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Justice spectacle : La tournée des night-clubs du Procureur
Publié le lundi 18 fevrier 2019  |  Gabon Review
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De nombreux night-clubs de Louis à Libreville ont été pris d’assaut, le samedi 16 février dernier, par des hommes armés qui seraient de la Police, à la tête desquels étaient le Procureur de la République et un agent de la Direction générale des impôts. Ni Brigade des mœurs de la Police ni recherche d’un grand bandit, l’opération était un déplorable mélange des genres, entre atteinte aux libertés individuelles et démonstration de force.

Samedi 16 février, le procureur de la République accompagné d’un agent de la Direction générale des impôts (DGI) et d’une dizaine de policiers, visiblement de la Police judiciaire, armés de fusils d’assaut ont fait irruption dans plusieurs night-clubs du quartier Louis à Libreville. Certains établissements, notamment le No Stress et Le Manoir ont été fermés.

Partout, le scénario était le même : Le deejay arrête la musique et remet les lumières claires. Les agents se déploient dans le night-club et contrôlent les clients. Les tenanciers des établissements sont priés de présenter la déclaration fiscale de l’entreprise et tous les autres documents affairant à l’exercice de l’activité, notamment la licence. Le climat, généralement, s’échauffe. Ceux des clients qui rouspètent ou regimbent contre cette descente spectaculaire sont embarqués. Au night-bar le Murmure, par exemple, l’un des associés Français et le deejay, Gabonais, ont été embarqués pour avoir affiché leur désapprobation de la manière brutale de procéder.

Au No Stress, par exemple, les agents sont allés jusqu’à fouiller certains sacs, notamment celui du deejay tandis que la cambuse a été visitée, on ne sait pour quel objectif alors que l’escadron ne comportait personne des services phytosanitaires. Pourtant en règle, selon de nombreux témoins, cet établissement, a été prié de fermer, tout simplement parce que le No Stress est une sous-marque de son entreprise promotrice. Un peu comme le journal L’Union est une sous-marque de Multipress ou Bet 241 une sous-marque du PMUG.

Avec plus ou moins de bonheur, les choses ne sont pas mal passées au Cotton Club ou au VIP Room qui n’ont pas été fermés, et très peu de personnes ont embarquées sauf celles qui n’avaient pas de papier d’identité. Des adultes au visage bien marqués par l’âge ont été engueulés dans certaines boites de nuit visitées et priés de sortir de la discothèque pour être embarqués dans un camion.

Certains promoteurs déplorent le fait que cette descente ait eu lieu le seul jour où les night-clubs ont un peu de clients. En effet, du fait de la crise économique, l’industrie du loisir nocturne est littéralement sinistrée et de nombreux promoteurs ont du mal à joindre les deux bouts. Certains d’entre eux pensent que cette sortie du procureur aurait pu se faire un autre jour, alors qu’un agent des impôts présent dans l’un des night-clubs visités, s’est étonné du procédé. «Ce ne sont pas les méthodes de la DGI que de réclamer des déclarations fiscales dans la nuit, surtout au-delà de minuit. Les patrons de ces boites auraient pu être convoqués dans la journée», a-t-il fait remarquer. Il est vrai qu’appartenant surtout à des Africains, un bon nombre d’établissements fermés sur la descente de Louis travaillaient dans l’informel total.

Hormis le contrôle de la légalité des entreprises, l’opération a tout de même versé dans un mélange des genres, vu qu’il s’est également agit de contrôler l’âge des clients. Si un décret datant des années 60, interdit en effet la présence des mineurs dans les débits de boisson, cette mesure a cessé d’être observée lorsque la première dame du Gabon de l’époque (Patience Dabany) avait créé une boite de nuit, le mythique Night Fever, dans laquelle la police ne pouvait procéder aux contrôles d’âge.

Il est certainement pertinent d’encadrer la jeunesse et de la sortir du dévergondage dans lequel elle s’enferre depuis quelques décennies. Mais, ce qui a dérangé aux entournures, c’est la manière brutale et spectaculaire de le faire. «On aurait pu nous avertir par une circulaire et ceux d’entre nous qui n’auraient pas respecté la mesure se seraient vus sanctionnés», a suggéré le portier d’une boîte de nuit du quartier avant d’ajouter : «Et puis, au lieu de terroriser les gens comme ça, ce contrôle aurait pu être plus discret, puisqu’on peut facilement identifier un adolescent dans une boite de nuit.» Un entrepreneur ayant invité des partenaires en night-club après un dîner, a lancé : «On revient à la justice spectacle de du début de l’émergence, de l’époque où Sidonie Ouwé était procureur. Ce n’est pourtant pas le moment avec le climat sociopolitique et tout ce que vivent les Gabonais aujourd’hui en matière de difficultés. Le loisir est une soupape de sécurité qui permet au peuple d’évacuer le trop-plein de frustrations et de problèmes, aussi bien existentiels qu’économiques.» Avis aux autorités, notamment au ministre de la Justice.
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