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Baisse des réserves de change : péril sur les programmes d’investissements en zone CEMAC
Publié le lundi 24 avril 2017  |  Gabon Economie
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La chute des ressources du compte d’opération logé au trésor français, couplée à celle de ces réserves, est venue compliquer une situation financière déjà contraignante dans un espace en proie à d’énormes difficultés économiques.

De 6 000 milliards FCFA en 2010 à 2000 milliards FCFA en 2016, les réserves de change de l’espace communautaire ont connu une érosion de 4 000 milliards FCFA en quatre ans. A cette situation, s’est adjuvée la baisse des ressources des Etats de la CEMAC dans le compte d’opérations extérieures logé au trésor français. De ce côté, la banque des Etats d’Afrique centrale annonce une diminution de 3288 en 2015, à 1 155 milliards FCFA en 2016. D’après les cabinets Mazars et KPMG qui ont réalisé l’audit pour le compte de l’institut d’émission monétaire, ceci est la conséquence du « non-respect par la BEAC, de la quotité minimale de centralisation des avoirs extérieurs nets sur le compte d’opérations fixée à 50% durant 11 décades sur un total de 36 décades tout au long de l’exercice 2016 ».

Au trésor français, les avoirs extérieurs nets du Gabon s’établissent à 106 milliards FCFA, tandis que ceux du Cameroun plafonnent à plus de 443 milliards FCFA ; la Beac dispose de 513 milliards FCFA. Le Congo, la Guinée équatoriale et la RCA ont respectivement 124,06 milliards FCFA, moins de 7,8 milliards FCFA, et 39,5 milliards FCFA. Le Tchad se situe au-dessus d’un peu plus de 63 milliards FCFA. Un économiste, consultant au Fonds monétaire international, indiquait en 2015 que les ressources du compte d’opérations, en hausse à cette époque-là, étaient sur le point de connaître un déclin sur les trois prochaines années, en raison de la baisse des cours du brut, la principale source de devises de l’espace communautaire.

Du coup, les programmes d’investissements engagés par ces différents pays ainsi que la consommation des budgets les Etats, vont connaître des baisses considérables. Car, pour un pays comme le Gabon, la chute des avoirs extérieurs nets constitue une épine dans la conduite des programmes d’infrastructures que doit mener le pays pour son développement. Ainsi par exemple, avec un équivalent de 106 milliards FCFA de devises au trésor français, indépendamment des autres réserves et avoirs dont il dispose dans d’autres banques en Occident et au-delà, le pays aura des difficultés à honorer son programme de construction des infrastructures du fait de la rareté des devises.

Pour ce qui concerne la zone CEMAC, les programmes d’investissements nécessitent d’importants moyens en termes de devises évalués à des dizaines de milliers de milliards de francs CFA, que garantit le commerce des matières premières notamment les hydrocarbures. Or, depuis bientôt trois ans, le comportement des sources de recettes que sont le pétrole, le bois ou encore les mines ne pousse pas à l’optimisme. Les cours du pétrole tardent à retrouver leur niveau de 2012-2013 dans un contexte de baisse de production des champs en activité. Le bois connaît une décote de son activité tandis que le manganèse amorce la période de reprise après une période morose.

Ce qui complique davantage la tâche des pays comme le Gabon, dont l’économie est encore rentière, nonobstant l’embryon de diversité mis en place par les autorités et dont certains résultats sont perceptibles. Les sommes à investir dans les projets d’investissements au Gabon sont si importantes que seuls les emprunts auprès d’institutions multilatérales et bilatérales ou les partenariats publics-privés peuvent garantir leur réalisation.

Car, si l’on prend les infrastructures routières, le logement, l’aménagement urbain, l’éducation, la santé et les autres secteurs que sont l’énergie et l’eau, il sera difficile au gouvernement d’assurer la faisabilité de ces différents programmes avec une corbeille de devises amaigrie par la baisse des recettes pétrolières et la production dans ce secteur.

Les emprunts pour cette année sont plafonnés à 100 milliards de FCFA sur le marché financier de la BEAC. Au vu de l’ampleur des chantiers à réaliser, l’on doit augmenter la taille du portefeuille des ressources budgétaires permettant d’exécuter les projets dans le pays. Seulement, bien que l’on doive multiplier les opérations de mobilisation des fonds ou de partenaires, l’on doit également disposer de sources de devises attrayantes et qui permettent aux créanciers du pays de prendre des risques sans hésiter. Le compte d’opérations étant la principale caisse qui garantit la convertibilité du franc FCFA face aux autres monnaies, sa situation actuelle constitue une inquiétude pour les Etats de l’espace communautaire.

En plus de la fragilité qui pèse désormais sur les programmes d’investissements, il reste que faire commerce avec l’Occident, sans disposer de devises permettant d’effectuer des importations de biens et services, peut grever la consommation locale. Dans un pays où les importations de denrées alimentaires engloutissent plus de 500 millions d’euros de devises par an, même si les fournisseurs sont d’origines diverses, il deviendra contraignant pour les opérateurs économiques d’acquérir davantage de devises dans l’optique d’importer des produits alimentaires. L’acquisition des devises se fera à un taux plus élevé que d’habitude pour satisfaire la demande nationale.

La baisse des avoirs au compte d’opérations et des réserves de changes des pays de la Cemac aura donc un impact tant au niveau des programmes d’investissement que de la consommation des ménages. Les pays comme le Gabon et bien d’autres de l’espace communautaire, disposant encore d’économies extraverties.
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