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Dialogue national : Les jeunes exigent leur présence à la phase politique
Publié le mardi 11 avril 2017  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
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Souhaitant prendre part à la phase politique du dialogue convoqué par Ali Bongo, les acteurs du Front uni des jeunes de l’opposition (Fujo), associés pour l’occasion aux jeunes de la diaspora et ceux soutenant Ali Bongo ont appelé, le samedi 8 avril, les organisateurs à intégrer la jeunesse dans cette phase cruciale de l’évènement, ne serait-ce qu’en qualité d’observateur. L’un des membres influents du Fujo, Pacceli Bikoro, explique dans cette interview les raisons de cette démarche.

Gabonreview : Vous avez participé cette semaine au dialogue citoyen, pourquoi voulez-vous maintenant participer à la phase politique ?

Pacceli Bikoro : Bien merci ! Nous estimons qu’au cours de ce dialogue il va être question de l’avenir des jeunes. C’est l’avenir des jeunes qui va être sur la table. Nous faisons nôtre cette assertion de Nelson Mandela qui dit que « tout ce qui est fait pour nous sans nous est fait contre nous. » Certes, nous avons pris part à la phase citoyenne qui était la phase de recommandations, mais nous pensons que le plus important à ce dialogue c’est la phase politique. C’est au cours de celle-ci que vont être entérinées toutes les recommandations qui auraient été faites ici et là. Nous estimons qu’en notre qualité d’acteurs politiques et de jeunes, il est important que nous puissions, ne serait-ce que y assister en qualité d’observateurs pour nous assurer que nos recommandations ont été fidèlement retransmises et quelles sont prises en considérations.

© Gabonreview

Si vous estimez que vous êtes des acteurs politiques, pourquoi ne vous êtes-vous pas inscrits dans cette catégorie ?

Nous avons essayé de le faire, nous avons cogné à toutes les portes. Nous avons essuyé une fin de non-recevoir parce que ceux qui sont responsables de mettre en mouvement ce dialogue politique, estiment que la phase politique ne devrait concerner que les partis politiques. Nous nous posons une question : les partis politiques, de quels partis politiques ? On nous parle d’une centaine de partis politiques. Et pourtant, ce que nous savons c’est que la plupart de ces partis politiques tiennent dans des mallettes, dans des valises. Ils ne sont pas légitimes. Nous avons joué un rôle fondamental à l’élection de 2016. Au cours de notre déclaration de ce jour, vous avez le Front uni des jeunes de l’opposition, où militent les figures emblématiques des jeunes qui ont été les fers de lance de la campagne de jean Ping. Vous avez également la voix du Mapane qui était représenté par le général du Mapane. On avait également la diaspora qui a fait le déplacement, celle de France et des Etats unis, représentée au cours de cette déclaration par Célestin Ella Ollomo.

Vous imaginez des gens qui font des milliers de kilomètres pour venir assister à un dialogue et on leur explique qu’ils ne peuvent pas prendre part à la phase politique. Quand on dit dialogue, on dit dialogue politique. Vous conviendrez avec nous que tout se jouera à cette phase politique, et nous nous considérons à notre niveau comme des acteurs politiques.

Si vous avez pris une part active à la présidentielle, il y a d’autres personnes non identifiées l’ont également fait. Peuvent-elles revendiquer la participation à la phase politique.

Le problème que nous posons, c’est un problème de légitimité. Nous disons ceci au niveau du Fujo qui est une plateforme de mouvements associatifs qui ont participé à la campagne de Jean Ping, de même que les leaders des Universités du Gabon. Moi qui vous parle, je suis Pacceli Bikoro, le géniteur du concept ‘’Jean Ping c’est dosé’’ et aujourd’hui personne ne peut me dire que ce concept ou ce slogan n’a pas influencé de façon considérable cette campagne. Nous nous estimons suffisamment légitimes parce que Ping n’aurait pas été ce qu’il est aujourd’hui si nous n’avions pas été là. Nous avons joué un rôle de premier plan. Nous avons été avec Ping quand personne n’y croyait, quand on faisait les causeries de 10, 15 personnes. Donc quand il va s’agir de régler la crise issue de cette élection, même si la personne de Ping lui-même n’est pas là, il y a quand même autour de Ping des gens qui ont joué un rôle fondamental, et qui prennent part au dialogue. Il est quand même important que ces personnes aient une certaine considération.

Pourquoi ne pas fusionner la jeunesse de l’opposition et celle du pouvoir pour avoir une plateforme cohérente pour peser sur ces pourparlers ?

Vous faites bien de poser la question. Je tiens quand même à rectifier quelque chose : nous n’avons pas traversé. Nous sommes le Fujo, nous restons dans l’opposition. Seulement, nous réclamons une opposition décomplexée. Lorsque Jean Ping est arrivé dans l’opposition, nous nous y étions déjà. Ce soutien à Jean Ping, ça a été un soutien de circonstance. Nous estimons aujourd’hui que les Gabonais ont d’autres problèmes. Ils veulent se loger, se nourrir, avoir de l’emploi, se soigner, envoyer leurs enfants à l’école. Pas la peine de passer autant de temps pour parler de l’élection présidentielle 2016. Ceci pour dire que notre démarche est une démarche de vérité et de réconciliation. Nous estimons que nous sommes des africains, et dans nos cultures, il est de coutume lorsqu’il y a un conflit que les uns et les autres se retrouvent au corps de garde pour régler les problèmes. C’est pour cela que nous avons pris part à ce dialogue politique. Mais nous sommes et restons dans l’opposition. Ping n’incarne pas l’opposition, car dans l’opposition il y a plusieurs leaders. Nous l’avons soutenu, joué notre partition, c’est une bonne chose. Mais, il nous a trouvés là, nous continuons notre bonhomme de chemin au sein de l’opposition.

Pourquoi sollicitez-vous de la part des organisateurs d’assister à la phase politique en qualité d’observateurs? Comment pensez-vous pouvoir peser sur les décisions de l’évènement en tant d’observateurs ?

Nous sommes respectueux des traditions. Et en tant que jeunes Africains, nous n’allons pas d’entrée de jeu bouleverser l’ordre établi. Nous savons que nous avons des anciens. Même dans nos villages lorsque nos grands parents tenaient des réunions, on assistait mais on ne parlait pas. En réalité, cela vise un double objectif. D’abord c’est une école. Cela nous permet d’apprendre, de savoir comment les choses se passent réellement. Parce que c’est un dialogue qui est proposé, peut-être que dans un an, deux ans, dix ans, moi, je serai dans la quarantaine dans dix ans, ce sera nous les acteurs de ce dialogue. Mais comment seront nous acteurs si on n’a jamais assisté à la vraie phase du déroulement d’un dialogue ? Donc, on veut observer, d’abord pour apprendre, et pour s’assurer que les recommandations seront bel et bien prises en compte. Ça nous permet également d’apprécier au cours des débats, la moralité des acteurs politiques du Gabon pendant les débats.

Ce n’est pas une approche pour se faire remarquer par le pouvoir ou simplement une question de per diem ?

Vous faites bien de poser cette question, parce qu’elle revient assez souvent. Lorsque nous avons pris part à la phase citoyenne, personne de nous ne savait qu’il y aurait des per diem ou pas, et quel serait le montant prévu. Cette une approche simpliste et c’est justement notre combat. Nous voulons nous émanciper de ces considérations qu’on a de la jeunesse. Oui, nous sommes une jeunesse responsable, objective. Nous voulons jouer notre partition dans l’édification de notre Gabon. Pour paraphraser Grégory Ngwa Mintsa : «personne ne viendra faire le Gabon à notre place». Omar Bongo disait : « Gabonais nous sommes, Gabonais nous resterons. » J’estime que je suis né Gabonais, de père et de mère Gabonais, et pour rien au monde je ne laisserai ce pays bruler. C’est également la philosophie de mes amis du Fujo, de la diaspora, qui ont pris part à la déclaration de ce soir et de pas mal de jeunes.

En qualité d’observateur, combien places voulez-vous pour assister à cette phase politique ?

Je pense que le ministère de l’Intérieur, s’il fait bien son travail, est suffisamment renseigné sur les organisations politiques de jeunes qui ont pignon sur rue au Gabon. Je ne vais pas donner le nombre ici. Et je vous disais qu’au cours de la déclaration il y avait le fujo qui est une plateforme, c’est d’ailleurs la plus en vue actuellement. Nous regroupons aujourd’hui 33 associations dans la plateforme du Fujo. Nous avons des leaders des Universités du Gabon, quelques membres de la société civile. Nous estimons que nous sommes suffisamment légitimes parce que nous avons fait nos preuves pour prendre part à cette grand-messe.

Nous demandons simplement que ce qui s’applique aux partis politiques s’applique à nous dans une moindre mesure. Nous ne savons pas à combien seront représentés les partis politiques. Si par exemple il y a quatre représentants par parti politique, qu’on nous accorde deux représentants par mouvement suffisamment bien représenté.

Concrètement qu’avez-vous apporté en tant qu’acteur dans la phase citoyenne ?

J’ai participé à ce dialogue en qualité de membre fondateur du Fujo. J’ai donc pris la parole au nom du Fujo. Alors nous avons posé un diagnostic de la situation actuelle puisque nous avons décidé de participer au panel 4 sur la consolidation de la paix, de la cohésion sociale. Nous avons formulé un certain nombre de recommandations parmi lesquelles, je vais citer pêle-mêle, la libération sans conditions des prisonniers politiques issus de la dernière crise post-électorale. Nous avons également recommandé l’indemnisation des familles des victimes de la récente crise post-électorale. Nous avons demandé l’amnistie pour tous les exilés politique de cette crise post-électorale qui sont poursuivis, pour certains pour des délits de droits commun ou d’opinion. Nous avons proposé la suppression du poste de médiateur de la République au profit d’un Haut conseil de la paix qui lui sera mieux organisé avec un champ beaucoup plus élargi pour pouvoir régler un certain nombre de problèmes qui pourraient menacer la stabilité de notre pays.

Entre autres recommandations, nous avons demandé à ce que les 807 enseignants qui ont récemment été privés de leur solde, que cette solde leur soit rétablie. Et que ceux qui ont été radiés des effectifs de la Fonction publique soient rétablis dans leur droit.

Nous avons démontré que les jeunes au Gabon se sentent marginalisés, même dans la gestion de la chose publique. Par exemple, on conçoit au Gabon qu’à 18 ans on est suffisamment mature pour choisir un candidat à une élection, qu’on est suffisamment apte à 21 ans à obtenir la majorité civile, mais qu’on doit attendre 35 ans avant d’entrer au Gouvernement. Nous trouvons cette disposition injuste. Nous avons donc proposé que l’âge d’entrer au Gouvernement soit ramené à 27 ans au lieu de 35 ans et l’éligibilité à une élection présidentielle soit ramenée à 32 ans. Omar Bongo, il me semble, est devenu président à 32 ans. Pourquoi nous aujourd’hui on doit attendre 40 ans ou plus pour pouvoir aspirer à cette haute fonction ?

Propos recueillis par Alain Mouanda
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