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Bassin du Congo : «Les groupes armés qui braconnent sont internationaux, transfrontaliers», dixit De Donnea
Publié le lundi 11 mars 2019  |  Gabon Review
François-Xavier
© Autre presse par DR
François-Xavier De Donnea, ministre d’Etat belge, Facilitateur du PFBC
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Reçu, le 7 mars à Libreville, par Guy-Betrand Mapangou, le ministre d’État, Facilitateur du Royaume de Belgique du Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC) a plaidé en faveur de l’augmentation de l’aide aux communautés locales et du renforcement de la sécurité des forêts de la sous-région. Au terme de son audience avec le ministre d’Etat gabonais des Forêts et de l’Environnement, François-Xavier De Donnea s’est confié à la presse.

Gabonreview : En tant que Facilitateur, vous avez eu une discussion avec votre collègue gabonais Guy-Bertrand Mapangou sur le Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo. Comment se porte ce Partenariat aujourd’hui ?

François-Xavier De Donnea : Le Partenariat se porte très bien. Le nombre de membres augmente sans cesse. Nous avons actuellement 114 membres, mais il faut indiquer que les membres, ce n’est pas seulement les 10 Etats qui composent la Comifac, mais également les organisations issues de tous les secteurs qui s’intéressent de près ou de loin aux forêts du Bassin du Congo. Il y a notamment le collège du secteur privé, celui des ONG internationales, de la société civile, des scientifiques, des partenaires techniques et financiers, etc.

Lors de la dernière assemblée générale à Bruxelles, en novembre 2018, il y a eu 450 personnes présentes. Donc, de plus en plus de personnes de par le monde, et en Afrique sont conscientes du fait que les forêts du Bassin du Congo représentent un patrimoine mondial qui doit être absolument préservé, à la fois pour atténuer les changements climatiques mais aussi pour sauver une biodiversité unique au monde.

Quels sont les sujets abordés avec le ministre d’Etat gabonais et son collègue délégué au cours de vos échanges ?

Avec le ministre d’Etat et son collègue, nous avons souligné l’importance d’investir dans le développement des communautés qui habitent la forêt ou autour des aires protégées. Le principal danger qui guette les forêts et les aires protégées, c’est la pression démographique de population pauvre. Donc, si l’on veut sauver ces aires protégées et ces forêts, on doit absolument tout faire pour que le bien-être des populations augmente. Si on ne fait pas cela, c’est la pression démographique de gens paupérisés ou pauvres qui finalement va l’emporter sur l’intérêt général.

Avez-vous abordé la question du financement de ce projet, notamment dans le cadre de l’amélioration du bien-être des populations locales ?

Nous n’avons pas abordé très concrètement les questions de financement, sauf que je me suis permis de dire à Monsieur le ministre d’Etat qu’actuellement, au nord de la planète, le secteur pour lequel les gens sont le plus disponibles à donner de l’argent, c’est le secteur du sauvetage des forêts et de la biodiversité, et pour tout ce qui peut contribuer à atténuer les changements climatiques. C’est donc un secteur qui est porteur actuellement, on trouve relativement facilement des financements importants tant au niveau des Etats ou d’institutions comme l’Union européenne que de grandes fondations privées américaines. Il y a vraiment une prise de conscience au niveau des bailleurs de fonds de l’importance d’aider à financer correctement le sauvetage des forêts et de la biodiversité en Afrique, mais aussi ailleurs.

Votre collègue gabonais s’est appesanti sur l’intérêt que la gestion et les questions de préservation profitent aux populations locales. En tant que président du conseil d’administration du Parc national des Virunga en RDC, partagez-vous cette préoccupation ?

Le Parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, est en effet un exemple de ce qu’il faudrait faire partout en Afrique et ailleurs. C’est-à-dire que la Fondation Virunga, dont je suis l’administrateur et qui gère le parc pour le compte de l’Etat congolais, investit tout autant, sinon plus, dans le développement des communautés que dans la gestion interne du parc. Pour nous, le parc est donc non seulement un grand jardin zoologique si on peut dire, mais c’est aussi un facteur de développement humain.

Actuellement, le Parc national des Virunga est devenu le principal employeur du nord Kivu, occupant quelque 2 800 personnes par jour. Nous démontrons là que les aires naturelles protégées sont des sources de développement économique et de développement humain. On le fait notamment en construisant autour du parc un réseau de centrale hydroélectrique, qui permet d’alimenter non seulement la population, d’améliorer son confort journalier, mais aussi de stimuler le développement de la localité.

Quelle sécurité pour la protection des forêts du Bassin du Congo ?

Les questions de sécurité sont effectivement devenues très importantes, en ce sens que les groupes armés qui braconnent sont de plus en plus internationaux, transfrontaliers. C’est ainsi par exemple que des braconniers soudanais vont aller jusqu’au nord-Cameroun, des pasteurs transhumants armés vont descendre du bassin du Lac Tchad jusqu’au nord de la RDC. Le phénomène du braconnage s’est donc internationalisé et en quelque sorte industrialisé. Les groupes armés et les braconniers sont de plus en plus lourdement armés ; ils ont des armes de guerre et n’hésitent pas à tuer les éco gardes et les agents des forces qui défendent les aires naturelles. C’est devenu un problème qui doit être traité à l’échelle régionale, voire sous-régionale, et qui nécessite le développement d’accords transfrontaliers de lutte anti-braconnage.
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