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«L’essentiel: se débarrasser du régime en place», dixit Jean Ping sur Vox Africa
Publié le mardi 15 avril 2014   |  Gabon Review


Jean
© Autre presse par DR
Jean Ping, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine


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Invité, le 9 avril sur la chaîne panafricaine Vox Africa, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Jean Ping, qui faisait la promotion de son livre, «Eclipse sur l’Afrique : fallait-il tuer Kadhafi ?» est notamment revenu, un peu plus véhément, sur son différend avec le président Ali Bongo Ondimba.

Le but de cette interview, a précisé le journaliste, était de faire connaître le livre de Jean Ping et le débat ouvert sur la situation de la Lybie. L’invité n’aura pas mâché pas ses mots au sujet des dirigeants occidentaux qui ont occasionné les troubles qui persistent aujourd’hui dans ce pays. Pour lui, après moult réunions, la décision finale était que «l’Afrique ne voulait pas d’intervention extérieure dans le conflit libyen». Et une feuille de route en cinq points a été proposée pour permettre une sortie de crise. Or, selon Jean Ping, celle-ci n’a pas été appliquée mais elle sert aujourd’hui dans le conflit syrien, du moins juste modifiée pour le contexte.

Mais, amené à parler de sa nouvelle posture politique au Gabon, l’ancien ministre des Affaires du Gabon a été plus explicite que lors de ses dernières sorties médiatiques, sur ce qui l’oppose aujourd’hui à Ali Bongo. La retranscription de la partie de cet entretien consacrée au Gabon.

Africa Vox : Vous avez des enfants, vous êtes le père des enfants de la sœur de l’actuel président, fille du défunt président. Par rapport à ce vécu, vous avez vous même côtoyé, une grande partie de votre vie, les hautes sphères de votre pays. Concrètement, est-ce que vous comptez prendre part à la politique nationale du Gabon maintenant que vous êtes dégagé de l’Union Africaine ?

Jean Ping : D’abord, au départ, j’ai pensé qu’il était bon de prendre ma retraite politique et c’est la raison pour laquelle je me suis recyclé, si je puis m’expliquer ainsi, dans les affaires. J’avais pensé que toute ma vie j’ai travaillé avec des chefs, avec des patrons, aussi bien dans ma carrière internationale, à l’Unesco, à l’UA, que dans ma carrière nationale au Gabon. Et que je voulais être mon propre chef, cesser d’avoir un patron, m’occuper de mes propres affaires. Malheureusement l’homme propose, mais Dieu dispose. Et pour toute une série de raisons que nous allons peut-être être amenés à évoquer tout à l’heure, j’ai décidé de rompre le silence.

Vous disiez tout à l’heure que j’étais… Je ne sais pas le terme que vous avez utilisé, vous avez pratiquement dit que j’étais de la famille présidentielle. Je crois qu’il faut nuancer ces propos parce que, c’est tout à fait exact que j’ai eu deux enfants avec la fille du président Omar Bongo, mais je crois que ça ne suffit pas pour accepter la situation qui prévaut actuellement au Gabon et les risques qu’encoure notre pays. J’ai donc décidé qu’en dépit de tout cela, il fallait rompre le silence et dire absolument, clairement comme je l’ai fait, que je n’ai plus rien à voir avec les autorités en place. Il faut me croire. Je n’ai plus rien à voir avec les autorités en place parce que je ne veux pas cautionner un tel régime, je ne veux pas cautionner une telle politique que je considère comme grave. Et j’ai indiqué que ma décision était irrévocable. Je ne reviendrais plus jamais en arrière malgré tout ce qui est dit par-ci, par-là, les insultes. Vos collègues des médias publics chez nous au Gabon croient qu’il y a que l’insulte, la diffamation, la calomnie, les menaces qui peuvent résoudre les problèmes de notre pays. C’est que nous reprochons à ce régime : d’être complètement revenu en arrière.

Moi j’ai travaillé avec le président Omar Bongo Ondimba, comme vous l’avez dit, pendant plusieurs années. J’ai servi loyalement le président et je ne le regrette pas. Ce qui se passe à l’heure actuelle avec le nouveau président est dramatique et totalement inacceptable. Je dis totalement inacceptable. Je ne l’accepte donc pas et je l’accepterai jamais en dépit de tout ce vous avez dit.

Ceci, le fait que vous ayez déclaré cette séparation, votre volonté d’indépendance est interprétée non pas que mes collègues des médias gabonais, mais aussi bien par d’autres politiques sur place au Gabon, comme une forme de votre candidature, un coming out, si vous me permettez l’expression.

Ecouter, je crois honnêtement et je l’ai dit, qu’il est trop tôt pour parler de ce problème. Il est trop tôt pour poser directement ou indirectement ma candidature. Parce que, nous avons au Gabon, une opposition formée de plusieurs leaders. Je crois qu’il est bon, d’abord, avant de chercher à poser sa candidature, de s’entretenir avec tous ces leaders et voir si nous pouvons décider d’une position commune.

Ensuite, la vérité est laquelle ? La vérité est que nous avons une contradiction principale, c’est de se débarrasser du régime actuel qui mène vers la catastrophe sur tous les plans, et caractérisé par un comportement antinational, antipatriotique. C’est ça l’essentiel : se débarrasser du régime en place. Comment ? Par la nécessité de fédérer toutes les oppositions qui sont là et de faire prendre conscience à l’opposition que nous avons un objectif primordial, c’est celui-là. Le reste est relativement secondaire. Qu’est ce que nous allons faire pendant les élections, qui sera candidat ? C’est un problème que nous allons examiner ensemble. C’est la raison pour laquelle je dis qu’il est peut être trop tôt de me prononcer clairement sur cette question. Ce qui est sûr, c’est que moi, à côté des autres leaders de l’opposition, nous serons en face d’Ali.

Il ne reste que deux ans. En politique, c’est rien du tout et puis, quand on vous entend, surtout votre volonté, je vous cite de vous «débarrasser du pouvoir actuel », les gens qui sont contre l’actuel président voient en vous une forme de messie d’autant plus que l’actuel leader de l’opposition, André Mba Obame, malheureusement est hors circuit pour l’instant, pour des raisons médicales. Quelque part c’est vous qui incarnez le porte-drapeau de cette opposition…

Je voudrais quand même nuancer un tout petit peu. D’abord je ne crois pas qu’André Mba Obame soit définitivement écarté…

Je n’ai pas dit définitivement, j’ai dit pour l’instant…

Bien, pour l’instant. Nous espérons donc tous qu’il reviendra en meilleure santé. Ce n’est qu’en bonne santé au Gabon que nous allons travailler ensemble, lui, moi et les autres, pour réaliser l’objectif commun que nous nous fixons. Maintenant, si ce que vous dites est exact, je ne le sais pas, c’est vous qui êtes mieux placé que moi, parce que vous connaissez sans doute mieux que moi les sentiments que les Gabonais expriment.

A vrai dire que vous n’êtes pas contre ce rôle qu’on vous attribue?

Non, je ne suis pas contre ce rôle. Je suis un homme. J’estime que si quelqu’un se dégage pour réaliser notre objectif commun, notre principal objectif, je me mets derrière cette personne. Et si c’est moi je ne me déroberais pas de mes responsabilités.

Vous êtes prêts ?

Prêt. Si le consensus se fait dans l’opposition.

Sur le président Ali Bongo, quand il y a eu la transition, vous avez déjà eu, quelque part, une forme de divergence, si on peut le dire ainsi. En tout cas, c’est ce que nous observateurs extérieurs, avons eu comme sentiment : la rupture en 2009 parce qu’il a cru que vous allez vous présenter contre lui. Cela s’est encore vérifié lors de la dernière élection à l’Union africaine où vous avez eu quelques soucis à obtenir, quelque part, son soutien. Qu’en est-il exactement, parce que tout et n’importe quoi est dit sur vos rapports.

Oui, je crois d’abord que pour être franc avec vous, avec l’opinion gabonaise et africaine en général, j’ai été fortement sollicité en 2009, vous le savez, à l’intérieur comme à l’extérieur par les chefs d’Etat africains, à l’intérieur par beaucoup d’autres y compris même André Mba Obame qui m’a vu à ce sujet là. J’étais à ce moment-là extrêmement clair en disant que je ne voulais pas jouer à ce moment là le rôle qu’on voulait me confier ou m’attribuer. Je ne voulais pas. J’ai refusé pour plusieurs raisons et je peux vous dire que, je vais même plus loin en vous disant que j’ai voté pour le président de la République actuel. J’ai voté pour lui. C’est une erreur, mais j’ai voté pour lui. Mais alors, nous pensions à l’époque, moi et beaucoup d’autres qu’on pourrait essayer de voir s’il va réussir à accomplir sa mission. Eh bien, nous sommes profondément déçus. Moi et d’autres. Je crois qu’il est de ma responsabilité, ayant soutenu le président actuel, il est de ma responsabilité aussi, vu l’échec patent qui est le sien, ayant contribué à le faire, si je puis m’exprimer ainsi, de le défaire.

Dites, quand on vous écoute, on a l’impression quand même que vous avez été touché personnellement. Est-ce que c’est depuis 2009 ou ce n’est réellement en 2012 lorsque vous avez senti un manque de soutien de sa part sur votre candidature pour la réélection du mandat que vous occupiez à l’époque.

Je viens de vous dire que j’ai voté pour lui. En retour, il a fait courir le bruit. Il a affirmé officiellement que j’étais candidat, que je suis allé à l’Elysée voir des personnalités pour demander à être candidat. C’est un mensonge grossier de sa part ou des siens. Je n’ai jamais été à l’Elysée. D’ailleurs, Jeune Afrique l’a publié que j’étais allé à l’Elysée pour solliciter l’appui à ma candidature. C’est absolument faux et je défie quiconque de me donner la moindre petite preuve que j’ai été à l’Elysée voir qui pour solliciter des soutiens à ma candidature. Jamais ! C’est complètement faux.

A partir de ce moment, je me suis dis qu’il y avait un autre problème vis à vis de moi et je crois qu’il y a toujours une crainte de leur part que je les menaçais dans la succession du président. C’est faux, c’est complètement faux ! Et c’est sans doute à partir de cela qu’ils ont commis la bêtise de la deuxième erreur.

La deuxième erreur, c’est d’organiser ma défaite à l’Union africaine en pensant, sans doute que, battu à l’Union africaine, je serais rayé de la carte politique gabonaise. Ça vous montre la bêtise qui les caractérisait. Je pense que j’aurais été à leur place, estimant que je suis un adversaire, ils auraient mieux fait de me laisser là bas. Ils ont au contraire organisé ma défaite. Ils ont beau dire tout ce qu’ils veulent, ceux qui étaient dans la salle, les Chef d’Etat, le jour de l’élection, tous ont vu qu’il n’a pas ouvert la bouche pour me défendre alors que j’étais attaqué de toutes parts par les pays de l’Afrique australe. Il n’ pas ouvert la bouche, il n’a rien dit.

Mais comment est-ce qu’on peut expliquer cela ?

Je viens de voir dire. Je pense qu’il a une conception qui continue jusque dans la Francophonie. Il pense que, absolument à tort je pense, que c’est stupide de penser que si je suis dans une organisation internationale, l’Union Africaine, la Francophonie, je menace sa popularité. Ma popularité va s’accroitre et que la sienne est menacée. C’est une erreur grossière, vous pouvez en convenir ; mais ils sont comme ça : ils font tout le temps des erreurs parce qu’ils ne sont pas capables, ils sont incompétents.

Les gens à l’extérieur se demandent si c’est réellement une affaire politique entre vous ou une crainte. Vous avez parlé tout à l’heure de menace, de faire de l’ombre, si je puis reprendre cette expression, ou c’est un problème personnel entre vous du fait aussi de vos liens familiaux, car c’est quand même votre ex-beau-frère ?

Non non ! Je n’ai jamais été marié à sa sœur. Tout ce qui s’est passé, je vous l’ai dit, je l’ai évoqué, pour ne pas aller dans le fond du problème, est déjà passé. Et malgré ça, en rentrant au Gabon, j’ai décidé de ne plus faire de politique. J’ai décidé de me recycler dans les affaires, J’ai crée ce consulting qui s’appelle Ping and Ping. Je l’ai crée pour sortir des affaires, en sachant déjà tout ce que vous êtes en train de dire. Donc, ce n’est pas un différend personnel. Ce différend personnel était là quand j’ai décidé de ne plus me présenter, de quitter les affaires politiques.

Pendant un an, je suis resté silencieux. J’ai observé. J’ai écouté. Et après un an, je me suis rendu compte que mon silence pouvait être interprété comme une caution, comme un accord, pour toutes les raisons que vous venez d’évoquer. Alors, j’ai pensé qu’il me fallait rompre le silence. Il fallait dire ouvertement que je ne suis plus avec eux. Et les raisons sont multiples. Il faut tout un livre blanc pour dresser le procès des autorités actuelles. Un livre blanc et donc si vous me demandez de vous en parler, il en faudra plusieurs émissions. J’ai accordé une interview à un journal local qui s’appelle La Une qui est d’ailleurs le journal local du parti de Mba Obame. C’est sur deux pages, je m’explique un peu plus pour l’opinion nationale gabonaise. C’est pour cela que je vous dis que cela peut prendre deux pages. Il serait difficile de vous dire en deux mots les raisons profondes. Elles sont claires. C’est l’échec patent du régime actuel. C’est le risque que je peux percevoir d’une guerre civile.

A ce point ?

C’est ce que je ressens : les risques d’une guerre civile. Je crois qu’ils le savent. Je ne le souhaite pas pour mon pays, que nous sombrions dans un tel chaos. On a la Centrafrique, toute voisine. On sait ce qui s’est passé là bas. Personne ne peut souhaiter à son pays d’arriver à un tel degré de déliquescence. Il le sait et il s’y prépare. Je croire qu’il faut tirer la sonnette d’alarme. Sur le plan politique, c’est dramatique. Vous voyez, on a le s’intiment d’avoir à faire à quelqu’un qui n’aime pas son pays. Qui humilie son peuple et qui tente de renier l’œuvre de son père en cassant tout, en cassant physiquement tout. Les bâtiments, tout ce que son père a fait. Et en le disant à la télévision.

Comment est-ce qu’on peut expliquer ça ? Ne tente-t-il pas de laisser son empreinte, autrement dit ne tente-t-il pas de tuer le père pour pouvoir exister ou c’est tout simplement un problème d’incompétence ?

C’est les deux. Je pense que c’est les deux, mais je peux me tromper. La question devrait lui être posée. Ça c’est sur le plan politique. Sur le plan économique, nous assistons à une série de réalisations qui constituent et qui constitueront des éléphants blancs. Comment voulez vous que pendant que le peuple gabonais souffre, pendant que le peuple gabonais demande des logements, qu’il promet lui-même 5000 logements qui n’ont jamais vu le jour, il va construire une marina. Qu’est-ce qui va habiter dans cette Marina construite à coup de milliards ?

On est dans le Gabon des grandes ambitions.

Ah oui ! Construire des Marinas pendant que le peuple souffre, pendant que les problèmes d’éducation ne sont pas réglés, pendant que les problèmes de santé ne sont pas réglés. On construit des Marinas, on casse tout, même des hôpitaux, on construit des terrains de golf, on prépare des courses de bateaux, on amène des danseurs brésiliens,… Est-ce que vous croyez qu’il n’y a pas un peu de folie dans ce genre d’affaires ?

A vous écouter, on a l’impression que le Gabonais a quand même perdu quelque chose. Avec votre non-candidature à la dernière élection et quelque part, il y a une forte attente d’autant plus qu’on aimerait voir le combat des cadors, le combat de géants entre l’actuel président et vous, par exemple au second tour de l’élection.

Il n’y a pas de second aux élections au Gabon, dans la Constitution actuelle.

Le second round si vous voulez.

Je dois vous dire, et je l’ai déjà dis : je ne me déroberais pas cette fois-ci à mes responsabilités si je constate que le consensus va autour de mon nom. J’irais jusqu’au bout. J’irai jusqu’au bout de mes responsabilités. Je vous ai dis que j’essaie de consulter l’opposition et même de créer un front avec l’opposition, avec les leaders de l’opposition. Je consulte tout le monde pour voir si nous pouvons nous entendre sur une vision du Gabon, de l’avenir, un programme commun, une stratégie et une plateforme que nous pouvons soumettre aussi bien à l’opinion nationale gabonaise qu’à nos partenaires extérieurs pour leur dire que nous allons nous engager à faire du Gabon une démocratie véritable.

Voilà ! Tout ceci m’amène à vous dire de manière claire que je suis dans cette phase de consultations. J’ai déjà entrepris des contacts avec presque tout le monde. Mais, il y a encore lieu de consulter d’autres partenaires au Gabon, mais aussi mes partenaires étrangers (Union européenne, la France, les Etats-Unis), et d’autres encore.

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