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Cacao : Les producteurs inquiets de la chute des prix
Publié le lundi 29 mai 2017  |  Gabon Economie
Fève
© Autre presse par DR
Fève de cacao
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La situation remet au gout du jour la sempiternelle question de la transformation locale de cette matière première.

Tout au long des dernières décennies, le marché du cacao a subi de nombreuses mutations. Les productions intensives de l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Ghana, et Nigeria) ont entraîné l’explosion du marché mondial au cours du 20e siècle et d’une manière accélérée dans les années 1990 (avec 60% des volumes mondiaux). La production devenait un véritable enjeu économique au niveau local, avec ses avantages et ses inconvénients.

Avec une décennie de hausse au début des années 2000, comme la plupart des matières premières, les pays producteurs ont connu l’embellie de la croissance économique. Cependant, et c’est le revers de la médaille, être trop dépendant d’une production unique, peut dans le cas d’une violente chute des prix, entraîner une forte déstabilisation dans le pays. C’est le cas aujourd’hui de la Côte d’Ivoire qui accuse une forte « cacao dépendance », avec les deux tiers des revenus nationaux provenant des plantations de fèves.

Les défis de la régulation

L’année dernière, la surproduction de cette région dépassait de loin l’appétit des amateurs de chocolat (américains et européens principalement) avec une augmentation de 15 % de la demande, ce qui représente 264 000 tonnes de substantiels surplus. Depuis mi 2016, les cours de l’or brun ont fortement chuté (-40%), ce qui a entraîné des mouvements sociaux de grande envergure. Résultat : le pays s’est trouvé bloqué par des grèves et mutineries.

San Pedro, le plus grand port mondial d’exportation de cacao, a été paralysé par des camions remplis de sacs de fèves non vendus. La Côte d’Ivoire a renoncé à l’application des droits sur les exportations. Ce renoncement lui fait perdre beaucoup de dividendes. Et les pertes fiscales ont commencé à se faire sentir. Avec des recettes nationales en forte baisse, le gouvernement ne pouvait plus assurer ses missions d’intérêt général telles les constructions d’écoles, de centres de santé et la fourniture en eau potable. L’Etat ivoirien a dû faire appel au FMI pour une avance permettant de débloquer une situation qui devenait périlleuse pour la stabilité du pays. Seule une remontée du prix du cacao pourrait redonner un réel espoir et un peu d’oxygène pour les finances ivoiriennes et permettre d’atteindre un taux de 7% à 8% de croissance nécessaire pour la modernisation.

Les limites de la gouvernance

Pour asseoir sa notoriété, la Côte d’Ivoire, le « pays aux 800 000 planteurs », avait même demandé le transfert du siège mondial de l’Organisation internationale du cacao de Londres à Abidjan mais la capitale africaine n’obtient pas les moyens financiers de réguler les flux de marchés et par conséquent la maîtrise de la volatilité des prix, néfaste aux économies concernées.

Les pays producteurs ne détiennent que 20% des stocks, contrairement aux pays consommateurs. Cette quantité marginale ne leur laisse que peu de marges de manœuvre pour influencer les cours de la fève brune. Il leur faudrait créer un cartel des pays producteurs, à l’image de l’OPEP, pour intensifier la régulation des flux sur ce marché. Si l’Afrique de l’Ouest fournit 70% de la production mondiale, elle ne la transforme que pour 20%. Intensifier davantage la transformation locale du cacao constitue le vrai challenge pour cette région du continent.
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