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Suite à la prestation de serment du gouvernement : Entre doute et incertitudes
Publié le jeudi 17 janvier 2019  |  Gabon Review
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie de prestation de serment des membres du gouvernement
Mardi 15 janvier 2019. Libreville. Les membres du nouveau gouvernement ont prêté serment en présence du président Ali Bongo. La cérémonie a eu lieu à huit clos.
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Dans la relation entre le peuple et les élites dirigeantes, la date du 15 janvier 2019 pourrait devenir un tournant. Pour de nombreux observateurs, le pays est désormais dirigé par une main noire non encore identifiée.

Le doute s’ancre, les incertitudes demeurent (lire «Une couche de plus sur le flou artistique»). Une cérémonie cadenassée, menée au pas de charge selon un protocole inédit, a relancé le débat. Des images soigneusement sélectionnées ont fourni matière à polémique (lire «Une vidéo a posteriori»). Conçue pour lui permettre d’affirmer son autorité sur l’exécutif, la prestation de serment a plutôt renvoyé l’image d’un Ali Bongo à la merci de forces tapies dans l’ombre (lire «Black-out total»). C’est, en tout cas, la conviction d’une frange non négligeable de l’opinion. L’institution présidentielle ne sort nullement renforcée de cette séquence. Bien au contraire. Pour de nombreux observateurs, le pays est désormais dirigé par une main noire non encore identifiée. Dans la relation entre le peuple et les élites dirigeantes, la date du 15 janvier 2019 pourrait devenir un tournant.

Aucune garantie sur les facultés intellectuelles

Comme les images aux côtés de Mohammed VI, comme les vœux à la nation du 31 décembre dernier, le film de la prestation de serment est disséqué, retourné dans tous les sens. Si on peine encore à dégager une idée-force, toutes les analyses se rejoignent sur un point : Ali Bongo n’est plus en possession de toutes ses capacités physiques. Se déplaçant en fauteuil roulant, il paraît affaibli. Malgré les comparaisons hasardeuses avec Franklin D. Roosevelt ou Abdelaziz Bouteflika, une question revient sans cesse : avec quelle efficacité un homme taraudé par la maladie peut-il se consacrer à la communauté nationale ? Au siècle dernier, le père du New deal apporta une réponse. Mais, les institutions américaines sont parmi les plus solides jamais mises en place. Depuis 2013, le président algérien s’y essaie. Mais, nul ne saurait dire si son pays s’en trouve renforcé.

Certes, les techniques de rééducation permettent d’espérer une amélioration des capacités physiques d’Ali Bongo. Mais l’aptitude à gérer ne se limite pas à ce seul aspect. Elle dépend également des facultés mentales et intellectuelles. Or, sur ces points, la cérémonie de mardi dernier n’a apporté aucune garantie. Si le président de la République a ouvert puis clos la séance, il n’a pas assuré la direction des opérations. Contrairement au cérémonial de mai 2018 (lire «Les 41 prêtent serment»), cette tâche a été confiée à la présidente de la Cour constitutionnelle. Plus éloquent, il n’y a pas eu de photo de famille. Comme s’il fallait absolument écourter les choses, seul le Premier ministre a prononcé l’intégralité du serment, le reste du gouvernement se contentant de déclamer : «Je le jure». Tout ceci a apporté de l’eau au moulin des sceptiques, ravivant la controverse.

Invitation à la réflexion

Se croyant retors, les dirigeants d’institutions ont multiplié les initiatives aventureuses. Faisant une lecture extensible des textes, ils ont cru pouvoir minimiser la caractéristique principale de notre système institutionnel : la suprématie du président de la République sur le pouvoir exécutif. Peu importent leurs explications, la nomination d’un nouveau gouvernement n’était nullement une urgence. On pouvait très bien attendre mars prochain et l’ouverture de la première session du Parlement. Après tout, l’article 28a de la Constitution dispose : « (…) Quarante-cinq jours (…) après sa nomination (…), le Premier ministre présente devant l’Assemblée nationale son programme de politique générale (…) suivi d’un vote de confiance». Officiellement nommé le 11 janvier courant, Julien Nkoghé Békalé ne sera-t-il pas contrarié par ce délai ? La Cour constitutionnelle aurait pu relever ce risque. Elle aurait ainsi offert à Ali Bongo un temps de récupération supplémentaire, au lieu de le laisser apparaître sous un jour peu à son avantage.

A tort ou à raison, Ali Bongo est maintenant décrit comme une victime des arrangements politiciens. Il est désormais perçu comme l’otage de compatriotes avides de pouvoir, d’honneur et d’argent. Pour l’avenir, il faut tirer les leçons de cette situation. Et pour cause : dans les textes comme dans la pratique politique, le président de la République dispose de pouvoirs et privilèges énormes. Clef de voûte des institutions, il est le pivot de la vie publique. Rien ou presque ne peut se faire sans son aval. De ce point de vue, la cérémonie de mardi dernier est une invitation à la réflexion, sans tabou ni arrière-pensée. Elle doit inciter les institutions à taire définitivement le débat sur les réelles capacités d’Ali Bongo. Pour ce faire, une seule solution : l’expertise médicale. Autrement, tout pourrait arriver, y compris le pire : l’irruption d’un autre Kelly Ondo Obiang («Déclaration militaire sur Radio Gabon»).
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