. Vous savez, faire de l’opposition dans nos pays est un véritable sacerdoce. Parce que l’opposition n’a pas d’argent. Or, bon nombre de nos électeurs pensent que c’est celui qui lui donne l’argent qui est le meilleur candidat, alors que celui qui lui donne l’argent n’est là que pour l’endormir. Donc, je pense en toute honnêteté que je ne peux pas juger du poids de mes amis parce qu’ils n’ont pas eu une moisson à l’occasion des dernières élections. Nous allons nous organiser pour qu’à l’avenir, les choses se passent différemment.

En cas d’élection anticipée, votre coalition pourrait-elle s’allier à la coalition autour de Jean Ping pour une candidature unique de l’opposition ?

Pourquoi nous parlez-vous seulement de nous allier à Jean Ping ? Parce ce que c’est lui le candidat naturel ? Tout Gabonais est libre d’avoir des ambitions. On ne peut empêcher quelqu’un d’ambitionner d’être président de la République. Il n’y a pas de candidat naturel. Oui ! Je suis toujours opposé à cette idée de candidat naturel. Monsieur Jean Ping a été candidat en 2016. Il s’est d’abord positionné et puis, un panel de personnalités s’est réuni et fait en sorte que nous aboutissions à l’accord qui s’est déroulé dans la nuit du 15 au 16 août pour une candidature unique. Donc ce que monsieur Jean Ping a obtenu, c’est l’addition de toutes ces personnalités. Mais ces personnalités, aujourd’hui, ont repris chacune sa liberté. Donc, je dis le moment venu, les conditions ne seront pas les mêmes, on ne sait pas ce qu’il se passera au moment où il faudra choisir un candidat. On verra les candidats qui se déclareront et ce qu’il se passera en ce moment-là.

Avant ce week-end, on ne vous avait pas assez entendu sur la question des ennuis de santé d’Ali Bongo. Est-ce une question de pudeur ou d’esquive politique ?

Je l’ai dit, et dès le départ, que la santé du président de la République c’est quelque chose qui peut nous émouvoir tous. Ce n’est pas le citoyen Ali Bongo Ondimba qu’il faut seulement voir. Il y a le fait qu’il est le président de la République gabonaise. Mais, comme tout être humain, il lui arrive d’être malade. Dans ces conditions, il faut respecter quelqu’un dans son intimité. C’est une famille qui a des soucis, il ne faut pas en rajouter et vous m’avez entendu avant hier. Je me suis demandé quand est-ce que le président de la République reviendra exercer la plénitude de ses fonctions. Donc, vous voyez que je me préoccupe bien de cette question. Si vous voulez m’entendre l’exprimer comme les autres non, je l’exprime à ma manière à moi.

Que pensez-vous de la dernière sortie de la Cour constitutionnelle ?

Vous savez, il y a des choses malsaines qui se déroulent dans notre pays. Je me suis toujours insurgé contre la personnalisation du débat. Aujourd’hui, la personnalisation du débat au niveau de l’État se fait parce que la Constitution, au lieu d’être un texte fondamental qui organise notre vivre ensemble, est taillée sur mesure pour la personne du président de la République en exercice. Et, beaucoup de gens ne prennent pas toujours aussi le temps de lire les textes. Tout le monde se focalise sur l’idée que la présidente de la Cour constitutionnelle doit déclarer la vacance. Mais vous le savez très bien, ce n’est pas la Cour qui décide de déclarer la vacance. On saisit la Cour. La Cour doit être saisie par des institutions bien précises. Ces institutions c’est le gouvernement ou alors, les deux chambres du Parlement. Alors, à chaque fois elle est traitée de tous les noms d’oiseaux et trainée dans la boue, peut-être qu’il y a eu à certains moments des erreurs de la Cour Constitutionnelle, je pense encore à ce fameux rajout de l’alinéa dans l’article 13. Je l’avais dit en son temps, que l’expression était malheureuse. Mais, il faut qu’on sache raison gardée dans tout cela. Et cette communication de la Cour de mon point de vue est malheureuse. Elle n’aurait pas dû le faire, parce que ça contribue encore à aiguiser les contradictions.

Je voudrais seulement appeler les uns et les autres à savoir raison garder. Nous ne devons pas diluer ce qui fait notre vivre ensemble. Nous devons faire en sorte qu’on préserve l’essentiel. J’ai toujours dit que ceux qui pensent à la conservation absolue du pouvoir ont tort. Mais ceux qui disent aussi que tous les moyens sont bons pour chasser ceux qui sont au pouvoir ont aussi tort. Parce qu’en ce moment, on s’engage dans des voies qui donnent l’impression que cela devient un débat de personnes. Nous devons tout faire pour préserver notre pays des affres de la violence. C’est pour cela que ceux qui pensent que le pouvoir doit leur revenir absolument ont tort parce que, d’une manière ou d’une autre, l’alternance se produira dans ce pays. Mais je ne souhaite pas qu’elle se produise de manière violente. Elle doit se produire de manière apaisée. Mais pour cela, chacun doit mettre de l’eau dans son vin pour comprendre où se situe l’intérêt supérieur de notre pays.

Votre parti Les Démocrates a célébré son deuxième anniversaire le week-end écoulé. Quel bilan faites-vous ?

Je vous ai dit que nous étions nés dans la douleur de conséquence de l’élection présidentielle d’août 2016. Nous avions accompagné le candidat Jean Ping qui n’a pas été déclaré élu par la Cour constitutionnelle et depuis, nous avons nous, créé notre parti politique avec des amis. Nous avons donc passé cette 2e année à nous préparer en vue des élections législatives qui ont été couplées aux élections locales. Nous avions complété l’année avec l’implantation du parti sur une bonne partie du territoire. Nous ne couvrons pas encore l’ensemble du pays, et c’est à cela que j’ai invité mes amis que nous poursuivions l’implantation du parti à travers le pays. De ces élections nous avons pu récolter une moisson qui est loin d’être la satisfaction de nos attentes. Nous attendions plus, mais vue le dénuement financier dans le lequel nous étions, nous avons pu avoir 11 députés. La Cour a invalidé l’élection de deux députés, il nous reste donc neuf députés et nous avons pu avoir, je crois, 174 conseillers municipaux et départementaux. Cette moisson nous a permis d’avoir à peu près 35 maires, maires adjoints, présidents, vice-présidents de conseils départementaux. Ce n’est pas rien, mais ceci ne devrait pas nous faire dormir sur nos lauriers. Nous allons continuer notre implantation. L’autre mission sera de veiller à ce que nos élus puissent être les dignes représentants du parti dans la gestion au quotidien de leurs conseils départementaux et municipaux, et que nos députés puissent exercer correctement leur mandat à l’Assemblée nationale.

Interview réalisée par Jean-Thimothé Kanganga
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