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Flavien Enongoué, un intellectuel Ambassadeur à Paris: rencontre
Publié le dimanche 23 juillet 2017  |  Afrik.com
Flavien
© Autre presse par Dr
Flavien Enongoué, 46 ans, Maître-Assistant de Philosophie politique à l’Université Omar BONGO (UOB), vient d’être nommé aux fonctions d’Ambassadeur, Haut Représentant de la République Gabonaise en France, Représentant permanent du Gabon auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
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Flavien Enongoué, professeur de philosophie politique et de relations internationales entre autres, nommé ambassadeur du Gabon en France depuis le 27 févier 2017 rompt le silence, nous introduit dans les pratiques diplomatiques, avant de déboucher sur l’actualité un peu triste de la diaspora gabonaise de France. Entretien.

Flavien Enongoué : « La démocratie exige la sauvegarde de l’égale dignité des personnes et suppose la forclusion de la violence »

Le diplomate, par ailleurs représentant permanent du Gabon auprès de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et ancien conseiller d’Ali Bongo Ondimba, donne également des informations sur son rôle parfois mal compris par certains de ses compatriotes.

AFRIK.COM : Monsieur l’Ambassadeur, une préoccupation préjudicielle, si vous me le permettez : avez-vous le droit de répondre à mes questions ?

Flavien Enongoué :Il paraîtrait que non, si je me réfère à ce que j’ai ouï dire ou pu lire ici et là de la part de personnes sans doute respectables, exégètes autoproclamés de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques. A les entendre, les dispositions pertinentes de ce texte (article 13) me condamnent au silence absolu jusqu’à la présentation des lettres de créance au président de la République française. C’est ignorer que l’économie générale de l’article cité admet que l’étape précédente, celle de la présentation des copies figurées, est une obligation suffisante pour assurer l’essentiel des fonctions d’Ambassadeur, malgré quelques restrictions sur lesquels je reviendrai, si vous le souhaitez.

AFRIK.COM : Cette obligation préalable a-t-elle été satisfaite ?

Flavien Enongoué :Bien sûr que oui, depuis le 08 juin 2017, au terme de la visite de courtoisie que m’avait rendue à l’Ambassade, Monsieur Jérôme Cauchard, Chef-adjoint du protocole au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. A cette occasion, je lui ai remis les copies figurées des lettres de créance et de rappel de mon prédécesseur. Depuis lors, j’ai le droit de mener mes activités, notamment participer aux cérémonies officielles, comme récemment pour le défilé du 14 juillet à l’invitation du Président Emmanuel Macron. Il ne m’est pas autorisé de solliciter d’audience au Président de la République, au Premier Ministre, aux présidents des Assemblées. Tout comme il m’est requis « d’observer une attitude générale de réserve et de prudence ».

AFRIK.COM : D’où est alors venu le problème ?

Flavien Enongoué :La parfaite conjugaison de deux vices : l’ignorance et la passion. Cette polémique bien gabonaise me donne, en effet, l’occasion de faire une remarque qui s’adresse à la raison : les pratiques diplomatiques, tout en se conformant à la Convention de 1961, diffèrent selon les pays et évoluent avec le temps. Il y a encore quelques années en France, le nouvel Ambassadeur n’était pas autorisé à donner d’interview, encore moins animer une conférence de presse.

Aujourd’hui, c’est parfaitement admis. Et j’en animerai une le 17 août prochain, à la faveur de la célébration du 57e anniversaire de notre indépendance. C’est le vivant témoignage de ce que les pratiques diplomatiques obéissent à des processus complexes qui confirment, comme le souligne justement le philosophe-diplomate Jean François Raymond (cf "L’esprit de la diplomatie"), la nécessité d’un « renouvellement permanent » de l’activité. Raison pour laquelle il me plaît souvent de répéter à mes étudiants concernés par la matière, la nécessité de lire la Convention de 1961, et même celle de 1963 sur les relations consulaires, à la manière du fidèle averti séjournant lucidement dans la Bible, c’est-à-dire en ayant à l’esprit l’évolution de la pratique de la foi selon les impératifs du lieu et les pesanteurs du temps. L’accès au paradis ne lui sera pas pour autant refusé !

AFRIK.COM : Venons-en à l’examen des sujets d’actualité qui vous ont conduit à faire des sorties médiatiques remarquées, que d’aucuns vous ont justement reprochées. D’abord sur les incidents dont ont été l’objet le 24 juin à Paris Messieurs Edouard-Pierre Valentin et Crépin Gwodock, étiez-vous obligé de monter au créneau ?

Flavien Enongoué :Il était de mon droit de le faire, précisément dans l’exercice des fonctions consulaires qui m’incombent en tant que chef de mission diplomatique, en l’occurrence l’obligation de prêter secours et assistance aux ressortissants gabonais établis ou de passage en France et dans les autres pays de la juridiction.

Il me revient également de veiller à la protection de leurs intérêts, y compris de personnes morales. Les faits établissent que les deux compatriotes dont vous parlez étaient menacés dans leur intégrité physique et morale par un groupe d’autres compatriotes. D’où l’assistance judiciaire prêtée aux victimes de cette violence. L’Ambassade a agi également dans ce sens, récemment, en faveur de Monsieur et Madame Mboussou. C’est le lieu d’en appeler à l’apaisement dans la communauté et de rappeler que la démocratie exige la sauvegarde de l’égale dignité des personnes et suppose la forclusion de la violence, au sens où la démocratie permet aux individus et à la société de développer les mécanismes (disposition d’esprit au dialogue, à la tolérance) qui aident à se prémunir de la violence.

AFRIK.COM : Ensuite la plainte en France d’un ressortissant gabonais, ayant aussi la nationalité française, qui dit avoir subi, le 31 août 2016, des violences susceptibles de relever, notamment, du crime contre l’humanité. Pourquoi considérez-vous cette plainte comme une opération politique ?

Flavien Enongoué :Il ne faudrait pas installer de malentendu dans l’esprit de vos lecteurs : je ne conteste pas a priori la douleur qu’invoque ce compatriote. J’estime simplement, en parfaite synergie avec le communiqué publié par le gouvernement à ce sujet, que non seulement cette action judiciaire est inappropriée ici, mais surtout le fait pour le juge de retenir l’accusation de crime contre l’humanité répond à un impératif politique, car rien dans le droit français comme dans les faits survenus à Libreville ne le justifie.
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