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La guerre de l’eau est déclarée entre Veolia et le Gabon d’Ali Bongo
Publié le mardi 27 fevrier 2018  |  Gabon Actu
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Challenges, un média français a publié un article très intéressant sur la bataille larvée entre l’Etat gabonais et le groupe français Veolia dépossédé de son contrat de concession pour la distribution de l’eau et l’électricité au Gabon.

« Scandaleux », « acte gravissime d’expropriation », « décision populiste », « mensonges éhontés »… Depuis une semaine, la guerre des mots fait rage entre Veolia et le Gabon qui a retiré à l’entreprise sa concession dans le pays. L’histoire tumultueuse entre le groupe français et l’État d’Afrique centrale dirigé par Ali Bongo a pris fin vendredi 16 février. En quatre paragraphes lapidaires, le ministère de l’Eau et de l’Énergie gabonais a soldé dans un communiqué de presse glacial 21 ans de relations chaotiques.

« Les raisons évoquées sont entre autres la dégradation de la qualité du service rendu aux usagers, les efforts financiers consentis par l’Etat non suivis des effets escomptés et les plaintes récurrentes des populations » fait valoir le ministère pour justifier sa décision.

Côté Veolia, c’est le PDG himself, Antoine Frérot, qui est monté au front pour dénoncer « une décision politique et populiste » et annoncer que son groupe allait engager toutes les actions judiciaires pour obtenir réparation. Le patron de la multinationale française présente dans quinze pays d’Afrique a également pointé les conséquences que cette décision pourrait avoir sur le continent. « Cela signifie que les investisseurs étrangers, en particulier dans notre domaine qui est une industrie à long terme (…) vont certainement geler beaucoup d’investissements étrangers en Afrique, pas seulement au Gabon », a-t-il prévenu.

Le conseiller Afrique de Macron consulté

Des accusations auxquelles Ali Bongo a voulu répliquer en dépêchant mardi à Paris son conseiller en communication et porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni. Ce dernier qui s’est notamment entretenu avec Franck Paris, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, et avec les dirigeants du Medef et du Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique) a tenu à rassurer les milieux d’affaires français. Le conseiller du président gabonais a notamment fait valoir à ses interlocuteurs que son pays avait confié à Eiffage la construction de la future annexe de l’Assemblée nationale gabonaise et que Engie devrait être associé à la construction du nouvel aéroport de Libreville. Selon nos informations, le gouvernement gabonais pousse aussi pour trouver un remplaçant français à Veolia.

La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale de Veolia, qui s’est vu retirer sa concession vendredi dernier par l’État gabonais, était présente depuis 1997 dans le pays dans le cadre d’un partenariat public-privé. Elle avait le monopole de la distribution de l’eau et l’électricité au Gabon. Mais le clash couvait déjà depuis plusieurs mois entre les deux parties. En mars 2017, alors que la filiale de Veolia voit son bail reconduit pour cinq ans, le ministre de l’Eau et de l’Énergie de l’époque déclare avoir « choisi le moindre mal ». Quelques jours plus tôt, il avait même jugé « catastrophique » le bilan du précédent bail qui s’étirait sur vingt ans. Des propos fondés sur les coupures d’eau et les délestages sur le réseau électrique que subissent régulièrement les usagers.

Bataille de chiffres

Libreville reproche ainsi à Veolia d’avoir sous-investi alors que le groupe dégageait de confortables profits de son activité au Gabon. Des accusations que rejette l’entreprise française qui assure que Veolia a investi quatre fois plus que ne le stipulait le contrat de 1997, soit plus de 500 millions d’euros en vingt ans. Celle-ci pointe notamment l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo pour expliquer la dégradation des relations entre les deux camps. « Omar Bongo avait conscience que l’eau et l’électricité étaient des priorités pour son pays, indique-t-on au sein du groupe français. Sur ces dix dernières années, il ne s’est pas passé grand chose. Cela fait par exemple des années que le gouvernement aurait dû construire une nouvelle usine de production d’eau ».

Cette guerre de tranchée entre les deux parties s’est également portée depuis plusieurs mois sur le terrain financier. Dans une vidéo publiée mercredi, le Secrétaire général de Veolia, Helman le Pas de Secheval, a ainsi affirmé que son groupe était « créancier de l’État Gabonais à hauteur de 41 milliards de francs CFA, soit près de 62 millions d’euros ». Une évaluation jugée « mensongère » par le Gabon qui affirme à Challenges que le montant des consommations de l’État non payées à Veolia s’élève à environ « quatre milliards de francs CFA » (six millions d’euros). Selon nos informations, Veolia avait adressé début octobre un courrier au ministère de l’Eau et de l’Énergie gabonais lui demandant de régler sans tarder les impayés du Gabon – que Veolia estimait à l’époque à 120 millions d’euros. L’entreprise française menaçait même Libreville de quitter le pays si tel n’était pas le cas. Un coup de force qui avait relancé le dialogue entre les deux parties et effacé plusieurs ardoises que se devaient les deux camps. Ce dialogue aura été de courte durée.
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